"Tous les hommes meurent libres et égaux en droit!"

lundi 20 mars 2017

"Les Pépix c'est la vie", "Sarbacane c'est de la balle", ça va, je vous serine suffisamment avec cette maison d'édition pour que vous sachiez que je l'adore. J'ai eu le plaisir de lire Rufus le fantôme de Chrysostome Gourio, paru dans la collection Pépix en février dernier. Un pur délice et pourtant.. J'y allais un peu à reculons!

Rufus est un fantôme. A l'école où il va, il y a des zombies, des vampires et des loups-garous. Si le papa de Rufus lui a dessiné un avenir tout tracé, notre fantôme, lui, à d'autres ambitions : il veut devenir LA MORT.
Oui, la faucheuse, en chair et en os (surtout en os). Un métier passionnant et plein d'avenir, mais pas toujours facile à exercer, ainsi que Rufus va l'apprendre : conditions stressantes, horaires à rallonge...
Et si tout ça devait mener à une grande GREVE DE LA MORT ?

J'avoue tout, quand j'ai commencé les premières pages de Rufus le fantôme, je me suis demandé à qui j'allais bien pouvoir vanter les mérites d'une histoire où un jeune fantôme et son ami zombie rêvent de tuer des gens.

Oui, oui, vous avez bien lu : Rufus et Octave sont deux créatures de la nuit qui vivent dans un cimetière et ils sont supers copains. Bon, Rufus, du haut de ses 536 ans, commence un peu sa crise d'ado et troque volontiers son linceul blanc pour une robe noire piquée de clous, et avec Octave qui a malencontreusement avalé sa propre langue, ils rencontrent la faucheuse locale, un mec sympathique et passionné par son métier, Melchior. En vrai artisan de la mort, il prend un soin particulier à mettre en scène la mort de ses victimes, à les accompagner dans cette étape cruciale de leurs vies et à remplir son quota de morts quotidiennes. Seulement voilà le problème : les grands patrons du siège de la mort, en Transylvanie, désirent un meilleur rendement et augmenter la productivité, quitte à multiplier les catastrophes naturelles et accidents de transports en commun. C'en est trop pour Melchior qui refuse cette déshumanisation de la mort et qui propose à ses collègues de se mettre en grève.

Et c'est là que la mayonnaise a commencé à monter : ce roman burlesque et fendard est un concentré de références au monde de la grève, des syndicats et de la lutte des travailleurs. A travers le prisme du fantastique et de l'horreur, l'auteur fait une critique acide des multinationales pour qui les travailleurs sont des chiffres, les produits des bénéfices à faire et le temps de l'argent. A coup de tracts, banderoles et slogans, Rufus et Octave s'attellent à soutenir le mouvement, car devenir la mort, c'est leur rêve, mais pas dans ces conditions. 

Et au-delà des références aux revendications ouvrières, on lit également des passages très engagés, défendant des valeurs d'écologie, de solidarité et d'ouverture d'esprit. Les petits "entre-chapitres", qui parsèment le roman de recettes de cuisine, bricolages et blagounettes, sont d'ailleurs de jolis morceaux de rigolade! C'est également un très chouette livre sur les conflits de génération qui opposent parents et enfants, et la difficulté de se comprendre quand on n'écoute pas assez attentivement.

Le style est truculent, plein de jeux de mots et d'humour noir, et voici un petit florilège de slogans pour vous mettre l'eau à la bouche (promis, je ne vous dévoile pas les meilleurs):

LA MORT N'EST PAS DE TOUT REPOS
SOUS LA PIERRE TOMBALE, LA PLAGE!
NE GAGNONS PAS NOTRE MORT AU SUAIRE DE NOTRE FRONT

Le texte est accompagné des illustration d'Églantine Ceulemans, dont la patte claire et pétillante correspond tout à fait à ce roman bizarre et rafraîchissant. Une jolie découverte, je suivrai son travail avec attention! 

Un super roman grâce auquel je me suis bidonnée toute seule dans mon canapé. Et je terminerai cette chronique par en citant ce cher zombie d'Octave:

"Hhééémaaagnnuttteuuuhhignaaa, groupooongnouhéégneummiiin..."


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