"En une seule nuit, les mots peuvent traverser un siècle."

samedi 25 février 2017

Je suis enfin en train de découvrir les romans édités par les éditions du Rouergue. Et pour le moment, c'est vraiment un sans fautes. Deux romans lus, deux romans qui m'ont subjuguée. Après La langue des bêtes, mon énorme coup de cœur de 2016, je vous parle aujourd'hui du roman Le fils de l'ombre et de l'oiseau, écrit par Alex Cousseau et publié l'année dernière.

En 1916, au Chili, deux frères attendent le lever du jour pour tuer le célèbre bandit américain Butch Cassidy. Ils sont face à l'homme responsable de la mort de leur père. Sous l'arbre où ce dernier est né il y a des années. Quelle vengeance familiale sont-ils donc en train d'assouvir?

Pour le découvrir, il faut les écouter durant une nuit entière. Elie et Elias nous racontent l'histoire mouvementée de leurs ancêtres. De l'île de Pâques à Valparaiso, sur le fleuve Amazone et en Patagonie, nous partons avec eux à la découverte de paysages et de destins incroyables. Inventeurs, rêveurs, révolutionnaires... sans oublier une fille à huit doigts et une femme-oiseau.

Ce roman est un voyage, non seulement à travers l'Amérique du Sud, mais aussi à travers les rêves et les générations. Alex Cousseau a convoqué une myriade de personnages extraordinaires, poétiques et enchanteurs pour nous questionner sur ce qu'il reste de nos rêves une fois que nous partons. Se transmettent-ils à nos enfants? Faut-il les atteindre pour donner un sens à sa vie? Sont-ils une destination ou bien la raison pour laquelle on avance?

Ici, on suit d'abord les rêves de Poki, une jeune femme courageuse qui naît sur une Île de Pâques moribonde au tout début du dix-neuvième siècle, et décide de la quitter pour faire revenir la forêt sur son île. Elle parle aux oiseaux, les écoute, ils la guident, et elle embarque seule dans une aventure qui la fera rencontrer des gens merveilleux et improbables. Son rêve le plus cher : apprendre à voler. Ce rêve se transmet au fils qu'elle met au monde, Pawel, le fils qu'elle dit avoir eu avec une ombre, et ce rêve sera ensuite transmis aux deux enfants de Pawel. Difficile de trouver ses propres rêves lorsque ceux des générations précédentes vous hantent. D'une main de maître, l'auteur nous mêle des éléments d'histoire avec des personnages d'autres romans, si bien qu'au bout d'un moment, le texte tout entier devient un rêve où il est difficile de démêler la réalité de la fiction.

Je ne connaissais d'Alex Cousseau que sont merveilleux album en collaboration avec Nathalie Choux, Les mammouths, les ogres, les extraterrestres et ma petite sœur, et si j'avais déjà eu un aperçu de son goût pour la rêverie et les élucubrations, je suis véritablement tombée amoureuse de son style fantasmagorique, aérien, plein de poésie et de jolies métaphores. Si vous aimez les jolies phrases qui nourrissent votre âme, vous serez servis : j'ai presque défiguré mon exemplaire à force d'en corner des pages pour retrouver les plus belles phrases! En voici quelques-unes:
"Si je compare la magie à la tristesse, en expliquant que toutes deux font partie du monde, qu'elles font partie de nous, que c'est elles qui donnent leur épaisseur aux choses, mon frère m'oblige à me taire."
"Nous sommes les dépositaires de leur étrange histoire à tous, et si cela fait d'eux et de nous des personnages de roman, cela ne remet nullement en question notre existence."
"- Tous les jours se ressemblent, répète Cosmo [...]. De loin, ils se ressemblent. Ils durent vingt-quatre heures, ils comptent tous un matin, un midi et un soir. Même costume. Et pourtant ils sont différents. Ils sont différents dans les plis. Parce qu'en chacun d'eux il y a des choses cachées, des imprévus, des arrivées, des départs, des secrets. Comme en chacun de nous."
"Il existe une expression, simple comme bonjour, qui en sous-entend une autre, compliqué comme un au revoir."
Je ne saurai que trop vous conseiller de plonger dans ce merveilleux roman si vous avez soif d'aventure, de rêve trop grands pour vous, d'exotisme et de poésie. Un de ces textes qui vous changent à l'intérieur.


Vous avez aimé cette chronique? Vous aimerez sans doute:
  

3 commentaires:

  1. Je l'ai lu aussi (acheté de dédicacé au SLPJ!), et j'ai adoré. Je trouve que les livres d'Alex Cousseau ont ceci de magique qu'ils nous emmène dans des voyages à travers les temps et les continents. Ca me rappelle un peu Jules Verne des fois :)
    Je ne saurais trop te conseiller "Les trois vies d'Antoine Anarchis", un personnage qu'on croise dans Le fils de l'ombre et de l'oiseau :) C'est le même genre, mais il nous fait encore plus voyagé, et je l'ai préféré :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Beh vi c'est ce que tout le monde me dit aussi, alors hop, dans la wishlist avec l'étiquette "urgent"! :D

      Supprimer

 
FREE BLOGGER TEMPLATE BY DESIGNER BLOGS