Cela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé d'un livre "pour les grands", et je n'ai pas choisi le plus simple pour m'y remettre! Un visage pour l'éternité est un roman de C.S.Lewis, le papa de Narnia. C'est mon amie Elora qui me l'a offert à Noël dernier, je n'avais jamais rien lu de Lewis, et j'ai été ravie de commencer à découvrir son univers grâce à ce roman qu'il qualifiait lui-même comme l'une des grandes œuvres de sa vie.
"Le roi de Glome a trois filles. L'aînée, Orual, est fort laide, et porte une affection démesurée à Istra, la benjamine, la plus belle et la plus douce créature de ce royaume barbare. Mais, victime de l'obscurantisme religieux, cette dernière est sacrifiée au dieu de la Montagne grise.
Des années plus tard, Orual est devenue reine, une souveraine crainte et respectée. Meurtrie par les regrets et la solitude, elle se souvient de l'enseignement d'un vieil esclave grec ramené par son père lors d'une campagne, et entreprend le récit de son combat contre les dieux."
C.S.Lewis se propose donc de revisiter le mythe de Psyché (cliquez ici pour un rappel mythologique!), mais du point de vue de la sœur aînée de la fratrie. L'action se situe dans le royaume barbare fictif de Glome, où les balbutiements de l'Antiquité commencent à prendre le pas sur une société et des coutumes encore profondément primitives. Le paganisme ambiant est omniprésent, parfois lourd et pesant. Les superstitions et la crainte des dieux sont partout. Cependant la Grèce, la magnifique, merveilleuse et étincelante Grèce, n'est jamais loin ; sa philosophie et son rationalisme sont incarnés dans le personnage du Renard, un esclave grec très instruit qui éduquera les filles du roi comme les siennes.
Orual, narratrice et personnage principal, est pleine d'esprit, intelligente et vive, mais très laide. Sa plus jeune sœur, Istra (alias Psyché), est d'une beauté sans pareille, douce, tendre, joyeuse, proche de la nature et des gens. C'est la perfection d'Istra qui mènera le peuple à réclamer son sacrifice afin d'apaiser les divers maux dont les dieux semblent l'avoir accablé. Folle de désespoir de voir cette sœur qu'elle adore comme sa propre enfant sacrifiée au caprice des dieux, Orual entreprend de braver la volonté des dieux, tiraillée par la curiosité, désireuse de savoir s'ils existent bel et bien ou si Istra est simplement condamnée à se faire dévorer par des bêtes sauvages au sommet de la montagne, pour récupérer sa sœur et la reprendre aux dieux.
A ceux qui s'attendent à un roman de pure fantasy, je vous préviens : il n'en est rien. Un visage pour l'éternité est avant tout une plongée dans le mythe pour en extraire l'essence et le moderniser, tout en absolvant le personnage de la sœur de Psyché, victime de sa curiosité. En effet, nous sommes moins dans une aventure magique que dans une réflexion mystique. Orual, c'est l'Homme face à l'incompréhensible, c'est l'humanité en quête de savoir, c'est la part de scepticisme qui existe en chacun de nous. Istra, elle, est au contraire l'innocente qui accepte et qui trouve le bonheur dans ce qu'elle ne peut pas comprendre, assurée de la bienveillance et de la justice des puissances supérieures. Ajoutons à cela le duo que forment le Renard, l'esclave grec adepte de Socrate, et Barda, le chef de la garde croyant, humble et superstitieux, et nous assistons tout le long du roman à un duel entre rationalité et foi.
Lewis fait beaucoup de choses dans cette réécriture, mais il s'attelle en premier lieu à racheter la sœur de Psyché, une personne jalouse et malveillante dans le mythe original (un peu comme les belles-sœurs de Cendrillon), pour en faire une femme débordante d'un amour passionné pour sa jeune sœur, un amour dévastateur et possessif qui, elle finira par s'en rendre compte, fut la cause de toutes ses mésaventures.
Ce roman vous happe et vous fascine. Le côté très primitif de l'univers dans lequel tout se déroule a quelque chose d'universel et de profondément ancré en nous ; les tiraillements de la narratrice sont ceux qui habitent tout le monde un moment ou l'autre... La seconde partie du roman - soit les 60 dernières pages - sont un peu plus lourdes à lire, la résolution de l'histoire ne se faisant qu'au prix d'une expérience mystique dense, où chaque lecteur y verra la fin qu'il comprend.
Pourquoi devriez-vous lire Un visage pour l'éternité? Pour vivre une expérience de lecture riche, qui vous fait mûrir et réfléchir, pour redécouvrir les mythes sous un autre œil, pour découvrir autre chose que Narnia... Un texte fort dont vous ressortirez changés!
Je vous encourage fortement à lire la chronique d'Alexandra du blog La bouteille à la mer, qui est excellente, beaucoup plus complète et très juste.
Tu m'as convaincu!! Je rajoute tout de suite ce roman à ma Wish List :)
RépondreSupprimerOuf! J'avais peur d'avoir été bien trop brouillonne pour que la chronique intéresse qui que ce soit ^^ Merci beaucoup pour le commentaire, et n'hésite pas à venir me dire ce que tu en auras pensé quand tu l'auras lu! :)
SupprimerMoi elle m'a intéressée :P
RépondreSupprimerEt j'ajoute que j'adore la couverture, c'est ce qui m'a fait lire le livre.
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