"La seule vie qui vaut la peine d'être vécue, c'est une vie qu'on a peur de perdre."

dimanche 22 octobre 2017

C'est reparti! On entame cette nouvelle série de chroniques avec l'un de mes premiers coups de cœur en fantasy depuis un bon moment. Ça s'appelle Shades of Magic, c'est écrit par V.E.Schwab et c'est publié en français chez Lumen. Mais de quoi ça parle donc?

Kell est le dernier des magiciens de sang, des sorciers capables de voyager d'un monde à l'autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l'âme. Le nôtre est gris, sans magie d'aucune sorte. Celui de Kell, rouge – on y respire le merveilleux à chaque bouffée d'air. Le troisième est blanc : là, les sortilèges se font si rares qu'on s'y tranche la gorge pour une simple incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui l'a envahi quand la magie a dévoré tout ce qui s'y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui. Depuis cette contagion, il est interdit de transporter le moindre objet entre les univers. C'est malgré tout ce que Kell va prendre le risque de faire ; mais à force de jouer avec le feu, il finit par commettre l'irréparable : il emporte jusque dans le Londres gris une pierre noire comme la nuit, qu'une jeune fille du nom de Lila décide de lui subtiliser. Pour elle comme pour lui – pour leurs deux mondes, à vrai dire – le compte à rebours est lancé.

J'attendais avec une impatience mal contenue la sortie du premier tome de cette trilogie en français, car j'en avais entendu énormément de bien sur la sphère booktube anglophone. Alors dès qu'il est sorti, il y a quelques semaines, j'ai plongé le nez dans ce pavé de 500 pages.

Des pages qui se tournent...!

mercredi 18 octobre 2017

L'année avance doucement, on voit arriver les premiers frissons, les premiers chocolats chauds, les premières soirées à lire sous un plaid... L'automne est ma période de douceur préférée, celle qui annonce les éclats de l'hiver, le givre, les lumières, la chaleur de ceux qu'on aime, comme une grande répétition avant la magie des instants partagés...! Et en ce qui me concerne, cet automne, je clos des moments de ma vie pour accueillir l'avenir à bras ouverts.

Ceux qui ont suivi mes pérégrinations sur Instagram savent que je tentais difficilement de terminer un Master commencé en 2013 : je l'ai eu. Je ne réalise toujours pas que j'ai enfin terminé ce chapitre de ma vie, couronné de succès. J'ai ce fichu Master. Un Master presque inutile désormais, mais Master quand même. Avoir pu certifier de façon officielle et universitaire mes connaissances en littérature de jeunesse, pour participer à sa promotion et à la défendre face aux sceptiques, c'est un bel accomplissement pour moi dont je resterai fière.

Et puis je viens enfin de signer un CDI, dans une autre grande surface culturelle, après plus de deux ans de chômage entrecoupé de papillonnage dans quelques librairies. C'est dans un tout nouveau magasin qui ouvre bientôt, et je frémis d'impatience de faire naître tout un rayon qui, je l'espère, plaira à mes futurs clients. Chaque jour depuis plus d'un mois, j'ouvre, vide et remplis des cartons de livres que je n'ai qu'une hâte, mettre en rayon et faire découvrir au plus grand nombre. J'espère faire un petit bout de chemin dans ce nouvel environnement, et je trépigne de recommencer ce que j'aime faire le plus au monde : mettre dans les mains des petits et grands lecteurs des livres qui leur parleront.

Alors évidemment, dans cette période de nouvelles pages à écrire, j'ai un peu délaissé les pages à lire. Mais ça revient tout doucement, et très (très) vite, vous reverrez surgir de nouvelles chroniques de nouvelles vidéos et de nouvelles surprises. Si vous êtes toujours là après 5 (!) années de blog, vous devez savoir que les périodes de silence sont généralement suivies de moments de bouillonnements. Alors restez encore un peu, je reviens vite!

"Peut-être certaines ont-elles disparu avant même d'être découvertes."

jeudi 3 août 2017

Je vous avais présenté il y a deux ans de cela les très chouettes éditions des éléphants et parmi les livres cités dans mon article, il y avait le Microbscopique de Nicola Davies et Emily Sutton. Les deux autrices ont récidivé et voici le merveilleux Tous.

Il y a tant et tant d’espèces sur Terre que l’on n’est pas encore parvenu à toutes les compter. Des plus grandes comme l’éléphant aux plus petites comme les microbes, dans les déserts les plus arides ou dans les mers les plus froides, cachées ou se dévoilant de toute leur beauté, chacune a sa place dans ce monde grand, beau et sauvage. Mais ce bel équilibre est menacé…

Nous revoilà devant une petite merveille d'intelligence et de vulgarisation. Dans cet album, Nicola Davies relève le défi d'expliquer de façon accessible la biodiversité, portée par les illustrations colorées et grouillantes de détails d'Emily Sutton.

Ce livre, entre album et documentaire, nous propose de suivre une petite fille curieuse et passionnée au fil des pages, à comprendre la complexité des relations qui lient la nature, les plantes et les animaux, la fragilité d'un équilibre sans cesse mis à rude épreuve et surtout, l'impact destructeur des activités humaines sur ces chaînes délicates.

C'est le 1er, je balance tout! - juillet 2017

mercredi 2 août 2017


Alors, oui, nous sommes le 2, et oui, je n'ai pas tenu ce rendez-vous depuis le mois d'avril. I know, I'm sorry. J'ai eu un peu de mal à reprendre le rythme du travail, mais maintenant que c'est fait, que je suis fixée sur mon avenir et que je lis en masse, je suis de retour pour toujours! Si si! Et vous allez voir que la moisson du mois de juillet a été excellente.

Un petit rappel sur le principe de ce rendez-vous instauré par Lupiot du blog Allez vous faire lire! Toutes les explications super claires se trouvent ici!

Le principe? Il y a quatre trucs à balancer:
  1. Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois-dernier.
  2. Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier.
  3. Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier 
  4. Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier.
C'est parti!

"J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres."

vendredi 28 juillet 2017

Je pense que je vais parler de plus en plus souvent de livres pour les grands à l'avenir par ici : j'essaie de diversifier un maximum mes lectures, et il y en a des tas dont je voudrais vous parler! La première fois que j'ai entendu parler de La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt, c'était lors de mon tout premier stage en librairie ; Sylvie, la libraire, m'avait certifié que c'était un très joli roman. Je l'ai vu conseillé des nombreuses fois avant d'enfin sauter le pas, et j'ai même organisé une lecture commune sur Livraddict pour en parler avec d'autres lectrices... Voici donc le résultat!

"Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en a jamais rien su pendant toute notre vie commune."

Quand Jade, une jeune femme moderne, "enlève" sa grand-mère pour lui éviter la maison de retraite et fait habiter à Paris celle qui n'a jamais quitté la campagne, beaucoup de choses en sont bouleversées. A commencer par l'image que Jade avait de sa Mamoune, si bonne, si discrète...

Une histoire d'amour entre deux femmes, deux générations, au dénouement troublant.

Le récit alterne entre le point de vue de Jade, journaliste free-lance qui frôle la crise de la trentaine en stagnant dans sa vie parisienne, et Jeanne, alias Mamoune, une vieille femme qui a toujours vécu dans la montagne, a aussi peur de finir dans un mouroir que d'encombrer sa petite-fille adorée. Très vite, la cohabitation s'organise et les deux femmes vont apprendre à se découvrir en dehors de leur tendre lien familial : elles vont révéler des secrets, découvrir des habitudes et nouer de nouvelles relations, tout en prenant du recul sur leurs vies pour décider du chemin à prendre.

Le plus grand choc, pour Jade, est de découvrir que sa grand-mère, qu'elle imaginait simple et peu cultivée, a lu plus de romans qu'elle ne pourrait l'imaginer, et ce, dans le secret le plus total ; quant à Mamoune, elle s'émeut d'apprendre que sa petite fille s'essaie à l'écriture. Tout ceci est révélé très tôt dans le roman, ne vous en faites pas, je ne vous gâche aucune surprise!

Le rapport à l'écriture et à la lecture est donc un thème central du récit : le pouvoir des mots, la parole énoncée et le secret enfoui deviennent des sujets de réflexion sur lesquels l'autrice penche ses deux personnages. C'est dans leurs échanges et leurs monologues intérieurs que Jade et Jeanne vont trouver la paix et la conduite à suivre pour le restant de leurs jours. De ce point de vue là, ce roman est un petit trésor qui parlera à tous ceux et toutes celles qui ont un jour eu l'impression qu'un livre avait été écrit exclusivement pour eux. Une véritable ode à la lecture, qui ne donne qu'une envie, s'enfermer avec ses livres fétiches et les relire en dégustant les passages qui nous sont les plus chers.

C'est évidemment aussi un roman qui traite de la vieillesse et de l'invisibilisation des personnes âgées dans une société de plus en plus atteinte de jeunisme. Le choix somme toute naturel de prendre soin de ses aînés en les accueillant chez soi n'est plus la norme, c'est un fait, et l'on sent que Frédérique Deghelt nous interroge sur le bien-fondé de ce changement de société. Elle n'y apporte aucune réponse, mais se permet de nous donner une belle gifle histoire de nous réveiller. Ceux qui ont lu le roman verront de quoi je parle!

En résumé, un très joli roman à glisser dans sa bibliothèque si l'on aime les livres qui parlent de l'amour des livres, les discussions inter-générationnelles et les histoires de femmes. 


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"Observe. Décris. Note. Analyse."

mercredi 26 juillet 2017

Je vous avais parlé de mon gros coup de cœur il y a trois ans maintenant dans cet article, et plus récemment dans cette vidéo, pour le roman Calpurnia de Jacqueline Kelly. J'ai vu, en 2015, qu'une suite était sortie aux Etats-Unis, et je croisais les doigts pour que l'école des loisirs le publie en France. Mon vœu a été exaucé, et je me suis replongée avec délice dans les aventures de cette jeune Texane du début du vingtième siècle, dans Calpurnia et Travis.

Le monde Calpurnia Tate ne dépasse pas les limites du comté de Caldwell. Mais, pour qui sait regarder avec étonnement et curiosité, il y a là mille choses à découvrir.

Son frère Travis rapporte à la maison un tatou, des geais bleus et un coyote - toutes sortes d'animaux sauvages qu'il veut apprivoiser en cachette. Et son grand-père initie Calpurnia aux mystères des sciences naturelles.

Un jour, un terrible ouragan ravage la côte du Texas, faisant de nombreux ans-abri. La famille de Calpurnia accueille sa cousine Aggie, et, surtout, un vétérinaire vient s'installer près de chez eux. Pour Calpurnia, c'est l'occasion rêvée de donner enfin corps à ses ambitions...

Mais on est en 1900, et il est parfois plus simple de changer de siècle que de mentalités.

S'il s'est fait attendre, ce roman est la suite directe des aventures du premier tome, où Calpurnia, alors âgée de 11 ans, se découvrait une passion pour les sciences naturelles, encouragée par son grand-père. Calpurnia a deux ans de plus et sa curiosité pour le monde qui l'entoure ne fait que grandir avec elle. Elle en veut plus toujours plus, et mène des expériences sous l’œil bienveillant de son grand-père passionnant. Ensemble, ils construisent un astrolabe, un baromètre, et mènent les premières dissections de la petite fille. Intriguée par le vivant et les phénomènes naturels, la jeune fille se révèle dotée d'un estomac solide, et elle s'extasie sur les petits organes des lombrics autant que devant la coïncidence qui a voulu qu'une étoile soit placée juste au-dessus du Pôle Nord. Son cadet, Travis, qui s'attache à tout un tas de bestioles, l'aidera dans son exploration du vivant et lui permettra de différencier l'attachement que l'on peut avoir pour un animal à l'intérêt scientifique qu'on peut lui porter. L'évolution des deux jeunes gens, parallèle et complémentaire, permet un joli renouvellement dans la narration.

Dans ce tome-ci, Calpurnia va également apprendre à cohabiter avec sa cousine Aggie, de quatre ans son aînée. La confrontation avec cette jeune fille qu'un ouragan a dépossédée de tous ses biens va remuer des non-dits dans la famille Tate ; Calpurnia va découvrir qu'aux yeux de ses parents, de ses frères, et de la société toute entière, elle est un humain de seconde zone, car elle est une fille. Moins d'argent de poche, peu de rêves accessibles et aucun avenir prestigieux en vue, l'amertume de l'adolescence ouvre les yeux de la jeune fille qui commence à se battre contre cette injustice. Son caractère se développe également, et l'on assiste avec fierté à l'éclosion d'une jeune femme combative, courageuse, audacieuse et pleine de répartie, ce qui ravit son aïeul et terrifie ses parents. Il n'y a qu'une façon dont Calpurnia pourra vivre la vie qu'elle souhaite: en la gagnant, en se battant, et au terme de ce second tome, on l'a très bien compris.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit, je ne sais pas si le changement de traducteur a changé quelque chose dans le ton du texte, mais au bout de trente pages j'avais retrouvé la grande maison perdue au bord de la rivière, les criquets, les lucioles, la chaleur et la famille nombreuse pleine de claquements de portes et de rebondissements. Ce roman est véritablement dans la lignée du premier, et se déguste avec la même lenteur paresseuse, nous ouvrant les yeux sur les petits miracles de la nature et nous poussant à regarder de plus près le monde qui nous entoure. 

Une suite à la hauteur, que je vous recommande chaudement. Plus qu'à croiser les doigts pour un troisième tome...!


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"Poot unk plonk?"

lundi 19 juin 2017

Allez zou on reprend les bonnes habitudes! Cela fait des mois que je voulais vous parler de ce merveilleux album : je profite d'un lundi de congé ensoleillé pour enfin essayer de lui rendre justice! Après le très bel album Chez nous dont je vous avais fait l'éloge en octobre dernier, je vous parle aujourd'hui de Koi ke bzzz? de Carson Ellis paru en France aux éditions Hélium.


Une petite pousse verte apparaît. Koi ke bzzz? se demandent deux demoiselles intriguées. La plante grandit encore, des petites bêtes se précipitent. La campagne bruit en langage insecte. Et si on construisait une cabane imprenable, tout en haut?

Koi ke bzzz? est un album où page après page nous retrouvons la même scène : une bûche, une bande d'ocre signifiant le sol, une petite pousse qui grandit au fil du récit. Mais le temps passe : la végétation sort de terre, les insectes sortent de leurs cachettes, la vie s’organise, une cabane se construit, un danger survient, et mille petits détails surprennent l’œil aguerri à chaque lecture.


Cet album d'une richesse inouïe explore donc d'abord plusieurs thématiques liées au temps qui passe: le cycle des saisons, la chaîne alimentaire, la patience, le jour et la nuit, les différentes vitesses auxquelles voyagent la coccinelle et la limace, la vie et la mort. Dans ce tableau permanent que nous proposent les doubles pages, on assiste à mille petites surprises : la sérénade mélancolique de la sauterelle, la naissance étrange du champignon, la petite maison nichée dans une bûche, l'éclosion d'un cocon.

Koi ke bzzz? est aussi un ouvrage sur l'entraide, la solidarité, le plaisir d'être ensemble et de se réjouir des belles choses en bonne compagnie. On a très envie de les rejoindre, toutes ces petites bêtes qui s'émerveillent de l'éclosion d'une fleur, comme présentées à un petit miracle! Le plaisir et le jeu sont au cœur de ce livre, dans une très jolie mise en scène d'un carpe diem entomologique : on nous rappelle que le temps passe et que la vie est courte, profitons-en pour construire des cabanes et jouer aux pirates!


Mais enfin, et surtout, Koi ke bzzz? est écrit entièrement en insectik, la langue des insectes! Les petits personnages de cet album s'expriment avec des mots tout en zzz et en tsss, faisant de la lecture à voix haute un véritable délice! Dans ce langage qui ressemble suffisamment au français pour être compris mais qui en est suffisamment éloigné pour déclencher des sourires, on nous plonge dans le quotidien d'un jardin bruissant de bourdonnements et zézaiements. La portée du texte devient universelle (même si les notes d'éditeur nous apprennent en fin d'ouvrage qu'il a fallu traduire l'insectik américain en insectik français - chapeau la traductrice!).

En résumé, cet album est un énorme coup de cœur, qui m'a encore surprise à la trentième lecture, celle que j'ai faite pour écrire cette chronique. Et je ne vous parle pas des illustrations de Carson Ellis, dans une palette délicieusement surannée où l'ocre et le vert dominent, avec de petits insectes délicieusement stylisés, un sens du détail terrible et de la poésie dans chaque brin d'herbe... Comment ça j'en fais trop?


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Un petit up en attendant!

jeudi 25 mai 2017

Il y a des moments dans la vie où les choses se bousculent un peu et vous devez prendre un peu de temps pour vous ajuster à un nouveau rythme de vie, de nouvelles personnes, de nouvelles opportunités. C'est un peu ce qui m'est arrivé ces dernières semaines, en plein début du challenge Avril en Albums - que j'ai lancé et si pitoyablement abandonné par la suite! 

Le fait est que j'ai repris le travail, pour un bon moment cette fois-ci (si tout va bien, au moins jusqu'à la fin de l'année!) et malgré mes quatre mois de glandouillage semi-productif, je n'ai pas réussi à anticiper convenablement cette nouvelle donnée dans ma vie : j'ai moins le temps de faire tout ce que je veux faire. Du coup, comme vous avez pu le constater, cela fait un bail qu'il n'y a pas eu de nouveau billet, encore moins de nouvelle vidéo. Je vous rassure : ça va bientôt changer!

Toujours à rythme irrégulier et aléatoire, je vais dès ce week-end tenter de reprendre du poil de la bête et revenir vous présenter de chouettes livres. D'autant que j'ai énormément lu ces dernières semaines, vous allez voir, y'a du boulot!

Donc voilà, un petit billet pour vous rassurer : je vais (très) bien, il fait beau, je reviens dans quelques jours! En attendant, n'hésitez pas à me partager vos derniers coups de cœur! :) Je vous laisse avec un petit dessin maison fait il y a quelques mois, censé me représenter en hyper stylisé... Bref, à très vite!


"Désolé, impossible, je suis en route pour Mars."

mercredi 5 avril 2017

J'adore le travail des éditions des éléphants, qui, notamment, importent en France des albums riches, intéressants et audacieux. Ici, je vais vous parler de l'album Le Noir de la Nuit, écrit par Chris Hadfield et illustré par The Fan Brothers.


Chris n'a qu'un rêve : devenir astronaute. Mais il y a un problème : il a une peur terrible du noir. Dans l'obscurité, des extraterrestres rôdent, inquiétants, menaçants. Impossible de passer une nuit sans réveiller papa ou maman. C'est terrible, cette peur de la nuit, quand on rêve d'explorer l'espace!


Heureusement, un événement extraordinaire va bouleverser la vie de Chris, et lui permettre de voir les choses différemment : nous sommes en 1969, et il voit avec tous ses voisins les premiers hommes marcher sur la lune. C'est alors qu'il remarque qu'il fait terriblement noir dans l'espace, et qu'il faudra qu'il réussisse à vaincre sa peur pour pouvoir accéder à ses rêves.


Le texte est rédigé par l'astronaute Chris Hadfield, qui a déjà fait le buzz avec sa reprise de Space Oddity de David Bowie en direct de la station spatiale internationale. J'adore la façon dont il transforme un album sur la peur du noir en chronique historique, comment le ton rassurant se mêle à un souvenir. C'est un album à double emploi : il rassure et enseigne, donne envie de s'intéresser à l'espace et à l'astronaute qui, petit, avait peur du noir.

Tout cela est merveilleusement bien servi par les illustrations des Fan Brothers, mêlant crayon et techniques digitales, rappelant l'ambiance de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak. Ils mettent en scène une nuit rassurante, sombre, certes, mais illuminée d'ors et de bleus, promesse de mille rêves fabuleux.

Un très joli album que je vous recommande fortement, surtout pour les amoureux de l'espace!




"C'est qui qui veut des petits bouts d'arc-en-ciel!"

lundi 3 avril 2017

Benoît Charlat est un prolifique auteur d'albums pour les tous-petits. A l'école des loisirs, il a publié pas moins d'une quarantaine d'ouvrages! Le petit dernier met en scène Dodo, un petit dauphin dynamique et super sympathique!


Dodo était déjà le héros de plusieurs petits albums. Celui-ci est le quatrième! Dodo est un petit dauphin qui a beaucoup d'imagination. A travers ses yeux, les nuages deviennent des créatures incroyables, l'attente pour le goûter est interminable et les arcs-en-ciel poussent dans le jardin. Dans Le bouquet d'arc-en-ciel, paru la semaine dernière, Dodo se sent l'âme généreuse. Il décide de distribuer de petits bouts de son arc-en-ciel à sa famille et à sa copine. Et si Papa et Maman sont ravis, il faut quelques secondes à son amie pour comprendre que c'est pour du semblant. Dès que ça fait tilt, c'est merveilleux : les deux enfants s'offrent des cadeaux extraordinaires dans un crescendo de rires et de joie.


J'ai une profonde sympathie pour ces albums cartonnés qui ont cette qualité d'être très faciles à lire à voix haute, avec des phrases et des expressions directement tirées de la vie réelle des enfants, avec ce ton d'émerveillement feint, de jeu et d'une petite maladresse qui rend la narration très réaliste. 

Ici Dodo, en partageant son arc-en-ciel imaginaire, partage surtout sa joie de vivre et son imagination. Il illumine le quotidien par des inventions farfelues et poétiques qui rendent la vie plus douce. Et j'ai trouvé ça très joli, d'autant que les pages s'enrichissent elles aussi de toutes les créations des enfants jusqu'à un feu d'artifice de couleurs!

Petit bonus, un Papa en tablier rose qui fait la cuisine et une Maman à lunettes, habillée de bleu, qui lit son journal dans son fauteuil. Ça ne fait pas de mal ;)


DDD - La collection "Le thé aux histoires"! #AvrilenAlbums

dimanche 2 avril 2017

J'ai eu le plaisir l'an dernier de passer une journée ensoleillée dans la ville de Metz, et au détour d'une flânerie dans la librairie Momie Metz j'ai découvert une collection d'albums qui mêlent habilement histoire, fiction et gourmandise... La jolie collection Le thé aux histoires, éditée aux éditions Feuilles de menthe!
Cette collection s'intéresse au folklore et au patrimoine culinaire de l'Est de la France : dans des albums colorés et illustrés de façon très moderne, les auteurs et illustrateurs reprennent des contes traditionnels lorrains et alsaciens, y intègrent des recettes typiques de ces régions, et cela donne un tout à la fois ludique et gourmand!

Cliquez sur les couvertures pour accéder aux fiches des livres!

Moi qui suis une gourmande compulsive, qui suis amoureuse de ma région natale de Flandre et qui ai grandi dans l'amour des contes régionaux et des histoires au coin du feu, j'ai eu un coup de foudre pour cette collection. Non seulement on y apprend des choses, mais on retrouve la patte typique du conte traditionnel, le mystère et le frisson, l'aventure et la certitude que tout sera bien qui finira bien.

En ce qui me concerne, j'ai acheté Madeleine & le dessert du roi Stanislas, écrit par Elise Fischer et Amélie Dufour ; je vous invite à découvrir avec moi cet album!


On y suit l'histoire de la jeune Madeleine, domestique au château de Commercy. Elle est douée pour la cuisine mais on la laisse rarement approcher des fourneaux! Un jour que Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, vient poser ses valises au château pour y passer le printemps, une catastrophe arrive en cuisine et elle se propose pour sauver le dessert du roi Stanislas : elle lui concocte une recette de son cru, de petites pâtisseries cuites dans des moules en forme de coquilles. C'est un succès!

Le charme de cet album réside dans l'univers qui y est dépeint : la vie de domestique au XVIIIème siècle dans une cour provinciale qui n'a rien à envier à Versailles, l'étiquette, l'architecture et les toilettes extravagantes des dames et messieurs. Si les sources narrant la création des madeleines sont variées, le parti pris d'en faire l'oeuvre d'une modeste domestique, dont les petites coquilles de pâtisseries deviendront connues dans toute la France, est très sympathique! 

Le petit plus? A la fin de l'album, vous retrouvez une partie documentaire, vous présentant le château de Commercy, le roi Stanislas, la vie à Versailles, la popularité de la pâtisserie Colombe à Commercy, la madeleine chez Proust et chez la marquise Carcano... Et même une délicieuse recette concoctée par une chef étoilée, Léa Linster!

Une collection qui mérite d'être soutenue! N'hésitez pas à jeter un coup d’œil à leur catalogue ;) Une série d'albums qui raviront autant les parents en quête d'histoires et de recettes, mais aussi les professeurs des écoles et les bibliothèques!

C'est le 1er, je balance tout! - avril 2017

samedi 1 avril 2017


Troisième mois consécutif que je tiens ce rendez-vous... Les miracles existent-ils? Et puis en plus, vous allez voir, y'a du très lourd! Celui rendez-vous a été lancé par Lupiot du site Allez vous faire lire ! Toutes les explications super claires se trouvent ici!

Le principe? Il y a quatre trucs à balancer:
  1. Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois-dernier.
  2. Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier.
  3. Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire).
  4. Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier.
Vous êtes prêts pour mon bilan de mars? Accrochez-vous à vos slips!

 Top & Flop 


J'ai lu 29 livres en mars. Oui. Vingt-neuf. XXIX. Twenty-nine. La faute au week-end à lire qui a eu lieu mi-mars et où j'ai dégommé ma pile à lire et les cadeaux reçus à mon anniversaire. Sur le mois, j'ai donc lu 10 romans, 1 roman première lecture, 12 bandes dessinées/comics/mangas, 5 albums et 1 essai. Je doute fortement de faire aussi bien dans les mois qui viennent, mais ça m'a fait beaucoup de bien! J'ai lu plein de choses très différentes, slalomé entre les styles et les genres, c'était rafraîchissant, j'ai fait le plein de bons mots et de belles images!

Je vais tenter de vous faire les tops et flops mais franchement si je pouvais je mettrais une bonne moitié de toutes ces lectures dans les tops. Pour de vrai!

#1: Beloved, Toni Morrisson

J'ai lu ce roman qui traînait depuis mon séjour en Ecosse dans ma PàL dans le cadre du Black History Month. Et j'ai eu le souffle coupé. J'attends toujours d'avoir réussi à m'en remettre avant de vous en parler, On y parle de Sethe, une esclave qui s'est libérée, de sa fille Denver et du fantôme d'une autre de ses filles qui hante leur maison. On est en plein dans l'Amérique de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, et on plonge dans ce qui a pu se faire de plus ignoble pour aller y chercher des lueurs d'humanité. Un roman indispensable dont je vous parlerai en détails très bientôt.


#2 : Le cœur des louves, Stéphane Servant

Oui, je sais. Je vous ai beaucoup, beaucoup parlé de Stéphane Servant ces derniers mois. J'ai même déjà rédigé une chronique sur ce roman que j'ai adoré du plus profond de mes tripes. Je l'ai lu suite à mon coup de foudre pour La Langue des Bêtes et j'avais même organisé une lecture commune sur Livraddict pour en parler avec d'autres lectrices. Je n'ai pas été déçue, allez lire ma chronique pour plus de détails!




#3 : A child of books, Oliver Jeffers & Sam Winston

Cet album m'a été offert par mon amie Mathilde pour mon anniversaire, et en V.O. s'il vous plaît, et il est merveilleux. Il parle du pouvoir des livres et des portes qu'ils ouvrent en nous. Je vous en parlerai plus en détails dans quelques jours dans le cadre du rendez-vous Avril en Albums!



...et le gros flop du mois?

J''en ai déjà parlé dans une chronique il y a quelques jours, aussi je ne reviendrai pas trop dessus, mais la lecture de George a été une lecture en demie-teinte. Attention, loin d'être un livre méga-naze, juste décevant sur certains points. N'hésitez pas à cliquer ici pour lire mon avis plus en détails!






 Les chroniques d'ailleurs 

J'en ai déjà parlé dans l'article dédié, mais j'ai beaucoup aimé l'article que Lupiot a consacré à George sur son blog Allez vous faire lire, il m'a beaucoup aidée à mettre des mots sur mes ressentis de lecture et à comprendre ce qui me dérangeait dans ce roman. Le blog tout entier et ses collaboratrices sont super pep's, j'adore tous les articles qui sortent depuis que je m'y suis abonnée, je vous le conseille si vous aimez faire travailler vos zygomatiques en plus d'apprendre des choses!

J'ai aussi beaucoup, beaucoup aimé la dernière vidéo de Sita sur les mangas et ce qu'on y voit une fois que l'on a avalé la pilule du féminisme. C'était très intéressant et encore une fois, elle a mis des mots sur un malaise que j'avais depuis un moment en lisant certains titres! Allez voir ça tout de suite!


J'ai enfin découvert le chouette blog Biblioqueer qui chronique des livres représentant des membres de la communauté LGBT, analysant ces bouquins et disant ce qui y est chouette ou non. Je n'ai pas encore approfondi mes lectures dessus et me suis contentée de flâner au fil des chroniques, mais je pense que ça va continuer à beaucoup me plaire!



 Les liens du mois! 

Ce mois-ci, contrairement au mois dernier, je n'ai pas fait beaucoup de découvertes virtuelles et me suis surtout contentée de découvrir toutes les chouettes choses découvertes en février. Mais je suis très heureuse de voir que la chaîne Youtube Crash Course, lancée et produite par les frères Hank et John Green il y a de cela plusieurs années, a commencé deux nouvelles séries. Le principe de cette chaîne est de faire des vidéos concises, claires et ludiques dans des matières ou autour de thèmes traités dans le secondaire. Ça paraît barbant comme ça, mais moi j'adore apprendre de nouvelles choses et si c'est aussi votre cas, foncez! J'avais déjà regardé les cours de littérature (tous), d'histoire du monde et de psychologie. En ce moment, la chouette petite équipe me régale avec les nouveaux Crash Course Mythology et Crash Course Sociology. Je vous mets les premiers épisodes!




 Ce que j'ai fait de mieux le mois dernier 

Le bel arc-en-ciel dans ce mois de mars, c'est que j'ai organisé mon anniversaire chez mes parents, à Dunkerque, et qu'une bonne partie de mes amis sont venus passer trois jours avec moi, à jouer à des jeux de société, à se raconter des histoires, à rire, à manger des bonnes choses et à faire carnaval dans les rues de Malo-les-Bains. C'était magique et hors du temps, j'ai réalisé à quel point je suis entourée de personnes passionnantes et passionnées, et j'ai eu le plaisir de voir des amitiés se nouer entre des gens qui ne se seraient pas connus sans moi. J'ai été pourrie-gâtée comme pas possible, mon instagram en a fait les frais pendant des jours!

J'ai aussi continué à expérimenter pour me remettre au dessin, et j'ai découvert le plaisir jouissif de peindre avec des encres à l'eau déjà toutes prêtes. Je m'éclate avec les couleurs flashy et les effets! Au moment où j'écris ces lignes j'ai plein d'idées pour de futures petites illustrations! N'hésitez pas à me suivre sur instagram ou à jeter un œil à mon Tumblr pour voir les résultats!

C'est tout pour moi ce mois-ci! Le mois d'avril commence sur les chapeaux de roue avec du soleil estival et Avril en Albums, je vais vous parler de plein de beaux livres, repassez dans quelques jours pour voir tout ça! Et vous, à quoi a ressemblé votre mois de mars? :)

"Ce genre de caprice était mignon quand tu avais trois ans."

vendredi 24 mars 2017

Il y a des sujets qu'il faut aborder, même avec les plus jeunes, et passer par un livre est souvent plus facile, tant pour l'adulte que pour l'enfant. Alors quand j'ai entendu parler de George, d'Alex Gino, l'histoire d'une petite fille de huit ans malencontreusement née dans un corps de garçon, je me suis dit qu'on faisait un pas en avant. Je vous livre mon avis en demie-teinte sur ce roman paru cette année à L'école des loisirs.

Beaucoup de gens aiment George. Maman est très fière de son petit garçon, elle pense qu'il deviendra "un jeune homme très bien". Scott aime beaucoup son "frérot". Et Kelly le tient pour son "meilleur ami". Mais George sait que les gens ne voient pas qui elle est vraiment. Car George en a la certitude, elle est une fille. Alors quand sa maîtresse propose de jouer une pièce de théâtre à l'école, George veut plus que tout interpréter le personnage de Charlotte. Elle sera parfaite, et les gens comprendront enfin qui elle est. Comment leur faire comprendre que c'est le rôle de sa vie ?

La question de la transsexualité reste trop anecdotique en littérature, et quasiment absente de la littérature jeunesse. Les quelques titres qui s'y frottent sont majoritairement destinés aux adolescents, aussi, voir naître un roman destinés aux 8-12 ans est un vrai progrès en soi. Et rien que pour ça, ce roman est nécessaire, car il reste unique en son genre. On y suit George dans ses dilemmes intérieurs, sa difficulté à trouver sa place, cette certitude qu'il est une fille qui le taraude et qu'il ne sait comment faire découvrir aux autres... La petite fille en lui souffre de ne pouvoir porter de jolies robes et de devoir fréquenter les toilettes pour garçons. Ce roman permet de s'identifier, de faire preuve d'empathie et de comprendre.

Mais il n'a malheureusement pour moi qu'une portée pédagogique : le style est pauvre, voire absent, on n'est pas transcendé par de jolies phrases, on n'a pas les larmes aux yeux, on ne sent pas son cœur battre un peu plus fort. C'est loin d'être un chef d'oeuvre en version française (et je doute que la v.o. soit bien meilleure).  Bon, encore une fois, c'est le message qui compte, n'est-ce pas? On a lu bien pire en littérature de jeunesse!

J'ai pourtant été dévastée par le chapelet de réflexions très sexistes qui parsèment le romans. Les filles sont délicates, douces, artistes et détestent les jeux vidéos violents, elles rêvent de bikinis, de maquillage et de robes qui tournent. Les garçons sont des bourrins insensibles qui usent plus facilement de leurs poings que de leurs cœurs, ils sont sales (mention spéciale au grand frère de George, un spécimen d'ado particulièrement cradingue), ils sont bêtes, ils préfèrent plus que tout mater les culottes des filles, quand ils ne sont pas simplement lâches et absents (comme le papa de George). 

Alors je m'interroge, j'essaie de comprendre. Peut-être que l'univers immédiat de George est ainsi pour que comprendre sa démarche soit plus facile, mais présenter sous un jour si négatif les clichés liés aux genres peut également avoir un effet dévastateur sur les enfants lecteurs. Peut-être que c'est si tranché parce qu'à huit ans, on est en plein dans l'âge pré-adolescent où l'on se définit par rapport à l'autre, on comprend les différences physiologiques entre filles et garçons, et que ce sont ces aspects-là qui sautent aux yeux du personnage principal. Et ces repères sont peut-être les seules ancres auxquelles peut se rattacher la jeune George pour se définir et se construire.

Quoiqu'il en soit, George a pour lui le mérite d'exister et j'espère que ce roman ouvrira la voie à toute une ribambelle de textes traitant de la transidentité pour les plus jeunes. Parce que la tolérance ne peut venir que de la connaissance et de l'empathie, c'est aux enfants qu'il faut d'abord s'adresser pour espérer changer l'avenir. Mais il reste pour moi une lecture en demie-teinte, avec le style trop pauvre et les raccourcis trop faciles. L'avez-vous lu? Qu'en avez-vous pensé?

Je vous mets le lien vers la chronique de Lupiot du blog Allez vous faire lire, qui a grandement inspiré la mienne et qui m'a aidée à mettre des mots sur mes ressentis de lecture!


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"Tous les hommes meurent libres et égaux en droit!"

lundi 20 mars 2017

"Les Pépix c'est la vie", "Sarbacane c'est de la balle", ça va, je vous serine suffisamment avec cette maison d'édition pour que vous sachiez que je l'adore. J'ai eu le plaisir de lire Rufus le fantôme de Chrysostome Gourio, paru dans la collection Pépix en février dernier. Un pur délice et pourtant.. J'y allais un peu à reculons!

Rufus est un fantôme. A l'école où il va, il y a des zombies, des vampires et des loups-garous. Si le papa de Rufus lui a dessiné un avenir tout tracé, notre fantôme, lui, à d'autres ambitions : il veut devenir LA MORT.
Oui, la faucheuse, en chair et en os (surtout en os). Un métier passionnant et plein d'avenir, mais pas toujours facile à exercer, ainsi que Rufus va l'apprendre : conditions stressantes, horaires à rallonge...
Et si tout ça devait mener à une grande GREVE DE LA MORT ?

J'avoue tout, quand j'ai commencé les premières pages de Rufus le fantôme, je me suis demandé à qui j'allais bien pouvoir vanter les mérites d'une histoire où un jeune fantôme et son ami zombie rêvent de tuer des gens.

Oui, oui, vous avez bien lu : Rufus et Octave sont deux créatures de la nuit qui vivent dans un cimetière et ils sont supers copains. Bon, Rufus, du haut de ses 536 ans, commence un peu sa crise d'ado et troque volontiers son linceul blanc pour une robe noire piquée de clous, et avec Octave qui a malencontreusement avalé sa propre langue, ils rencontrent la faucheuse locale, un mec sympathique et passionné par son métier, Melchior. En vrai artisan de la mort, il prend un soin particulier à mettre en scène la mort de ses victimes, à les accompagner dans cette étape cruciale de leurs vies et à remplir son quota de morts quotidiennes. Seulement voilà le problème : les grands patrons du siège de la mort, en Transylvanie, désirent un meilleur rendement et augmenter la productivité, quitte à multiplier les catastrophes naturelles et accidents de transports en commun. C'en est trop pour Melchior qui refuse cette déshumanisation de la mort et qui propose à ses collègues de se mettre en grève.

Et c'est là que la mayonnaise a commencé à monter : ce roman burlesque et fendard est un concentré de références au monde de la grève, des syndicats et de la lutte des travailleurs. A travers le prisme du fantastique et de l'horreur, l'auteur fait une critique acide des multinationales pour qui les travailleurs sont des chiffres, les produits des bénéfices à faire et le temps de l'argent. A coup de tracts, banderoles et slogans, Rufus et Octave s'attellent à soutenir le mouvement, car devenir la mort, c'est leur rêve, mais pas dans ces conditions. 

Et au-delà des références aux revendications ouvrières, on lit également des passages très engagés, défendant des valeurs d'écologie, de solidarité et d'ouverture d'esprit. Les petits "entre-chapitres", qui parsèment le roman de recettes de cuisine, bricolages et blagounettes, sont d'ailleurs de jolis morceaux de rigolade! C'est également un très chouette livre sur les conflits de génération qui opposent parents et enfants, et la difficulté de se comprendre quand on n'écoute pas assez attentivement.

Le style est truculent, plein de jeux de mots et d'humour noir, et voici un petit florilège de slogans pour vous mettre l'eau à la bouche (promis, je ne vous dévoile pas les meilleurs):

LA MORT N'EST PAS DE TOUT REPOS
SOUS LA PIERRE TOMBALE, LA PLAGE!
NE GAGNONS PAS NOTRE MORT AU SUAIRE DE NOTRE FRONT

Le texte est accompagné des illustration d'Églantine Ceulemans, dont la patte claire et pétillante correspond tout à fait à ce roman bizarre et rafraîchissant. Une jolie découverte, je suivrai son travail avec attention! 

Un super roman grâce auquel je me suis bidonnée toute seule dans mon canapé. Et je terminerai cette chronique par en citant ce cher zombie d'Octave:

"Hhééémaaagnnuttteuuuhhignaaa, groupooongnouhéégneummiiin..."


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