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"It's not what you take, it's what you leave."

vendredi 4 mars 2016

Allez, c'est la veille de mon anniversaire et pour l'occasion, j'ai envie de vous parler d'un livre plein de chaleur et de joie de vivre. Quoi de mieux que le très joli All the bright places de Jennifer Niven, traduit en français chez Gallimard sous le titre de Tous nos jours parfaits et qui traite d'un sujet qui vend du rêve : le suicide chez les ados.

Promis, quand j'aurai soufflé mes bougies et que je serai un peu plus vieille et sage, j'arrêterais l'ironie. Peut-être. C'est parti.

Quand Violet et Finch se rencontrent, ils sont au bord du vide, en haut du clocher du lycée, décidés à en finir avec la vie. Finch est la "bête curieuse" de l'école. Il oscille entre les périodes d'accablement, dominées par des idées morbides et les phases "d'éveil" où il déborde d'énergie. De son côté, Violet avait tout pour elle. Mais neuf mois plus tôt, sa sœur adorée est morte dans un accident de voiture. La survivante a perdu pied, s'est isolée et s'est laissée submerger par la culpabilité. Pour Violet et Finch, c'est le début d'une histoire d'amour bouleversante: l'histoire d'une fille qui réapprend à vivre avec un garçon qui veut mourir.

Il m'a fallu un peu de temps pour vous parler de cette lecture et réussir à avoir un avis un peu plus objectif. Car la première chose qu'on peut dire de ce roman, c'est qu'il remue et interroge.

Deux adolescents que tout sépare - leurs classes sociales, leurs cellules familiales, leurs histoires, leurs popularités au lycée - se découvrent, par pure coïncidence, un macabre point commun : celui de vouloir mourir. 

Violet porte sur ses épaules le poids de la culpabilité : elle est persuadée que c'est de sa faute si sa sœur aînée s'est tuée en voiture. Elle a du coup pris beaucoup de recul sur ses amis superficiels, sa vie de rêve et l'importance de l'école. Son existence n'a plus de sens. Rien n'a d'importance. Ses parents, dévastés par la mort de leur fille mais tout aussi inquiets de voir la seconde s'effacer, s'inquiètent pour elle et ne désirent qu'une chose, la voir revenir à la vie.

Finch, de son côté, oscille entre des phases "d'éveil" où il embrasse la vie avec folie et gourmandise, et d'autres phases où il "s'endort" et s'enferme dans un silence noir, rempli d'idées macabres, apprenant par cœur des statistiques et des citations sur la mort et le suicide. Sa famille est en pièces : son père est parti depuis longtemps pour vivre avec une autre femme, sa mère est transparente et n'est jamais à la maison, sa sœur aînée vit sa vie et sa petite sœur commence à montrer des signes d'obsessions étranges, elle aussi. C'est chacun pour soi dans cette fratrie hantée par les épisodes de violence et de cruauté vécues lorsque leur père était à la maison. Tout le monde sait que quelque chose cloche avec Finch, mais personne n'en parle ou décide de faire quoi que ce soit.

Les deux jeunes gens se retrouvent ensemble à faire un projet de géographie : celui d'écumer l'Indiana pour y faire des reportages sur des endroits insolites, importants ou historiques. C'est le début d'une grande chasse au trésor où les adolescents, loin de chercher à réussir leur devoir, vont surtout chercher à se comprendre et à trouver leur place dans ce monde vaste et dénué de sens. L'âme artiste et fantasque de Finch entraîne Violet dans des expériences inédites qui, peu à peu, lui redonne goût à la vie. On retrouve des éléments très efficaces qui ont déjà fait leurs preuves dans Le monde de Charlie ou Nos étoiles contraires : des scènes où les adolescents, face à l'infini, expriment leurs doutes et leurs angoisses ; d'autres où le dialogue est merveilleusement profond et mélancolique ; d'autres encore où la joie d'être en vie finit par surpasser toutes les autres émotions. C'est beau, c'est grand, ça n'apporte pas de réponse mais ça pose les bonnes questions.

Jennifer Niven prend soudain le parti de gifler le lecteur et de jeter un grand froid soudain sur cette histoire d'amour jeune et frétillante. On pleure (un peu), on s'insurge, on se révolte face à l'absurdité de la chose. Mais ce roman ne se veut pas un conte de fées : c'est une mise en garde, un appel au secours, un coup de pied dans la fourmilière. On a envie de prendre les personnages et de les secouer, tous : le CPE du lycée, les profs, les parents, les soit-disant amis, et de leur mettre la tête à l'endroit. Mais faites quelque chose, crie le lecteur. Et personne ne fait rien.

Parler de sujets aussi pointus, complexes et sombres que la bipolarité, la dépression ou le suicide dans un roman aurait pu entraîner caricatures et généralités dangereuses. Mais non. Tous nos jours parfaits est un très bon livre coup de poing qu'il faut partager et faire lire. Ce n'est ni de la grande littérature, ni un mode d'emploi, mais c'est une mise en garde nécessaire et importante saupoudrée d'un peu d'espoir.


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Scottish books 2/2

jeudi 21 janvier 2016

Voilà la seconde partie de mon craquage de slip écossais lors de mon passage d'une heure et demie à la librairie Blackwell d'Edimbourg. Cette fois-ci, ce sont quatre ouvrages surprises, dont je n'avais jamais entendu parler et qui m'ont séduite.

Je me suis faite conseillée par le libraire du rayon jeunesse, à qui j'ai demandé de me présenter ses derniers coups de cœur. Les critères étaient les suivants : très bien écrits, récents (donc pas encore traduits) et variés (classés pour les enfants de 7 à 16 ans). Le charmant jeune homme qui était là s'est fait un plaisir et m'en a sorti une douzaine des étagères, je suis finalement repartis avec les trois titres suivants.





Island - Nicky Singer

Le jeune Cameron est obligé de passer plusieurs semaines avec sa chercheuse de mère sur une île au milieu de l'Arctique - île très verte sans un poil de neige. Loin de la civilisation et d'une prise de courant où charger son Ipod, il passe le temps à faire un petit reportage sur l'île. Au même moment, l'esprit de l'ours blanc se réveille et, accompagné de sa petite fille, vont tenter de faire comprendre au jeune blanc que c'est à lui de sauver leur petit monde. Un texte écologique et onirique que j'ai déjà commencé et qui me plaît beaucoup!




Binny for short - Hilary McKay

Dans une famille complètement explosée, sans le sou, où le papa vient de disparaître tragiquement, Binny, 11 ans, essaie de pousser malgré toutes les blessures qui subsistent parmi les siens. Jusqu'au jour où leur tante Violet disparaît à son tour en leur léguant une maison au bord de la plage. La petite famille, petit à petit, va se reconstruire et trouver le chemin pour surmonter leurs malheurs. Le libraire m'a assuré que malgré le thème, c'était très, très drôle et qu'il prévoyait d'organiser un book club avec ses jeunes lecteurs autour de ce livre. Son enthousiasme et la façon dont il caressait la couverture du livre m'ont convaincue!









Tinder - Sally Gardner

Bon là, je vous avoue, j'ai craqué pour le style. Ce roman illustré est une réécriture d'un conte d'Andersen (chut, je sais, j'ai une obsession, j'essaie de me soigner) et le graphisme m'a tellement fait penser à Through the woods que j'avais adoré que je l'ai pris sans réfléchir plus que cela!








Enfin, ce dernier bouquin, c'est mon petit plaisir supplémentaire, celui de farfouiller dans une librairie à la recherche d'un titre inconnu qui va me sauter aux yeux et me donner envie de découvrir. C'est de la littérature pour les grands, et vous allez voir, j'ai bien fait de craquer!




The looking glass house - Vanessa Tait

Ce roman raconte la rencontre de Charles Dodgson, plus connu sous le nom de Lewis Carroll, avec la petite Alice qui lui a inspirée ses aventures farfelues, le tout du point de vue de la gouvernante de la petite fille. Est-ce la couverture qui rappelle Le cirque des rêves, le thème de l'origine d'un conte ou encore le fait que l'auteure soit l'arrière-petite fille de la célèbre Alice en question, quoiqu'il en soit ce bouquin a rejoint mon panier dès que mes yeux se sont posés dessus. Je sens que je vais adorer.






Il faudra aussi que je vous montre toutes les belles choses que j'ai reçues à Noël, mais on va reprendre les chroniques d'abord! J'espère que découvrir ces quatre titres vous a donné envie d'en savoir plus ;)

"London was a template of childhood reading."

vendredi 20 février 2015

Je ne sais toujours pas mettre le doigt dessus, mais il y a quelque chose dans les livres de Gregory Maguire qui me fascine. Je suis toujours happée par ses livres, je les termine à cinq heures du matin alors que je me lève à sept heures, et une fois le bouquin terminé, j'ai beaucoup de mal à dire ce qui m'a plu. Mais une fois de plus, je vais essayer! Voilà Lost, de Gregory Maguire, qui a été publié en France sous le titre Les fantômes de Winnie (malheureusement uniquement disponible en occasion désormais).
Présentation : Écrivain pour la jeunesse, Winifred Rudge se rend à Londres dans la demeure de son cousin John, où elle a passé une partie de son enfance. Elle espère trouver là l'inspiration d'un nouveau roman, nourri du mythe de Jack l'Éventreur et de l'univers de Dickens, dont le personnage de Scrooge, le vieil avare du Conte de Noël, aurait pris pour modèle un de ses ancêtres.
Étonnée par l'absence de John - mais ce dernier ne la fuit-il pas pour une raison cachée ? -, Winnie s'installe chez lui, mais prend bientôt conscience d'étranges bruits provenant d'une ancienne cheminée condamnée. Une atmosphère de plus en plus pesante l'oppresse alors, d'autant qu'elle va se lier avec d'étranges personnages au gré de ses pérégrinations londoniennes : un médiéviste américain, spécialiste de sorcellerie, un voyant à l'accent germanique douteux, une vieille voisine à moitié folle qui ne cesse de perdre ses chats...
Lorsque la cheminée livrera enfin ses secrets, Winnie entamera un voyage fantastique à travers le temps, à la rencontre d'une âme en peine en qui elle trouvera un écho à ses propres blessures...
Un mystère surnaturel, à Londres, avec des références à des tas d'écrits britanniques qui ont bercé l'enfance d'une grande partie d'entre nous : ce roman avait tout pour me séduire. Il m'attendait sagement sur l'une de mes étagères depuis pas moins de six ans, et le jeu en valait la chandelle. Contrairement à Wicked (dont je vous avais parlé ici), Maguire a fait le choix de situer cette réécriture au tout début du vingt-et-unième siècle. L'héroïne est une femme d'âge mûr, un peu antipathique, complètement paumée, qui tente, suite à un drame dont on ignore d'abord tout, de se reconstruire et de reprendre le contrôle de sa vie. On est loin des univers fantastiques du royaume d'Oz, ici, c'est la vraie vie qui est polluée par l'imaginaire.

La première partie du roman nous pose les bases de la trame, et c'est avec parcimonie que l'auteur distille de petites informations sur le passé de Winnie, sa relation aux hommes, à son travail et aux enfants. Lorsque du conduit de la cheminée de la maison familiale s'élèvent des coups, c'est tout l'imaginaire des fantômes de Dickens qui remonte à l'esprit de Winnie. Et jusqu'au bout, le mystère tient bon : est-elle devenue folle, ou bien est-elle le témoin d'événements surnaturels?

Le doute est maintenu jusqu'au bout, et les nombreux rebondissements mettent le lecteur dans un brouillard épais. L'atmosphère s'alourdit, les non-dits se révèlent, et c'est dans une spirale angoissante, quasi-infernale, que l'on suit Winnie dans sa quête d'elle-même. La narration fait des va-et-vient entre le présent de Winnie et des morceaux du roman sur lequel elle travaille, créant une habile mise en abyme destinée à perdre le lecteur avant de tout lui révéler. 

Les personnages qui entourent Winnie apparaissent d'abord tous assez banals et presque caricaturaux, pour petit à petit se révéler comme des moteurs de l'action, ainsi que des vecteurs de salvation pour notre héroïne. De la petite-amie de John, pincée et jalouse, au compatriote américain curieux et instruit, en passant par l'improbable antiquaire-voyant, chacun se fait l'avatar des fantômes de Dickens pour mettre Winnie face à elle-même, à ses blessures et à ses angoisses.

Maguire nous livre un roman somme toute assez subtil sur la dépression et le traumatisme, qui montre que l'imagination peut à la fois être un abîme sans fonds dans lequel on peut perdre la raison tout comme un support pour se sauver soi-même. L'ambiance angoissante a tout du film d'épouvante, et vous procure d'exquis frissons lorsque, à trois heures du matin, vous interrompez votre lecture à cause d'un bruit suspect.

Un excellent roman psychologique sur fonds de récits classiques, Lost ravira les amateurs de littérature et d'intrigues rondement menées.
 
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