"Le groupe La bande La famille Le nœud La meute Ils sont là."

vendredi 17 juin 2016


J'ai eu envie de lire ce roman dès que ma copine Camille en a parlé sur son blog, et j'ai profité d'une dédicace de Marion Brunet au festival Rue des Livres à Rennes pour l'acquérir et le faire dédicacer. Je savais que j'allais ressortir de cette lecture grandie, enrichie, car c'est le pouvoir magique de la collection Xprim' de chez Sarbacane. Mais à ce point... Je vous parle aujourd'hui du roman Dans le désordre, écrit par Marion Brunet et paru en janvier dernier.

Ils sont sept.
Sept qui se rencontrent en manif, dans la révolte, dans le désordre, refusant la vie qu'on leur impose. Ils décident de vivre ensemble, en squat et en meute.
Et au cœur de la meute, il y a Jeanne et Basile, qui découvrent l'amour, celui qui brûle et transporte.

Après une manif qui a viré à l'affrontement, sept énergumènes aux horizons différents, mais habités des mêmes interrogations, des mêmes incompréhensions, des mêmes colères se retrouvent à vivre tous ensemble dans un squat, à refaire le monde pour y trouver leur place. Tonio, Marc, Alison, Lucie, Jules, Basile et Jeanne ont en effet le point commun d'être des personnes pour qui le monde ne fonctionne pas si bien que ça. Nivellement par le bas, lois économiques, mensonges politiques, classes sociales qui s'ignorent mutuellement, injustices quotidiennes et aberrations du capitalisme, depuis l'école jusque dans leurs assiettes, tout cela, ils en ont ras-le-bol. Rentrer dans le moule? Non merci.

Nous suivons principalement Jeanne, une jeune femme caractérielle et romanesque, qui tente de savoir ce qu'elle peut bien mettre dans sa vie pour lui donner sens, mais nous côtoyons également, dans un chouette va-et-vient narratif, les six autres membres de la bande et leurs histoires. Ils sont sept, mais à les fréquenter ainsi tout au long du texte, on se plaît à penser que nous faisons nous aussi partie de cette petite bande tendre et hétéroclite.

Et puis, au delà d'un univers trop peu abordé en littérature jeunesse et de personnages terriblement attachants, il y a le texte, franc, nu, parfois un peu bordélique mais tellement proche de la vraie vie, tellement fort et percutant qu'on se surprend à relire des paragraphes à l'infini pour s'imprégner des mots et de leur vérité. Petit florilège.
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Marc était dans son élément, à hurler sa haine d'un monde éternellement inégalitaire, violent jusque dans ses inerties.
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Ils se taisent. Et puis ils se mettent à rire, en salves béates, en complicité émue. Se souviennent que la fête continue, à coups de corps dansants, de mots hurlés pour être entendus, de sons élastiques et flous qui remontent jusqu'à eux. Ils s'en foutent puisqu'ils brûlent, qu'ils sont une fête à eux tout seuls.
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La cabane, c'est la place en creux pour la rêverie, la solitude ou le silence des initiés, des serments, de la pluie qui passe entre les bouts de cloison. Le loup peut souffler et entrer, c'est vrai, mais on s'y emmerde moins que dans une maison Phénix avec alarme et double vitrage.
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Ils sont vivants, et jamais ils ne l'ont été de manière aussi palpable. ça circule dans leurs veines, leurs regards parlent pour leurs bouches, leurs mots ont un sens commun, leurs peaux vibrent à l'unisson.Dans la chaleur du printemps, face à mille hommes casqués qui ne leur veulent pas de bien, fouillée par les flics et reniflée par les chiens, Jeanne ne peut pas s'empêcher d'être heureuse.
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Ce roman est essentiel, parce qu'on vit dans un monde qui prône l'ordre alors que tout est dans le désordre : nos vies, nos histoires, nos blessures, nos espoirs, nos peurs. Un texte incontournable et formateur, qui invite à s'interroger sur les chemins qu'on a pris. En ce qui me concerne, je pense que je vais commencer à tracer mon propre petit sentier, quitte à faire des détours et m'écorcher les genoux.


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