Bookaholic

lundi 20 octobre 2014

Remettons-nous dans le bain. Si j'ai été un peu discrète ces derniers mois, c'est donc que j'ai trouvé du boulot dans une grande surface culturelle pour remplacer un congé maternité. Je m'occupe du rayon jeunesse et je m'éclate et je vais y rester jusque fin novembre normalement! J'ai lu beaucoup - BEAUCOUP - de choses, je vais essayer de faire quelques critiques dans les semaines qui viennent, mais je me suis dit que j'allais commencer par vous montrer la liste impressionnante de  bouquins que j'ai achetés et que je n'ai, pour la plupart, pas encore lus... Let's get it on!



On commence avec le joli petit album Quand un éléphant tombe amoureux, de Davide Cali et Alice Lotti, paru aux éditions PassePartout. Une petite histoire fraîche, tendre et drôle où on suis les états d'âme d'un éléphant amoureux. J'ai été séduite par le dessin simple et efficace, la douceur du récit et les clins d'oeil drôles. Rien de révolutionnaire ici, mais les albums sont parmi les livres que je n'achète que lorsque j'ai un véritable coup de coeur.

J'ai ensuite lu deux mangas. Cela faisait un bail que je n'en avais pas lus, aussi j'ai eu une petite pulsion. Le premier, Bride Stories de Kaoru Mori, m'a été conseillé par ma copine Agatha. J'ai tout de suite été séduite par la délicatesse du dessin fourmillant de détails (rien qu'à m'imaginer dessiner autant de broderies sur chaque tenue me donne le tournis). Le récit est très agréable, on ne nous dit que l'essentiel, le reste étant porté par le dessin, c'est beau et profond, je me régale à chaque tome. Je compte bientôt me procurer la suite, et enchaîner avec Emma, du même auteur!

J'ai par la suite lu les deux premiers tomes du Maître des livres de Umiharu Shinohara. J'ai été intriguée par le titre et lorsque j'ai vu que ça parlait des différents acteurs du livres et de la littérature de jeunesse, je me suis laissée séduire. Le principe : une bibliothèque privée entièrement dédiée à la littérature de jeunesse voit passer tout un tas de lecteurs, et le bibliothécaire, le taciturne Mikoshiba, leur conseille des livres qui leur ouvrent l'esprit, leur permettent de mieux comprendre leurs vies et de règlent leurs soucis. Il y a des clins d'oeil à des livres occidentaux comme à des romans japonais méconnus de notre côté du monde, et ça donne envie de lire plein de choses. Je regrette cependant le nombre de raccourcis pris, que ce soit dans les dialogues ou la narration, ce qui s'avère parfois un peu déroutant et trop rapide!

Je viens juste de terminer Les Maîtres Chanteurs d'Orson Scott Card. C'est ma copine Sarah qui me l'avait envoyé il y a de cela des mois, en me disant que c'était un livre qui donnait envie de lire plus de SF (l'une de mes grandes envies : m'y connaître un peu en SF, en fantasy et en policier, genres que je ne maîtrise pas du tout!). Si je l'ai lu d'une traite, je l'ai trouvé un peu long, mais certaines scènes, poignantes, m'ont beaucoup fait réfléchir et j'aime beaucoup cet univers où les puissants et les magouilleurs se retrouvent sans armes face à l'innocence, à l'amour et à la trahison. Je ferai sans doute une chronique spécifique dessus bientôt! Merci Sarah! :)

Voilà le bouquin que je lis en ce moment! Gardiens des Cités Perdues n'avait pas du tout de succès dans mon rayon, mais je n'en ai vu que des critiques très élogieuses sur la blogosphère : je me le suis donc procuré et suis arrivée à un tiers du roman. Comparé aux Maîtres Chanteurs, ici, le rythme est très rapide! En 100 pages, la vie de l'héroïne bascule radicalement, et c'est un peu perturbant pour le lecteur! Je viendrai vous en reparler dès que je l'aurai terminé!

Et maintenant, on passe aux nombreuses choses que je n'ai pas encore lues (ou presque)!

Des suites, des suites! C'est très difficile de suivre des sagas quand on lit autant de premiers tomes à tout va (j'en ai d'ailleurs un peu marre de la systématisation de la logique sérielle, j'en parlerai bientôt aussi), mais là j'ai vraiment hâte de m'y mettre! D'abord, le second tome du Manoir d'Evelyne Brisou-Pellen (je vous avais parlé du premier ici) et celui de Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs (dont je ne vous ai pas encore parlé). J'ai également acheté Mauve de Marie Desplechin, la suite directe de Verte et Pome, que j'ai lu d'une seule traite et que j'ai beaucoup aimé et dont je vous parlerai bientôt aaaaah.

J'avais le premier tome de Peter and the Starcatchers dans ma bibliothèque depuis des années (je ne l'ai toujours pas lu, doudida) mais quand je suis tombée, chez un bouquiniste, sur les deux premiers tomes en français, j'ai craqué! Ça me fait une bonne excuse pour enfin lire ce prequel commandé par Disney... Let's see!

J'ai également trouvé au rayon "occasions" d'une superbe librairie les jolis ouvrages suivants : Jonah - Les sentinelles de Taï-Marc Le Thanh, que je brûle de lire depuis des mois, et Western Girl d'Anne Percin, qui lui aussi me faisait de l'oeil depuis un moment. Je commence à me dire que la taille de ma pilalire atteint des hauteurs inimaginables... Et c'est pas fini.

Celui-là, c'est le seul livre de fantasy depuis des lustres qui m'a séduite sans que j'en entende parler ou qu'on me le conseille. J'ai juste vu que le dernier tome sorti a pour sous-titre Neverland, donc forcément, je me suis renseignée et pouf! Me voilà en possession du premier tome de la saga Autre-monde de Maxime Chattam. Wait and see!

Petits achats ponctuels : Les demoiselles des Hauts-Vents de Yaël Hassan (un roman inspiré par la vie des soeurs Brontë) et Les deux messieurs de Bruxelles d'Eric-Emmauel Schmitt. J'ai l'intuition que ces lectures seront fraîches et douces, je les garde pour un soir d'automne froid à boire du chocolat chaud à la cannelle.

J'ai entendu parler de Lastman toujours sur le blog de ma copine Sarah, et toujours dans mon optique de lire plus de mangas, j'ai craqué ce week-end. Lisez le billet de Sarah pour découvrir la série!

Anima de Wajdi Mouawad m'a été conseillé par ma copine Nay (lisez sa chronique ici), et je l'ai acheté car il répond à trois envies que j'ai: d'abord, lire quelque chose de lourd et de profond qui va beaucoup me faire réfléchir, voire me retourner ; ensuite, lire quelque chose issu de la littérature francophone du monde arabe ; enfin, lire quelque chose de très différent de toute la jeunesse dont je me suis abreuvée ces derniers mois. J'ai hâte - et peur - de m'y mettre!

Ma cousine Chloé, qui veut faire de l'illustration et de la BD et qui commence à bien s'y connaître, m'a prêté la version "journal" du Château des étoiles d'Alex Alice. Je pense le dévorer avant la fin de la semaine!

Je vais finir (!) cette longue (!) liste par deux types d'ouvrages dont je vous parle peu par ici, et on va commencer par de la non-fiction.

En tant que libraire et sortante d'un master recherche sur la littérature de jeunesse, je pense que c'est très important de continuer à se former à l'analyse des genres littéraires, à l'analyse des phénomènes commerciaux et culturels et à se forger sa propre opinion, afin de la défendre face aux éditeurs, voire aux clients. J'ai donc acheté ces deux ouvrages.

Post-humains, un recueil d'articles sous la direction d'Elaine Després et d'Hélène Machinal, qui traitent des frontières de l'humain dans tous les genres de l'imaginaire (surtout la SF). Du virtuel au réel, de l'éthique à la politique, ces articles universitaires englobent tous une vision du futur qui trahit les angoisses du présent. A mon niveau, je considère que lire ce type de livre à l'époque où la dystopie est à l'honneur est fondamental pour comprendre les rouages de cette mode et les peurs qu'elle suscite.

Les livres pour la jeunesse - entre édition et littérature de Bertrand Ferrier s'intéresse, lui, aux rouages qui font fonctionner le marché de la littérature jeunesse et se pose la question de ce qui fait la littérature (peut-on parler de littérature pour des livres de gommettes?). Je l'ai commencé et je trouve ce livre fascinant, totalement complémentaire avec la formation que j'ai reçue, et je pense que je vous en parlerai plus en détails très bientôt!

Des FANZINES! Il y a eu, en septembre dernier, le Festival Harajuku où je vais tous les ans depuis 2008 (avec mon propre fanzine Obscurus Presse) et c'est peut-être le seul festoche où je m'offre des fanzines! Cette année, la récolte fut de grande qualité:

Le sketchbook de Paris in vitro, un univers original développé par Miss Gizmo et Yris. C'est Agatha qui m'a fait découvrir leur travail et je compte bien peaufiner mes connaissances de ce monde grâce à leur sketchbook!

Ensuite, le second tome des Chroniques de Maindish, également un univers original traité sous forme de bande dessinée par Aube! J'apprécie énormément ce monde inspiré par les termes de cuisine, où la Cuisimagie est un art puissant, dangereux et très fun. Je vous conseille fortement d'aller faire un tour du côté du blog dédié à cet univers!

Enfin, un vrai coup de coeur pour le fanzine réalisé par le collectif Nocturne, intitulé Mystified. Cet artbook en couleurs regroupe des histoires, des bandes dessinées, des illustrations, des croquis, des tutos autour des légendes nordiques et des contes de Perrault. Les quatre artistes, Estelle, Sandy, Laurie et Narilys nous invitent dans un univers où l'onirisme fait loi, avec des touches de mystères, d'humour et énormément de talent!

*

ET VOILA! Pfiou! Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de choses... Pensez-vous qu'il y a un problème dans ma petite tête? Moi je pense que oui.

Sur ce, je vous à très vite pour des aventures livresques hautes en couleurs et de chouettes découvertes! Bisous bisous!

"He cannot be so bad if he loves roses so much."

mardi 12 août 2014

Beauty, Robin McKinley
Disponible en français sous le titre Belle

Résumé: 
Belle était loin d'être aussi jolie que ses sœurs. A quoi bon ? Aux soirées mondaines, aux robes somptueuses, elle préférait les chevaux et les auteurs anciens. Quand son père se trouva ruiné, elle en fut réduite à aller avec sa famille habiter une pauvre maison, dans un village au fond des bois. Tous auraient pu vivre ainsi, heureux d’une existence loin du luxe et des lumières de la ville, mais le destin s’acharna une fois encore sur eux. Quand son père revint au foyer avec l’histoire d’un château magique et de la terrible promesse qu’il avait dû faire à la Bête qui y vivait, Belle partit de son plein gré affronter le monstre et sa question sans cesse répétée : « Belle, voulez-vous… ? » Ceci est son histoire… une histoire d’amour et de rêve.
Je suis toujours très frileuse vis à vis des réécritures de contes de fée, parce qu'on leur fait dire tout et n'importe quoi. Mais Agatha m'a offert celui-là à Noël, que je voulais découvrir depuis longtemps, par curiosité. Excellente surprise.

Le conte original de Madame LePrince de Beaumont m'avait beaucoup déçue lorsque je l'avais découvert adolescente : il n'avait rien du film de Disney que je chérissais depuis ma plus tendre enfance. Je trouvais que Belle était une pimbêche gonflée de charité chrétienne exaspérante, et la Bête était une chose qui inspirait plus la pitié que la peur. Le conte était rapide à lire, plein de morales agaçantes. Il m'avait gonflée. Enfin, à l'époque, j'avais quand même gribouillé une petite scène au dos d'un énoncé de géographie:

J'avais 14 ans, laissez-moi tranquille.

Ici, McKinley fait de Belle une héroïne en décalage avec son époque, qui adore les livres et la vie simple qu'elle vit avec ses sœurs et leur père à la campagne après leur ruine. Si elle se sacrifie pour aller vivre avec la Bête, c'est parce que ses sœurs sont fiancées et qu'il serait cruel de les condamner à ne pas vivre la vie qu'elles s'apprêtent à commencer. De toute façon, elle a toujours senti qu'elle n'appartenait pas à ce monde-là et qu'elle était taillée pour une aventure, quelle qu'elle soit. Elle n'a pas la langue dans sa poche, adore monter à cheval, répond à la Bête et le surprend par son esprit. 

Ajoutons à ça une scène impressionnante où la Bête fait découvrir à Belle l'immense et spectaculaire bibliothèque du château, les objets qui s'animent et les murmures de serviteurs invisibles coincés sous une autre forme... Wait. Ça ne vous rappelle rien?

J'ai commencé à me dire : "Dites donc, elle est sacrément gonflée, McKinley! Pomper aussi allègrement le film de Disney c'est quand même culotté!" J'interromps ma lecture pour faire quelques recherches sur Internet... Le film de Disney est sorti en 1991. Le livre de McKinley en 1978.

...

"Dites donc, ils sont sacrément gonflés, chez Disney!"

J'ai trouvé le lien entre les deux œuvres plus que flagrant mais je n'ai pas trouvé beaucoup de choses sur Internet qui entérinent ma théorie! 

Bref, revenons au texte de McKinley. La plume est incroyablement légère et facile à lire, j'ai dévoré les quelques 300 pages et quelques en une poignée d'heures. L'univers enchanteur du château de la Bête, cet imaginaire rempli de roses, de chandeliers et des mystères derrière des tentures m'a habitée encore longtemps après la fin de ma lecture.  Les épisodes du récit s'enchaînent avec une aisance déconcertante et on se surprend à souhaiter qu'on n'arrive pas encore à la fin.

Pour vos petits yeux, je vous mets deux vieilles aquarelles que j'ai faite il y a deux ans pour un ami! Ma Belle et ma Bête:


En bref, un ravissement pour l'imaginaire et une histoire piquante et bien écrite, je recommande vivement à tous les amoureux des contes, des héroïnes intelligentes et des réécritures bien menées!

"What's a life, anyway? We're born, we live a little while, we die."

samedi 9 août 2014

Charlotte's web, E.B.White
Disponible en français sous le titre Le Petit Monde de Charlotte ou La Toile de Charlotte

Résumé: 
Le livre raconte l'été heureux de la petite Fern, de son cochon Wilbur et de la meilleure amie de Wilbur, la magnifique araignée grise, Charlotte. Wilbur et Charlotte habitent la belle vieille grange de l'oncle Homère. Fern passe des journées entières dans la grange, assise tranquillement sur son tabouret. Les animaux la traitent en égale et parlent librement devant elle. Un jour, Fern entend la brebis apprendre à Wilbur que les hommes l'engraissent pour en faire du jambon et du saucisson. Wilbur en est bouleversé. Que faire pour échapper à ce sinistre destin? Charlotte le console et comme elle est très intelligente, elle conçoit un plan pour sauver la vie à Wilbur. Même Templeton, le vieux rat qui pourtant ne fait jamais rien sans contrepartie, est mis à contribution. Patiemment, Charlotte tisse sa toile captant les insectes dont elle a besoin pour vivre, et les hommes dont dépend la vie de Wilbur.
Il y a des livres dont l'apparente simplicité vous rebute un peu et dont la lecture finit pourtant par vous troubler. Charlotte's Web est l'un de ceux-là. On pense ouvrir un petit livre pour enfants vaguement drôle et passablement intéressant, et on se retrouve bouleversée.

Il y a des animaux qui parlent, la douceur de vivre dans une ferme à la campagne, des jeux de mots, de l'humour et un soupçon d'aventure : tout ce qu'il faut dans un livre pour enfants pour que la recette fonctionne. Mais il y a bien plus. Sous les dialogues simplissimes et rapides se cache une réflexion extrêmement riche sur la mort, sur la vie et sur ce qui compte vraiment.

J'ai été abasourdie par la profondeur d'un texte mettant en scène un cochon un peu naïf qui apprend brutalement que son existence n'est vouée qu'à devenir un bon gros jambon. La mort est omni-présente dans le texte : dans les pensées angoissées de Wilbur le cochon, dans les moqueries des autres animaux de la ferme, dans le cynisme du rat Templeton et dans la sagesse de l'araignée Charlotte. 

Mais rien n'est morbide. Il y a également toute une explosion de vie. L'oie pond de magnifiques oeufs qui deviennent de jolis petits poussins ; Charlotte met au monde des centaines de petites araignées ; le cycle des saisons se renouvelle et fait pousser les fleurs après le froid de l'hiver. 

Et puis, quelle délicatesse dans l'écriture, quel humour dans les réflexions du narrateur, quelles idées lumineuses sur l'existence! Ces pensées se résument à ceci : à partir du moment où l'on vit pour aimer, on ne vit pas pour rien.

Qui a dit que les livres pour enfants étaient débiles?

Comme quoi, le prochain qui me dit que la littérature jeunesse manque de réflexion et de profondeur, j'aurai de quoi le faire changer d'avis. Cette lecture m'a fait penser à celle de Winnie the Pooh, empreinte de la même sagesse implicite qui apaise l'âme et fait bourdonner l'esprit. Je conseille. Genre, vivement. Là, tout de suite. Allez.

"Moi j'ai un âge nul et inutile! C'est un scandale que je sois si jeune par rapport à mon intelligence "

jeudi 7 août 2014

Le premier défi de Mathieu Hidalf, Christophe Mauri
Chez Gallimard Jeunesse
Résumé: 
À tout juste dix ans, Mathieu Hidalf est une légende. Sa spécialité ? Gâcher l'anniversaire du roi par une bêtise effroyable. Même s'il doit pour cela compromettre son rêve le plus cher : entrer à la célèbre école de l'Élite. Mais cette année, la fête risque de tourner au drame : les redoutables frères Estaffes ont rompu un serment magique et menacent de tuer le roi. C'en est trop pour Mathieu Hidalf : il ne laissera personne saboter à sa place le royal anniversaire!

Le premier défi de Mathieu Hidalf est l'un des livres qui m'attendaient sur la pile dont je vous ai parlé ici. Et ce fut une excellente surprise! 

Le jeune Mathieu est un sale gamin bouffi d'ambition et d'orgueil mal placé, il prévoit des coups pendables à des tas de gens dont sa propre famille, il manipule volontiers ses sœurs pour arriver à ses fins... Et ça marche! On se surprend à suivre les élucubrations malveillantes de son jeune esprit avec délectation, un sourire aux lèvres, sans se laisser avoir : cette personnalité désagréable cache une maladresse et une immaturité qui font plus sourire que froncer les sourcils. Mathieu arrive même à berner ses propres lecteurs, qui se prennent à mener l'enquête sur l'énorme bêtise qu'il manigance, sans pour autant tomber juste (enfin moi, en tous cas, je ne l'avais pas vu venir!)

Après, il faut admettre que ce premier tome est un tome d'introduction à un univers merveilleux et fantastique dont on ne fait qu'apercevoir la richesse. Le fil principal est soutenu par Mathieu et le coup de maître qu'il prépare pour l'anniversaire du roi. L'histoire aurait pu se passer dans un univers de science-fiction, dans le passé ou à notre époque, l'humour et la trame aurait pu rester sensiblement identiques. C'est d'ailleurs à mon avis l'un des points les plus importants de ce livre, qui peut être à la fois une qualité ou un défaut : l'accent étant mis sur l'humour, l'univers ne sert en grande partie que d'apparat. En librairie, je conseille donc ce premier tome aux enfants de 9 ou 10 ans qui n'aiment pas beaucoup lire, car c'est une lecture très divertissante.

Mais, si l'univers ne sert que de décoration, il est bel et bien là et l'on sent que Christophe Mauri nous réserve des surprises. J'ai donc hâte de lire la suite des aventures de Mathieu et d'explorer plus en profondeur ce monde qui promet d'être rempli de surprises!

Un bémol, selon moi : la couverture. Elle est vraiment très jolie, le style me plaît énormément ainsi que la gamme de couleurs, mais je la trouve trompeuse, pour les mêmes raisons que précédemment. On s'attend à une histoire de quête magique dans un univers plein de mystères en compagnie d'un jeune héros courageux et volontaire. Elle nie complètement l'humour de ce premier tome, ce qui et franchement dommage!

Globalement, cependant, une très bonne surprise!

"La maladie m'avait laissé une dégaine de recharge de stylo à bille."

dimanche 3 août 2014

La libraire chez qui j'ai fait mon stage m'a offert une pile de livres dont je rêvais depuis des lustres quand je suis partie. Outre le fait que ce geste m'a profondément touchée et a fait grimper ma pilalire de plusieurs mètres, il m'a également permis de me plonger à corps perdu dans les productions actuelles pour la jeunesse - moi qui ai souvent ce problème de découvrir des pépites qui sont sorties il y a des siècles. Je suis donc en train de la faire descendre à un rythme assez impressionnant, et je découvre de petits trésors. Voilà le premier.

Le Manoir, tome 1 : Liam et la Carte d'éternité, Evelyne Brisou-Pellen
Publié chez Bayard jeunesse

Résumé:

Après une longue maladie, Liam est envoyé en convalescence au manoir. Mais tout, dans cette vieille demeure, l’inquiète, à commencer par les autres pensionnaires, plus étranges les uns que les autres. Il ne voit qu’une chose à faire : s’enfuir. C’est alors qu’arrive Cléa, une jeune fille de son âge, qui semble avoir de graves problèmes. En cherchant à lui venir en aide, Liam va découvrir la vraie nature du manoir. Et celui-ci recèle des dangers dont il n’a pas la moindre idée.
Ce roman nous plonge dans une ambiance mystérieuse en quasi huis clos, dans une grande bâtisse inquiétante hors du temps : pas d'électricité, pas d'Internet, pas de téléphone, les pensionnaires sont coupés du monde et ne reçoivent pas de nouvelles de leurs proches. Liam, qui est venu dans cette maison de repos pour se requinquer après un cancer, est d'abord légèrement exaspéré. On ne répond à ses questions que de façon évasive, certains des autres pensionnaires lui font l'effet d'avoir de graves troubles psychiatriques (comme ce grand taré qui se prend pour Léonidas) et tout porte à croire que des individus dangereux sont enfermés à l'étage inférieur. Rien n'est fait pour l'apaiser et plus le temps passe, plus l'atmosphère étrange, les non-dits et les mystères lui tapent sur le système.

Si un lecteur aguerri pourra très vite découvrir la véritable nature de cet établissement (plusieurs indices sont disséminés dès le début et on se prend d'affection pour ce héros qui fait l'autruche), il ne pourra pas résister à l'enquête que mène Liam dans le manoir. Les aventures et les mystères qui donnent au roman un goût de fantastique entre Edgar Poe et Sherlock Holmes nous tiennent en haleine du début à la fin. Les révélations finales, enfin, vous empêchent de lâcher le livre une fois qu'il est terminé et vous pincent le coeur, ne vous donnant qu'une envie : dévorer les tomes suivants.

Les personnages hauts en couleurs, aux caractères bien trempés et aux secrets bien cachés sont tous très attachants à leur manière et créent une atmosphère à mi-chemin entre le roman familial et la colonie de vacances. Mais ils sont tous abîmés. Liam sort d'un cancer, une ancienne tuberculeuse habite le manoir, il y a également un obsédé des jeux d'argent et une jeune fille en plein choc post-traumatique suite à un enlèvement. Tous ces personnages brisés sont réunis au même endroit pour tenter de se réparer. 

Mais en plus de tous ces mystères, le style de Brisou-Pellen est comme toujours emprunt d'humour et d'ironie, ce qui ne gâche rien au plaisir de lecture. 

C'est un très joli livre sur la vie en général, ce qui compte et ce qui compte moins, sur la maladie aussi. Une jolie fable fantastique sur l'humanité et sur la vie.

Et puis j'ai dévoré le premier tome en quelques heures, fait suffisamment rare pour être évoqué. Je conseille ce livre à tout le monde, surtout à ceux qui aiment les jolies histoires!

Quand je quitte les Moldus...

jeudi 31 juillet 2014

Aujourd'hui est un jour très spécial. Certains d'entre vous qui, comme moi, ont passé leur enfance et leur adolescence à compter les jours, à remplacer "Maths" par "Arithmancie" sur leurs emplois du temps et à guetter un hibou par la fenêtre auront déjà eu une petite pensée pour un certain sorcier aux lunettes rondes et au front balafré.

Et oui, le 31 juillet, c'est l'anniversaire de Harry. Et de J.K.Rowling aussi mais bon. Surtout de Harry.

Vous aviez peut-être déjà vu mes posts relatifs à Harry Potter ici ou . Mais il est temps que je vous parle du monstre que j'ai créé après que Les Reliques de la Mort sont sorties.

Notre logo trop cool - cliquez si vous l'osez!

Obscurus Presse est né de mon esprit dérangé en 2008. Je voulais créer un moyen de continuer à faire vivre ce que j'aimais dans Harry Potter et le partager avec d'autres fans. Et puis en discutant avec des proches, je me suis dit que ce serait chouette de pouvoir recevoir dans sa boîte mail La Gazette du Sorcier avec les dernières actualités, ou bien Quidditch Magasine pour suivre la Coupe de la Ligue en direct.

Ni une, ni deux, j'ai convaincu des copines rencontrées via des forums de discussion de s'embarquer dans l'aventure avec moi. Et depuis, on a publié une cinquantaine de journaux que vous pouvez télécharger gratuitement sur notre site web. On a également créé des accessoires et des petits objets comme des Cartes de Chocogrenouilles à collectionner, des baguettes magiques ou bien des livres de contes, de recettes...

Le but est de faire "comme si c'était vrai" et depuis 2009, on écume les festivals et conventions en France pour faire vivre l'univers magique. Voilà quelques photos de notre stand!




On est toujours à la bourre mais on a encore des projets plein la tête dans les mois qui viennent. J'espère que vous irez de temps en temps jeter un oeil!

Donc voilà. Je pense qu'à l'avenir je vous ferai part de notre calendrier, si jamais vous voulez venir papoter et discuter de notre saga préférée - ou de tous les livres en général! Prochainement, nous serons au festival Harajuku au parc de Bercy les 13 et 14 septembre et aux Halliennales, à Hallesnes-lez-Haubourdin (en région lilloise) le 11 octobre!

N'hésitez pas à venir nous lire et à me dire ce que vous en pensez! et promis, la self-promotion, ça sera hyper rare.

Happy Birthday Harry <3

Est-ce qu'on peut dire que ma carrière commence?

mardi 29 juillet 2014

Dans l'espace intersidéral qui sépare ce billet du précédent se sont passées beaucoup de choses. Et pour une fois, je vais vous mettre au point sur mes avancées professionnelles!

J'ai fait mon second stage dans la librairie jeunesse dont je voulais avais parlé dans ce billet, ce qui m'a encore confortée - si j'en avais besoin - dans le choix que j'ai fait de vouloir me lancer dans cette profession. J'ai ensuite (peu) travaillé sur mon mémoire pour finir par décider de le rendre début septembre (à l'heure actuelle, il a très peu avancé). Et puis début juillet je suis partie vendre mon âme à Mickey pour un été de plus - le dernier, je me l'étais promis!

Cela faisait deux semaines que je vendais des glaces, sodas et autres gaufres hors de prix dans le parc d'attractions quand j'ai postulé, dubitative, à une annonce qui traînait sur Internet depuis mai. Le lendemain, la responsable m'appelle. Le surlendemain, je fais un aller-retour à Lille pour passer un entretien. 

Je suis prise.

Cela va faire aujourd'hui deux semaines que je remplace la vendeuse du rayon jeunesse d'une grande surface culturelle dans la région lilloise. La demoiselle est en congé maternité et l'équipe du magasin avait beaucoup de mal à pallier à son absence, ce qui explique mon embauche presque instantanée. J'ai eu très peur au début d'être lâchée dans la nature, avec des cartons à ranger et un logiciel à maîtriser, mais non. On m'a aidée à m'adapter au rythme du magasin, on me laisse prendre possession des rayons et décider de beaucoup de choses.

Je ne m'occupe pas:
- de recevoir les représentants. C'est la responsable du magasin qui s'en charge. D'abord, parce que j'aurais du mal à me représenter les quantités et les types de livres dont le magasin aurait besoin, et ensuite parce que ce n'est pas moi qui gère les sous!

- de gérer les sous (du coup), donc aucun stress lié aux comptes et au rendement!

- de faire les réceptions de cartons : il y a des employés entièrement dédiés à cette tâche.

Du coup, en résumé, mon travail, c'est de lire les livres, les ranger, faire de beaux rayons, conseiller les clients, passer des commandes et renvoyer les vieilleries. 

Et je m'éclate. Mes trente-cinq heures de présence dans le magasin passent en quelques instants et je prends un véritable plaisir à avoir des responsabilités. Le rayon représente, en terme de quantité de livres, quatre fois (au moin) ce qui se trouvait dans la librairie où j'ai fait mon stage, et il y a du travail. Mais je pense m'en sortir, et je suis ravie!

Il y a quelques petites choses qui font froncer le nez à l'amoureuse des petites maisons d'édition que je suis, comme le grand rayon entièrement consacré à Disney, les deux espaces "filles" et "garçons" qui se font face ou bien l'importance accordée en rayon aux vieilleries comme le Club des Cinq ou Fantômette. Très peu de choses publiées par les Editions des Grandes Personnes, les Fourmis Rouges ou Memo... Je vais tenter d'y remédier avec mes petits moyens, cependant, et puis je suis sûre que ce genre d'expérience va me permettre d'élargir mon horizon et de mieux embrasser la profession!

Voilà pour mon petit check-up semi-annuel. Je vous tiens au courant avec plein d'anecdotes bientôt!

"Ben, et nous alors? On existe ou on n'existe pas?"

dimanche 13 avril 2014

Vous savez quoi? Et bah j'ai lu un album. Je l'ai même acheté! Si si! Je n'ai commencé à lire des albums que tard, lorsque je suis entrée dans mon master, et il y en a peu qui me tapent dans l'oeil, mais... Celui-la! Un petit bijou!

Les mammouths, les ogres, 
les extraterrestres et ma petite soeur
Alex Cousseau & Nathalie Choux
Editions Sarbacane
Un petit mammouth n’arrête pas de poser des questions compliquées à son papa sur sa propre existence, celle des ogres, celle des extraterrestres, celle des personnages des livres – et finalement, celle de sa petite sœur à naître.

Cliquez pour voir en plus grand!

C'est l'histoire d'un petit mammouth qui apprend que les mammouths n'existent plus, qui voit des ogres alors que ça n'existe que dans l'imagination, et qui découvre qu'il est dans un livre où tout ce qui arrive est le fruit du travail d'un écrivain et d'une illustratrice. A travers une longue promenade, le papa mammouth tente d'expliquer à son fils mammouth les différences qui existent entre les inventions des hommes et leur façon de les représenter.

Au début, le texte surprend car il prend le lecteur au dépourvu : depuis quand les personnages d'un livre se rendent-ils compte qu'ils sont dans une oeuvre de fiction? Mais très vite, les questionnement du petit mammouth virent à la métaphysique, et la difficulté qu'a son père à lui répondre vire au comique et à l'incongru.

On tourne les pages et petit à petit, le texte et l'image s'enrichissent jusqu'à devenir un foisonnement de références et de surprises, devenant de véritables cadeaux pour les yeux.



Un petit bijou d'humour, de poésie et de surprises servi admirablement bien par le dessin de Nathalie Choux! Je conseille ce petit OVNI littéraire à tous les curieux, les passionnés et les amoureux des livres!

Pour information, il existe aussi en petit format souple, plus abordable!

Mission accomplie!

jeudi 10 avril 2014

J'ai failli mettre "orgie" comme titre mais vous allez vous imaginer des choses! Orgie de lecture, bien évidemment ! De toute façon il va falloir vous y faire : quand je suis silencieuse par ici, c'est que je lis comme une timbrée. 

Mais surtout, grande nouvelle, j'ai lu tous les livres que j'avais à lire pour mon challenge trimestriel! J'ai parlé de To kill a mockingbird et Fifi Brindacier dans mon article précédent, je vais donc vous parler des trois autres!

La femme au miroir
Eric-Emmanuel Schmitt

Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes les trois se sentent différentes de leurs contemporaines; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destins. Trois époques. Trois femmes: et si c'était la même ?

Schmitt est l'un des auteurs qui m'a intéressée à la littérature contemporaine il y a plusieurs années de cela. J'ai lu beaucoup de ses titres, qu'il s'agisse de nouvelles, de pièces de théâtre ou de romans. J'avais adoré La part de l'autre (un must-read s'il en est!) mais j'avais été un peu lassée de ses intrigues qui finissent bien, de ses personnages bienveillants et des bons sentiments sous-tendus derrière chaque trame.

Et puis j'ai dévoré La femme au miroir. Si au début j'ai eu du mal à comprendre où l'auteur voulait en venir, j'ai fini par être agréablement surprise par les allers-retours entre les trois époques, les parallélismes intelligents et bien menés, et les mêmes interrogations qui reviennent dans trois contextes on ne peut plus éloignés. Anne est une sorte de mystique qui ne rêve que de connexion avec la Nature et les forces qui nous animent, seulement son style de vie marginal inquiète son entourage et abreuve les mauvaises langues de suspicions et de méchancetés. Hanna, jeune mariée à un riche héritier de bonne famille viennoise, se sent à l'étroit dans le costume que les moeurs lui imposent, et ne comprend pas pourquoi elle n'arrive pas à se sentir heureuse et épanouie dans sa vie pourtant parfaite ; elle découvre alors la psychanalyse. Anny, enfin, est une starlette d'Hollywood qui, perdue, sans attaches et sans gardes-fou, s'essaie à tous les extrêmes pour jouer avec sa vie, la mettre en danger et fuir un monde d'artifices et de langues de vipère : c'est en cure de désintoxication qu'elle fait la rencontre d'un jeune infirmier qui ne la regarde pas comme une machine à fric.

Les trois femmes n'ont apparemment pas plus en commun que leur décalage par rapport à la société, et c'est exactement cela qui les rend si proches. Comment se réaliser, comment être soi-même et pas seulement le pâle reflet de ce que l'on attend de nous? Les questionnements apportés par la lecture sont multiples et tendent à une réflexion poussée non seulement sur la place de la femme, mais plus généralement sur l'accès au bonheur.

Et puis surtout, il y a le style. Raffiné, intelligent, rythmé, Schmitt réalise dans La femme au miroir ce qui m'avait tant manqué depuis La part de l'autre : un très bon roman avec des personnages forts, et un questionnement certes présent mais qui reste discret, ne se contentant que de nous murmurer des idées à l'oreille sans s'imposer. J'ai beaucoup aimé. Je conseille vivement!


L'extravagant voyage
du jeune et prodigieux T.S.Spivet
Reif Larsen

T.S. Spivet est un enfant prodige de douze ans, passionné par la cartographie et les illustrations scientifiques. Un jour, il reçoit un appel inattendu du musée Smithsonian lui annonçant qu'il a reçu le très prestigieux prix Baird et qu'il est invité à venir faire un discours. A l'insu de tous, il décide alors de traverser les États-Unis dans un train de marchandises pour rejoindre Washington DC... Mais là-bas personne ne se doute qu'il n'est qu'un enfant. Muni d'un télescope, de quatre compas et des Mémoires de son arrière-arrière-grand-mère, T.S. entreprend un voyage initiatique qui lui permettra peut-être enfin de comprendre comment marche le monde...

Ce premier roman de Reif Larsen est déroutant à plusieurs niveaux. Tout d'abord par son format : ce livre de poche carré est doté d'une large marge où annotations, cartes, schémas et morceaux de vie complètent le récit principal. Un peu étrange au début, mais très vite, on s'habitue à suivre les petites flèches qui nous indiquent quand stopper noter lecture pour passer un moment sur le côté de la page.

Ensuite, c'est T.S. lui-même qui tend à nous perdre parfois, parce qu'il ne raisonne pas forcément comme le commun des mortels. Le récit est la première personne. T.S. est un jeune garçon très intelligent, au comportement un peu décalé : il aime retranscrire le monde, ses petites beautés et ses grandes énigmes sur des cartes et des schémas (il étudie la façon dont sa soeur épluche le maïs ou l'angle que forme le bras et le corps de son père lorsqu'il boit du whisky). Le regard qu'il porte sur son univers est unique, et nous amène nous aussi à poser des yeux curieux sur le monde qui nous entoure.

Son périple à travers l'Amérique est avant tout un chemin vers le deuil de son jeune frère, grâce auquel T.S., seul face au reste du monde, devra trouver les armes pour l'affronter et y trouver sa place. C'est également un questionnement sur la raison d'être du travail scientifique : la science n'est-elle que le progrès pour le progrès, ou bien est-ce une forme d'art qui nous permet de nous emparer de notre environnement pour mieux pouvoir nous y fondre? Pourquoi de grands scientifiques abandonnent-ils des carrières brillantes pour se retirer dans un coin du monde et chercher un insecte légendaire...? T.S. trouvera les réponses à toutes ses interrogations à la fin du roman quand, en se réconciliant avec ses origines et en acceptant la mort de son frère, il décidera de son propre destin.

Une très jolie histoire, une étonnante curiosité, une aventure littéraire à vivre et à déguster. J'ai beaucoup apprécié la lecture, même si j'ai trouvé certains passages un peu longs et certaines réactions de T.S. surprenantes, mais il m'a fait penser à Calpurnia. A croire que les auteurs d'aujourd'hui ont deux conseils pour la jeunesse : lisez et découvrez.


En attendant New York
Mitali Perkins

Asha, Reet et leur mère doivent aller vivre à Calcutta dans la famille de leur père, parti chercher du travail à New York. Bientôt, elles le rejoindront, c'est sûr. Les mois passent, loin de Dehli, rien n'est pareil, les filles ne font plus ce qu'elles aiment. Le départ pour New York est sans cesse reculé. La charge est lourde pour l'oncle qui les héberge. Il faut marier Reet. Un vieil homme se présente. Asha est désespérée pour sa sœur, elle va chercher une solution, la moins pire...

J'ai dit à la libraire avec qui je travaille : "Conseille-moi un livre que toi, tu as aimé!", et elle m'a mis En attendant New York entre les mains. J'ai mis un peu de temps avant de m'y mettre, mais ce fut une belle découverte!

L'histoire se passe dans les années soixante-dix en Inde : alors que les révolutions étudiantes battent leur plein en Occident, Asha, jeune fille de quatorze ans, écrit frénétiquement dans son journal qu'elle ne supporte pas de ne pas pouvoir faire de sport en extérieur, de ne plus aller au lycée et de ne pas pouvoir faire ce qu'elle veut de sa vie depuis qu'elle a eu ses règles. Pourtant, sa famille, bien qu'ancrée dans certaines traditions, est peut-être l'une des plus modernes de l'époque : son père lui a appris à jouer au cricket, Asha et sa soeur ont étudié dans une très bonne école où elles ont appris à maîtriser parfaitement l'anglais, et la jeune fille nourrit le rêve de pouvoir devenir psychologue une fois qu'elle aura mis un orteil en Amérique.

Entre tradition et modernité, c'est toute la complexité d'une société en plein bouleversement que décrit Perkins dans son roman : trois générations cohabitent sous le même toit, nourrissant chacune des rêves et des espoirs différents, tiraillés entre leurs désirs et ce qu'ils ont le droit de faire. Le style est simple et clair, ce qui aide beaucoup à se plonger dans l'ambiance familiale et à comprendre les dilemmes qui animent tous les habitants de la maison.

Un excellent roman, encore une fois, sur la quête du bonheur et les sacrifices à faire pour y parvenir! Je conseille la lecture d'En attendant New York à tous!

Si ça vous intéresse, vous pouvez consulter la liste des livres que je veux lire avant le 30 juin ici! A très vite!

Les petites filles indépendantes.

vendredi 7 mars 2014

Mettre en scène, dans un roman ou dans toute oeuvre de fiction, un personnage d'enfant, c'est mettre en scène une interrogation sur ce que c'est que d'être adulte. Cette interrogation se perpétue à toutes les époques. Peter Pan, par exemple, représente à lui seul l'amertume des adultes bourgeois engoncés de la société edouardienne de la fin du XIXème siècle, fatigués de n'avoir comme choix de vie que celui d'être au mieux un employé de bureau, vite marié, vite entouré d'une progéniture et amassant des économies sous sa moustache.

Un personnage d'enfant permet souvent de présenter aux enfants lecteurs, mais aussi aux adultes, une autre direction, un autre choix possible parmi ceux auxquels les auteurs de ces romans ont pu être confrontés eux-mêmes. De par son innocence (au sens "vierge de toute influence") et son énergie, l'enfant est une entité positive et dynamique qui contient à elle seule tous les espoirs, toutes les potentialités à venir. Il est le véhicule idéal pour transmettre une vision de l'âge adulte différente et peu conforme à ce qu'on attend d'eux dans la société de leur temps, et peut donc, comme Peter, devenir une mascotte au service d'un modèle à défendre - ou à condamner.

Ces dernières semaines, j'ai lu - pure coïncidence - quatre romans, issus d'époques différentes, mettant en scène des petites filles qui font, seules ou à l'aide de modèles positifs, le choix de ne pas se conformer aux attentes du monde dans lequel elles vivent. Le fait qu'il s'agisse de petites filles résulte avant tout, selon moi, d'un choix éditorial (les filles lisent encore, malheureusement, d'avantage de romans que les garçons), mais également d'un questionnement de plus en plus présent sur l'émancipation de la femme et le besoin de se libérer de beaucoup de stéréotypes encore très sexistes. Petit dossier pour aider les filles à grandir et les faire réfléchir à la vie qu'elles veulent mener (j'ai classé du plus "jeune" au plus "adulte", mais c'est comme toutes les histoires : elles sont surtout faites pour ceux qui ont envie de les lire!)


Fifi Brindacier
Astrid Lindgren

Je ne présente plus Fifi Brindacier. Si cette héroïne mondialement connue de la littérature de jeunesse a été quelque peu oubliée au fil des décennies par les médias, les éditeurs et le merchandising, elle revient en force ces dernières années grâce à un dessin animé qui lui est consacré mais aussi grâce à l'attention critique qu'elle suscite chez les chercheurs en littérature partout dans le monde. Personnage créé par la suédoise Astrid Lindgren, la rouquine aux tresses dressées sur les côtés de la tête mène une vie peu banale.

Tommy et Anika, frère et soeur et enfants parfaits des années 50, voient un jour débarquer dans la villa voisine de leur maison une petite fille affublée d'un petit singe qui porte un cheval, des chaussettes montantes dépareillées et des chaussures noires beaucoup trop grandes pour elle. C'est Fifi. Elle habite toute seule à la villa Drôlederepos. Sa maman est un ange, et son père, un fameux capitaine avec qui elle a fait le tour du monde et qui a disparu en mer, probablement pour devenir roi des cannibales. Et elle ne fait rien comme tout le monde : elle étale la pâte à biscuits sur le sol de la cuisine, installe son cheval sur le toit de sa véranda et dort les pieds sur l'oreiller. Elle refuse d'aller à l'école et passe son temps libre à chercher des objets perdus. Tommy et Anika adorent jouer avec Fifi, dont les idées loufoques et les histoires abracadabrantes les font toujours rire. Elle-même ignore quand elle dit la vérité et quand elle ment, embrouillant ses amis comme son lectorat.

Les trois livres qui constituent l'intégrale que j'ai lue sont une suite d'aventures et d'épisodes drôles, tendres et parfois un peu étranges, où Fifi, Tommy et Anika sont tour à tour confrontés à des policiers - Fifi les chasse de chez elle après une course-poursuite sur son toit - un monsieur riche qui veut lui acheter la villa - il se retrouve vite dehors à coups de pied aux fesses - et à des cambrioleurs, qui après avoir eu la peur de leur vie, repartent avec un câlin, des biscuits et une leçon de Fifi. L'école, les commerçants, les parents, la bienséance et la morale sont tous traités par Fifi comme des excentricités dont il faut se contenter mais qui ne sont pas inaliénables. Elle s'en défait parfaitement bien et la petite ville s'habitue à la présence de cette fille drôle, généreuse, extrêmement forte et attendrissante qui met du piment dans la vie des gens.

Si vous ne voulez pas connaître la fin de la dernière aventure, passez au paragraphe suivant ; c'est bon, c'est fait? Sinon, sachez que j'ai été très touchée par les dernières phrases. Fifi, Tommy et Anika partagent des petits pois dits "magiques" qui, avalés en prononçant une formule magique, empêchent de grandir. La dernière image est celle de Fifi, qui, dans l'obscurité, souffle une bougie. On ne sait pas si les petits pois ont fonctionné : mais on sait que la mission de Fifi est réussie. Tommy et Anika, malgré le fait qu'ils soient bien élevés, toujours bien peignés et qu'ils ont de bonnes notes à l'école, resteront toujours des enfants, au fond, et ne deviendront pas des adultes comme les autres.


Les Malheurs de Millie Plume
Jacqueline Wilson

Dans Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur, c'est la société, à laquelle Sophie est complètement réfractaire et rebelle, qui essaie de s'imposer à elle, et elle finit par devenir une jeune femme élégante, distinguée et éduquée.

Dans Les Malheurs de Millie Plume, on assiste au phénomène inverse. Millie, abandonnée à la naissance, nous raconte son histoire. Petite fille inventive, courageuse et forte, au caractère bien trempé, elle refuse et tente de fuir les conventions qui veulent faire d'elle une bonne destinée à servir une riche famille victorienne. D'abord éduquée chez une nourrice à la campagne, où elle goûte les joies d'une enfance passée dans fratrie éclectique et soudée, elle aime les jeux "de garçons", se cacher dans des troncs d'arbres creux et casser la figure de ceux qui lui cherchent des poux. Elle est d'ailleurs rousse et traîne partout avec elle les clichés liés à sa chevelure de feu : sorcière, enfant du démon, impossible à dompter...

Sa vie change le jour où Millie et son frère d'adoption se glissent en douce sous la toile du chapiteau d'un cirque qui passait dans leur petite ville. L'écuyère qui cabriole sur des chevaux blancs a elle aussi des cheveux roux, et Millie, alors âgée de cinq ans, en est persuadée : c'est cette écuyère sa véritable mère. Elle gardera de son excursion au cirque une trace indélébile et une certitude de fer, et fera tout pour retrouver cette femme.

A l'âge de six ans, Millie, devenue une petite fille en pleine santé, est rendue à l'institution londonienne pour laquelle sa nourrice travaille. La séparation est un déchirement. En quelques minutes, les éducatrices sévères et désagréables de l'orphelinat lui rasent la tête, jettent sa poupée et ses habits, lui imposent un uniforme et des règles très strictes. La vie de Millie va alors aller de mal en pis, son esprit rebelle refusant de se plier aux exigences de cette institution qui veut taire en elle sa soif d'aventures et son envie de vivre des choses palpitantes.

Je m'arrête ici pour le résumé ; Les Malheurs de Millie Plume est le livre par lequel je découvre le travail de Jacqueline Wilson. Et j'ai adoré. Sa plume vive, acide et drôle nous emporte dans la vie d'une jeune fille qui n'a pas la langue dans sa poche et qui se questionne intelligemment sur la société et la place qu'elle veut y occuper. Wilson nous dépeint les beaux mais aussi les très hideux aspects de la société londonienne, avec son lot de bonnes manières, de retenue, d'éducation, mais aussi de misère et de dangers. Un lecteur plus âgé devinera sans peine que Millie, par sa fraîcheur, ne se rend pas toujours compte que les situations dans lesquelles elle se met peuvent être périlleuses - notamment à la fin du roman, quand un homme manque de l'emmener, une main sur la bouche... Cependant, je suis persuadée qu'une lectrice - ou un lecteur! - plus jeune ne sera ni effrayé(e), ni choqué(e) par ce genre de scènes. Les enfants sont plus au courant de la vie et de ses dangers que ce que l'on s'évertue à vouloir croire, et découvriront dans les mésaventures de Millie beaucoup de courage, d'audace, ainsi qu'une dose de révolte qui aide à s'épanouir.

En bref, un roman moderne, très intelligent et réfléchi sur l'enfance et la façon de grandir dans le sens qui nous convient le mieux. C'est un ouvrage que j'ai dévoré à l'âge de 25 ans, donc n'hésitez pas à le mettre entre toutes les mains, féminines et masculines! Un second tome est sorti en 2013, Une nouvelle vie pour Millie Plume, et je me dépêcherai de vous dire ce que j'en ai pensé dès que je l'aurai lu!



Calpurnia

Jacqueline Kelly

"Don't judge a book by its cover", qu'y disent les anglais. Et bah parfois je n'en ai rien à faire, je trouve un livre tellement joli que je le veux. C'est exactement ce que m'a fait Calpurnia. Il me narguait, là-haut sur ses étagères, dès que je mettais l'orteil au rayon jeunesse de n'importe quelle librairie. Alors forcément, un après-midi, en novembre, j'ai craqué. Et je l'ai dévoré.

L'action se situe à la toute fin du XIXème siècle, dans une petite ville du Texas. L'héroïne, Calpurnia, est la seule fille d'une fratrie de sept enfants, et se situe pile au milieu de la progéniture. Elle passe ses étés à jouer dans les prés et au bord de la rivière avec ses frères, ainsi qu'une bonne partie de ses soirées d'hiver. Elle vit avec ses frères, ses parents et son grand-père dans une grande maison, la famille étant bourgeoise sans être excessivement riche. Et le drame survient lorsqu'elle comprend qu'elle atteint l'âge où il faut commencer à faire d'elle une "jeune fille comme il faut".

Sauf que Calpurnia a horreur de la couture et de la pâtisserie : ce qu'elle préfère, c'est attraper des crapauds et dessiner les grillons dans son petit carnet d'observation qu'elle tient consciencieusement. A force de traîner parmi les roseaux et les hautes herbes, son grand-père, un homme peu loquace, mais très curieux et scientifique en herbe, commence à s'intéresser à elle. Ensemble, la petite fille et le vieil homme lient une amitié centrée autour de la découverte, de la curiosité et de l'envie d'apprendre.

Ce premier roman de Jacqueline Kelly est un très beau roman d'apprentissage. Calpurnia apprend non seulement à faire preuve d'ouverture d'esprit en observant le monde, mais doit également prendre la décision de l'adulte qu'elle désire devenir. Elle évolue doucement de petite fille sauvage qui aime attraper des grillons à une jeune fille à l'aube de l'adolescence qui s'interroge sur son avenir, et l'apparente impossibilité de cumuler son amour de la science et les règles que la société - via sa mère et leur bonne - tente de lui imposer. Elle tâtonne, fait ses premiers pas dans le monde de la science en découvrant avec son grand-père une nouvelle espèce de plante, mais aussi dans la bonne société en apprenant à tricoter et à broder.

C'est un roman très doux, qui avance doucement, au rythme des saisons et des découvertes de Calpurnia, mais également très pertinent, nous poussant à réfléchir à la façon dont la science peut aider l'être humain à devenir meilleur, à la chance que nous avons de vivre dans un monde où une femme qui obtient un prix Nobel de physique n'est plus une aberration, mais aussi aux choix qu'il faut faire pour être sûr d'être heureux. Mélange de fresque familiale, de récit historique et de roman d'initiation, Calpurnia est un livre qui ravira tous les amoureux des belles histoires, des belles phrases et des belles idées.


Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur 
Harper Lee

Celui-là, j'ai voulu le lire dès que j'ai découvert que certaines paroisses américaines le mettaient sur la liste des "banned books", ces livres interdits à la lecture de peur de salir les âmes les plus pures. Forcément, dites-moi qu'un bigot pense que ce livre est dangereux, et je m'empresserai de me le procurer. Et j'ai eu ô combien raison! Un véritable coup de coeur!

L'action se situe une nouvelle fois dans le sud des Etats-Unis, mais cette fois-ci dans les années 30, pendant la Grande Dépression. Le personnage principal et la narratrice du récit est Scout, une petite fille qui se promène en salopette, qui porte ses cheveux courts et qui adore jouer à toutes sortes de jeux avec son grand-frère Jem. Avec leur ami Dill, qui débarque uniquement pendant les vacances d'été, ils passent des journées entières à courir dans les rues, à se baigner à la rivière... et à inventer des histoires abracadabrantes sur Boo Radley, un homme à la santé mentale fragile qui reste sans cesse cloîtré avec son père dans la grande maison de l'autre côté de la rue. Ces inventions issues de l'esprit de trois jeunes enfants très créatifs teintent le roman de fantastique et d'horreur, ce qui n'est pas pour me déplaire!

La vie de Scout et Jem devient un peu plus difficile lorsque leur père, Atticus, un avocat à l'esprit très libre qui élève seul ses deux enfants, décide de défendre un Noir accusé d'avoir violé une jeune femme blanche. Atticus a une bonne Noire, qu'il paie généreusement et considère comme un membre de la famille : Jem et Scout n'ont jamais vu les Noirs comme étant une race inférieure et ont du mal à saisir que d'autres, en ville, refusent de leur serrer la main ou de leur rendre visite dans leurs petites maisons. A travers les yeux de Scout, nous voguons en pleine Amérique raciste et obscurantiste. C'est par le regard de cette enfant naïve et curieuse que nous assistons au meilleur et au pire de l'âme humaine : la compassion, la jalousie, la peur de l'autre et du différent, la volonté d'égalité, le besoin de liberté, la solitude, les ragots destructeurs, la solidarité salvatrice et par-dessus tout, la vérité irréfutable et sans cesse étouffée que tous les hommes sont égaux.

L'égalité Noirs/Blancs et couplée de l'égalité hommes/femmes au niveau de l'éducation de Scout, notamment à partir du moment où sa tante débarque à la maison pour "ajouter une touche féminine" et répéter à Scout sans cesse de mettre des robes et de peigner ses cheveux. Scout se laisse difficilement faire, mais elle comprend très vite qu'une femme dispose d'autant d'atouts qu'un homme pour défendre ses idées et demeurer quelqu'un de fort. Sa tante est d'abord une mégère revêche qu'elle n'aime pas et qu'elle pense n'être qu'une machine à recevoir des dames sans intérêt autour d'un thé insipide, mais petit à petit, Scout découvre sous cet aspect de femme vide et creuse une âme forte de ses convictions, usant de ses rencontres avec ses amies comme de meetings politiques où elle mène des débats et plantent des idées dans l'esprit des convives. A la fin du roman, Scout n'aime toujours pas porter de robes à dentelle, mais commence à entrevoir un avenir où, même si les garçons et les filles conservent des différences, elle pourra être leur égale.

Publié dans les années 60, en pleine lutte pour l'égalité des Noirs et des Blancs aux Etats-Unis, ce roman a été un succès phénoménal, non seulement en termes de ventes mais également auprès de la critique. Salué par le prix Pulitzer un an seulement après sa publication, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un classique de la littérature américaine, et pour cause : roman de jeunesse, roman d'initiation, roman suivant la vague des court novels où l'on traite de justice et de tribunaux, roman d'amour, aussi, aux touches fantastiques, comiques, tragiques et tendres, c'est une oeuvre complète qui fait à elle seule un grand tour du genre humain. Je ne cesse de le conseiller à tout le monde depuis que j'ai mis le nez dedans, et je pense le relire très vite.


C'est évidemment une liste non-exhaustive. Mais ces quatre oeuvres me semblent être des piliers assez solides pour aider les enfants à grandir et à réfléchir à leur avenir. Si les héroïnes sont toutes des petites filles, beaucoup de personnages secndaires très présents sont des petits garçons, dont certains aident l'héroïne à trouver des réponses, voire se posent les mêmes questions qu'elles (l'un des frères de Millie veut devenir danseur et subit les moqueries de son entourage ; le grand frère de Calpurnia l'encourage à remplir son carnet et se trouve stupide de tomber amoureux de la première jolie blonde venue ; celui de Scout oublie sans cesse que cette dernière est une fille et a du mal à la laisser de côté pour faire des activités "de garçons" ; Tommy n'a aucun problème à faire des biscuits avec Fifi et sa soeur et jouent aux mêmes jeux qu'elles).

A ceux qui disent, "Ah mais, je ne peux pas offrir ce livre à mon fils, le personnage principal est une fille!", j'ai envie de leur faire avaler l'intégrale de Fifi. Est-ce qu'on évite de faire lire Harry Potter aux petites filles? Non, alors que le personnage principal est un garçon. Cela résulte d'un problème encore trop ancré dans l'esprit collectif : en littérature de jeunesse (et dans beaucoup d'autres domaines), le masculin est neutre, tandis que le féminin reste féminin. Pour une fille, lire un livre mettant en scène des garçons, c'est s'élever (comme mettre un pantalon dans les années 50) ; pour les garçons, lire un livre mettant en scène des filles, c'est régresser (comme de vouloir une poupée). Le féminin reste étiqueté comme le genre faible. C'est d'autant plus ridicule que la littérature de jeunesse est avant tout faite pour aider à grandir.

Ce questionnement est d'autant plus présent maintenant que des débats - inutiles et stupides - s'ouvrent sur cette fameuse question du genre, des stéréotypes et de la place de chaque sexe dans la société, ne faisant qu'attiser cette idée que le féminin est le sexe faible, et que vouloir uniformiser les mœurs, c'est faire de tous ces grands mecs des femmelettes. Certaines de ces discussions sont complètement régressives et dangereuses pour l'image que se font d'elles-mêmes les petites filles.

Bienvenue au Moyen Âge!

Je ne veux pas ouvrir le débat politique, on le fait suffisamment partout, à tout bout de champ et n'importe comment sur le web. Ma position, très républicaine et résolument féministe (c'est à dire, résolument déterminée à travailler pour que tout le monde puisse être libre de mener la vie qu'il souhaite sans entraver le bonheur des autres), est suffisamment présente sur ce blog. Mais j'ai juste hâte de lire plus de livres mettant en scène des petits garçons s'interrogeant sur ce qu'est la virilité, sur ce qu'il veulent faire de leurs vies et ce qu'ils n'aiment pas dans les règles que la société leur imposent. Si vous avez des titres, n'hésitez pas à me les donner en commentaires!

VOILA! J'ai fini! :D Il faut que j'arrête de faire des billets si longs, je vais finir par tous vous faire fuir! J'espère quand même que vous avez découvert des livres chouettes. Que pensez-vous de ce type de billet sous forme de dossier thématique? Aimeriez-vous en voir plus? Avez-vous d'autres titres à proposer pour compléter cette présentation? En tous cas, j'ai hâte de savoir ce que vous en pensez! A très bientôt!

 
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