"Tant de beautés pour tant d'ignominie, comment la terre pouvait-elle porter tant d'injustices?"

vendredi 14 octobre 2016

Dans un monde où le réchauffement climatique a imposé sa loi, la terre a été dévorée par le soleil. La vie s’ est organisée autour de Kyos, cité-oasis qui possède et distribue l’ eau, denrée essentielle en ce désert sans fin. Pour en bénéficier, encore faut-il avoir un enfant marqué.

La Marque brille au front de Sika. Elle vient d’ avoir quinze ans et elle sait qu’ elle doit rejoindre Kyos pour permettre aux siens de survivre. Mais sa rencontre avec Rey, qui a refusé d’ obéir au diktat de la cité-oasis, va lui ouvrir les yeux. Pourront-ils, ensemble, échapper à l’ emprise de Kyos ?

J'avais adoré la série Hisse & Ho d'Anne Loyer, alors c'est tout naturellement que j'ai voulu la découvrir dans un autre genre! Avec La Marque, paru aux éditions Bulles de Savon le mois dernier, Anne Loyer s'essaie au genre de la dystopie.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est l'univers de Kyos qui en est le point fort. Nous sommes au milieu d'une communauté vivant dans le désert aride qu'est devenu la planète, gravitant aux abords d'une cité-oasis qui impose ses règles, la première d'entre elle étant que tous les cinq ans, des jeunes gens de quinze ans marqués d'un point d'or au milieu du front rejoignent la cité sans plus jamais avoir de contact avec le monde extérieur. Dans une société très hiérarchisée, qui accepte sans remettre en question des règles d'injustice et de discrimination dans le but d'obtenir de l'eau, le doute s'installe dans le cœur de plusieurs jeunes gens. Est-il possible de vivre loin de Kyos? Y a-t-il de l'eau ailleurs? Que se passe-t-il derrière les hauts murs de la cité oasis? A quel destin sont-ils voués?

La chaleur, la soif, l'aveuglante lumière nous suit tout au long du roman, dont Sika et Sek sont les deux protagonistes. La première perd tragiquement sa mère lors de la naissance de son petit frère et un sentiment d'injustice l'étreint lorsqu'elle comprend que ses parents, ses voisins et ses camarades sont tous soumis au joug de Kyos. Le second est rempli de rancœur depuis que son frère aîné Rey, qu'il adulait, s'est enfui le jour où il aurait dû rejoindre la cité-oasis, le privant alors de toutes retrouvailles possibles. Condamné à affronter seul l'univers étranger de Kyos, il se jette corps et âme dans un entraînement intensif qui manque presque de lui faire perdre toute humanité. La dualité des points de vue nous permet d'embrasser toute la complexité de la situation dans un temps record, grâce à une écriture efficace et dénuée de fioritures inutiles.

Cependant, le principal défaut de ce roman est sa brièveté. J'imagine que le désir de l'auteur et des éditeurs était de faire un one-shot qui n'aurait pas besoin de suite, ce qui en soi est loin d'être une mauvaise idée face à l'avalanche de séries à rallonge que l'on subit en littérature de jeunesse. Mais du coup, le récit perd en profondeur et en complexité. J'aurais beaucoup aimé apprendre à mieux connaître les autres personnages, décortiquer les rouages de Kyos un à un, découvrir d'autres communautés à travers ce monde aride et vivre des défaites et des victoires en compagnie de tous les rebelles!

Le résultat demeure pourtant très bon, reprenant avec assurance les ressorts classiques du genre. Sa force demeure dans la qualité de l'écriture et dans l'exotisme de Kyos et de son climat de fin du monde. La Marque est un excellent roman pour faire découvrir le genre et introduire les plus jeunes à la science-fiction!


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