10 phrases à ne pas dire à votre libraire

samedi 9 mai 2015

Cela fait maintenant un peu plus d'un an que j'ai mis les orteils de l'autre côté du miroir et que j'exerce avec bonheur et passion le métier de libraire *soupir d'aise*. Cependant, si j'ai surtout pu côtoyer des clients adorables, curieux, passionnés, j'ai aussi eu droit plusieurs fois à des remarques ou des questions qui ont eu le don de me faire grincer des dents.

J'ai pesé le pour et le contre, et puis j'ai décidé de vous parler de dix petits phrases qui énervent ou attristent les libraires. Toutes les questions et remarques listées ci-dessous m'ont bel et bien été adressées plusieurs fois au cours de ma première petite année de travail. Et bien sûr, je ne parle qu'en mon nom, mais je pense que pas mal de mes collègues se retrouveront dans mes propos! C'est parti.

~¤~

"Arrête de lancer/jeter/mordre/déchirer/torturer/malmener ce livre, sinon la dame va se mettre en colère!"
Nous sommes en présence d'un parent qui trimbale un gamin chahuteur. Le petit ange, âgé généralement de 0 à 6 ans, n'a qu'une piètre expérience du livre, ignore souvent que c'est fragile, que ça s'arrache ou que ça ne se jette pas au sol comme un jouet en plastique (enfin en tous cas, on n'a pas dû le lui dire à la maison). Le petit ange est aussi souvent dans ces cas-là un sale gosse qui s'ennuie, en a marre de faire les courses et veut partir le plus vite possible. Le parent (mère, père, grand-père, grand-mère, tonton, nounou, cousine) est démuni. Au lieu de faire les gros yeux et de menacer l'enfant d'une correction sévère mais juste si jamais il ne cesse pas son holocauste, voire de profiter de l'occasion pour une petite leçon ludique sur la fragilité du papier, il tente un clin d’œil envers la libraire qui n'a rien demandé et lui demande implicitement, à elle, d'exercer son autorité pour arrêter le massacre.
Non seulement c'est de la démission pédagogique pure, mais c'est vicieux : notre travail n'est pas de faire peur aux enfants, ni de leur apprendre qu'un livre ne se regarde que de loin. Aux clients de faire en sorte que leurs enfants ne bousillent pas la moitié d'un rayon sur un coup de tête.


"Vous savez s'ils l'ont chez [insert nom d'un concurrent]?"
Bon déjà on pourrait débattre de la portée éthique d'une telle question. Mais surtout, avec cette question, on met le vendeur mal à l'aise: s'il connaît la réponse, il a des scrupules à la donner et rend un mauvais service au client : s'il ne sait pas, il passe pour le vendeur qui veut absolument qu'on achète dans son magasin... Éviter donc de poser des questions sur le stock des autres librairies. C'est plus sympa!


"Je vais vous demander directement, ça m'évitera de chercher!"
Nous, libraires, savons très bien que la moitié du temps, quand un client s'adresse à nous, c'est qu'il ne trouve pas le livre qu'il cherche, qu'il ne sait pas où chercher, ou qu'il est pressé. Nous vous servons avec plaisir de GPS livres : après tout, on connaît les rayons comme notre poche et on aime vous rendre service. Mais nous jeter à la figure notre statut de chien renifleur pour faire gagner du temps, c'est manquer de tact. Je sais très bien que derrière cette phrase, on cherche juste à nous signifier qu'on est un peu paumé et qu'on a besoin d'aide, mais je préfère qu'on le dise autrement. "J'ai besoin de votre aide", "Je cherche un livre", c'est plus neutre et plus sympa.


"Pourtant sur Amazon il est moins cher!/On va aller à la FNAC c'est moins cher..."
Les livres neufs sont au même prix partout, c'est la loi, c'est comme ça depuis des années. La seule différence de prix que l'on peut avoir sur le livre est à hauteur de 5%, et les librairies appliquent différemment cette petite baisse tarifaire: chez certains, elle s'applique au bout d'un certain nombre d'achats, chez d'autres, il faut avoir la carte de fidélité, d'autres encore l'appliquent directement. Mais 5% c'est vraiment pas grand chose et vous trouverez vos livres en librairies au même prix. Sur Internet, en revanche, on peut revendre ses livres d'occasion au prix que l'on veut (des bouquinistes mais aussi des particuliers revendent des livres de seconde main à des prix très intéressants). Cela reste du livre d'occasion.
Ces remarques sur le prix du livre sont épuisantes, car malgré le fait que la Loi Lang soit appliquée en France depuis 34 ans(!), les clients restent persuadés que les libraires fixent des prix différents, qu'ils peuvent faire des ristournes facilement et qu'on peut marchander le prix d'un livre avec le libraire. Non. On ne peut pas. C'est très très réglementé, et c'est grâce à ça qu'il reste malgré tout une multitude de librairies indépendantes en France. Le même livre, neuf, sera à peu de choses près au même prix partout. C'est dit.


"Je cherche un livre pour quelqu'un que je ne connais pas, n'importe quoi, je m'en fiche."
Tu t'en fiches? Ah donc en fait tu veux que j'offre un cadeau à ta place? On n'est pas au drive, ici, et un livre ça ne se choisit pas comme une barquette de fraises. Donc bon si généralement je me débrouille pour proposer un truc passe-partout avec un grand sourire, au fond de moi j'ai envie de pleurer.


"Il ne lit que des mangas/BD/romans illustrés/documentaires, moi j'aimerais qu'il s'intéresse à de vrais livres."
Bon, ça, ça concerne surtout les littératures qui ne sont toujours pas considérées par le grand public comme de l'Art, à savoir presque tout ce qui contient des images. On peut chipoter et dire que techniquement parlant, tout ces genres cités ci-dessus sont des livres et que je pourrais m'amuser à reprendre les clients sur les termes qu'ils emploient. Mais on comprend bien que le parent (c'est souvent un parent méprisant les lectures de son enfant) voudrait que sa progéniture lise de gros livres avec plein de petits caractères, quitte à ce qu'elle abandonne toute relation de plaisir à la lecture pour devenir une PersÔnne cultivée. Je pars du principe que le plus important c'est de lire, peu importe quoi. Le manga, la BD, la littérature jeunesse regorgent tous de trésors narratifs, de bijoux graphiques et d'histoires merveilleuses qui aident à grandir et à trouver ses goûts en matière d'imaginaire. Ils peuvent tous être de merveilleux portails vers d'autres livres plus adultes et moins imagés, tant qu'on laisse le lecteur s'enrichir tout seul de choses qui lui plaisent.

"Comment, vous ne connaissez pas [insert nom d'auteur/titre de livre inconnu]? Et vous vous prétendez libraire!"
Tous les libraires ont leur domaine de prédilection. Quand on sait qu'il y a eu 68000 nouveautés parues en 2014 (et je ne vous parle que des nouveautés! Imaginez avec toutes les rééditions et réimpressions!), on ne peut pas attendre d'un libraire de toutes les connaître et de tout savoir sur leurs auteurs. A ceux qui pensent qu'il n'y a que quelques centaines de livres qui arrivent chaque année et qu'il est possible de se tenir informé de chaque nouveauté, je propose de se rendre au prochain salon du livre, d'acheter un exemplaire de chaque nouveau titre paru et de tous les lire en moins d'un an. Vous allez bien vous marrer.


"Moi je n'achète plus de livres, c'est bien trop cher pour du papier!"
Le livre est un objet de luxe. De petit luxe, mais luxe quand même. On ne peut s'offrir des livres que quand on a payé son loyer, ses factures, ses frais, qu'on a rempli son frigo, qu'on a des chaussures confortables, un manteau chaud pour passer l'hiver... On ne s'offre un livre qu'avec de l'argent qui reste quand le nécessaire est assuré. Je peux comprendre qu'un livre de poche qu'on ne va lire qu'une fois et qui nous coûte 8€, bah ça peut être tendu pour beaucoup de gens. C'est pour cela entre autres que les merveilleux endroits que sont bibliothèques existent. Mais un livre n'est pas que du papier, et son prix est souvent justifié. Je vous invite à lire ce mini-article ici pour mieux vous rendre compte du nombre de gens qu'on doit payer pour la mise en vente d'un livre! Vous n'achetez donc pas que du papier, mais vous payez aussi le travail de l'auteur, de l'éditeur, du maquettiste, du correcteur, de l'imprimeur, du transporteur, du diffuseur et du libraire... Quand on comprend pourquoi les choses sont au prix qu'elles sont, c'est parfois un peu plus facile à accepter, non?


"Les gens ne lisent plus."
Et bien allez-y, prenez mon tendre petit cœur de libraire et découpez-le avec un épluche-légumes émoussé, tant que vous y êtes! Bien sûr que les gens lisent. Il n'y a jamais eu autant de gens qui savent lire et écrire sur Terre depuis l'apparition de l'écriture. Bon par contre les gens lisent souvent n'importe quoi, et le plaisir actif de la lecture peut être fastidieux, considéré comme une perte de temps dans un monde où tout, y compris la détente, doit être immédiat. Mais les gens lisent. Les jeunes lisent aussi, et de plus en plus. Pas tous, pas de la grande littérature forcément, mais ils lisent.


"C'est ça ton plan de carrière? Vendre des bouquins?"
C'est peut-être la pire chose qu'on m'ait dite, et comme vous pouvez l'imaginer, ça n'a pas été dit par un inconnu. On m'a demandé si ce n'était pas un gros gâchis d'avoir fait deux Masters (beu heu) pour finir par vendre de la papeterie. On m'a demandé si je savais que ce n'était pas une carrière où l'on pouvait espérer avoir une résidence secondaire en Camargue. On m'a dit que je voulais être en jeunesse parce que j'avais peur d'être une adulte. On m'a dit que j'étais fainéante et que je voulais juste avoir accès à des livres gratuits (!). On ne fait pas libraire pour faire carrière, on fait libraire par passion et pour partager cette passion. On devient libraire pour aider ceux qui se perdent dans le monde foisonnant de la littérature à trouver un chemin qui leur plaira. Pas pour mettre des sous de côté en attendant la retraite.

~¤~

Je serais curieuse de savoir s'il y a des choses qui vous étonnent, qu'il s'agisse des questions des clients que vous trouvez étranges, ou bien de mes petites explications! Je serais également ravie d'avoir des retours de vos propres expériences en tant que client de librairie, habitué(e) de bibliothèque, ou bien professionnel du livre. Avez-vous des choses à ajouter? Voulez-vous rebondir sur certains détails? Continuons la discussion dans les commentaires!

35 commentaires:

  1. Je suis rassurée, je ne pense pas en avoir prononcé une seule dans ma vie et je comprends qu'entendre de telles choses soit exaspérant. Par rapport aux BD etc, je suis parfaitement d'accord avec toi. Faisons lire les gens, c'est tout ce qui importe ! Et si vraiment les gens veulent faire lire des romans à leurs gosses qu'ils commencent par essayer de voir ce que eux veulent avant de s'adresser à un inconnu pour qu'il trouve le livre miracle par que soit disant c'est son métier. Bonne lecture et bon courage pour supporter ces clients insupportables ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton commentaire! :) Bon après je chipote hein, mais 90% des gens sont adorables, je ne tombe qu'une fois de temps en temps sur une personne casse-pieds. C'est vrai que le mieux pour être sûr de prendre un livre qui plaira à son enfant, c'est de venir avec lui en librairie, désacraliser le livre et l'habituer à choisir des bouquins tout seul. Et là, le travail de libraire est vraiment un travail d'accompagnement, pour essayer de discerner le genre d'histoire qui plaira au petit et satisfera le grand. Mon challenge préféré!

      Supprimer
  2. je te rassure, je ne dirai jamais ça à un libraire, j'ai le respect du livre et du métier, j'aime bien ton article, très sympa, en as-tu fait un ou pourras-tu en faire un sur les demandes insolites, ça pourrait être drôle ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Cassie, et merci pour avoir laissé un commentaire! :) J'ai déjà fait deux articles sur mon expérience en librairie:
      Le premier est plutôt une espèce de présentation du métier avec les demandes étranges, difficiles ou farfelues qu'on peut entendre : http://www.pilalire.com/2014/01/en-fait-jveux-etre-libraire.html
      Le second est juste un petit florilège de remarques et questions diverses : http://www.pilalire.com/2015/01/petites-breves-de-librairie.html
      Je pense en faire d'autres par la suite \o/

      Supprimer
  3. Ah la dernière question... Quand j'ai commencé mes études de lettres, il y a plus de 10ans et que je disais que je voulais être Libraire. Ma frangine m'a sorti cette horreur: "Quoi? c'est vraiment ça que tu veux faire: vendre des bouquins? Il faut avoir plus d'ambition dans la vie!" C'est une immondice. Ce n'est pas mon métier et pourtant c'est celui qui me fait rêver. L'honneur est sauf, je n'ai jamais demandé cela à des Libraires. La question outrée "Quoi, vous n'avez pas lu ça?", je l'ai aussi de la part des élèves.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai encore du mal à penser qu'après les milliers de témoignages et fictions qui traitent du sujet, on puisse encore penser en 2015 que l'ambition démesurée est la porte vers le bonheur. Ou même qu'on pense que le bonheur est moins important que l'ambition. Je préfère gagner un peu plus du SMIC toute ma vie en m'éclatant dans mon travail plutôt qu'amasser des sous dont je ne saurai plus quoi faire une fois sexagénaire.
      Et encore, j'ai pas parlé de l'époque où je voulais faire illustratrice :D Libraire à côté ça fait hyper terre-à-terre! ^^
      Courage, nous vaincrons!

      Supprimer
  4. Oh bah je connais certaines phrases! Je les entends aussi en bibliothèque! Malheureusement...
    La phrase sur "Mon fils ne lit que des mangas, j'aimerai qu'ils lisent des vrais livres", contrairement à toi, je peux leur expliquer les choses aux parents. Je n'ai pas la barrière du commercial je pense. Bon la plupart du temps ils t'écoutent mais ça ne change rien et j'essaie de leur prendre un roman plutôt sympa...
    Mais courage! Les autres personnes sont géniales! :D
    Et à moi aussi on me fait des remarques pour mon métier. Quelqu'un m'a même demandé pourquoi je ne voulais pas aller à la BNF. Ben! Parce que la relation au public n'est pas la même!!! Laissez moi tranquille au milieu des livres et des enfants qui veulent lire!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Personnellement je suis beaucoup plus dans le pédagogique que le commercial, j'essaie toujours d'expliquer mais je vois dans le regard des gens qu'ils ne sont pas venus pour ça... Et puis les remarques sur ton job, vraiment je ne comprends pas, je pars du principe que tant que tu gagnes honnêtement ta vie et que tu t'éclates, beh qu'on te fasse pas chier!
      Mais viiii je le dis et je le redis, les 90% des clients que je côtoie sont adorables, et un jour je ferai une compil des 10 trucs qui font plaisir aux libraires <3
      Courage, Camille! Nous vaincrons!

      Supprimer
  5. Fainéante de libraire va! Les livres ça sert à rien, surtout ceux pour enfants. Et en plus t'as le syndrome de Peter Pan. Na.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Espèce de prof, retourne à ta pâte à modeler!

      <3

      Supprimer
  6. Pour les manga il faut mettre dans la tête que c'est la littérature Japonaise aussi ... ( la otaku qui parle ) je respecte ceux métiers et j'ai adorer ton article ma swapeuse :D

    RépondreSupprimer
  7. Étant en formation pour être libraire (avec des stages), je me suis beaucoup reconnue dans tes réflexions, la dernière est terrible, j'espère que la personne a fini par comprendre son erreur ;) très bon article!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bouarf, je ne cherche pas tant à ce que la personne reconnaisse son erreur qu'à ce qu'elle comprenne qu'elle me dit quelque chose qui ne me fait pas du bien! ^^ Mais bon je fais des généralités, je répète que dans l'ensemble, mon entourage et les clients sont adorables :)
      Merci pour ton commentaire!

      Supprimer
  8. en quasi 1 an (apprentissage) je me retrouve aussi là dedans, bossant en librairie spé jeunesse et BD / manga, le fait de lire de vrais livres, je l'ai souvent aussi...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comment tu réagis, du coup? Parce que moi, au fond, j'ai envie de foutre des baffes, mais j'ai bien conscience qu'il faut avant tout éduquer le lectorat. Personne ne pensera que la littérature jeunesse est bien de la littérature si personne ne leur dit! Donc j'essaie toujours d'entamer une discussion un peu constructive, mais ce n'est jamais bien efficace... Un conseil? :/

      Supprimer
    2. en fonction de la personne en face de moi, certaines sont plus réceptives que d'autres, donc là c'est plus au feeling. et dans ces cas-là, je tâche d'expliquer que cela reste de la lecture et une manière d'aborder la littérature, même si c'est graphique ou bien de la littérature jeunesse. c'est un moyen d'amener à lire ce qui est déjà énorme, ce n'est pas le cas de tous les enfants

      une fois j'avais eu une maman avec une petite fille qui lisait que de la BD et elle voulait pour sa fille des vrais livres, donc j'ai expliqué que c'était aussi un livre et une manière de lire, après j'ai tâché de trouver un roman illustré pour que ça fasse le compromis mais qu'il ne fallait pas dénigrer les BD parce que ça permettait aussi d'apprendre des choses et d'amener à la lecture et qu'il valait mieux faire quelque chose de progressif pour passer de l'un à l'autre et ne pas faire une scission net sans quoi l'enfant avait de grande chance de refuser en bloc

      et elle a fini par se ranger de mon avis parce que je voyais bien qu'en expliquant il y avait moyen de lui faire comprendre ça, ce n'est pas toujours le cas

      mais oui moi aussi ça me donne envie de hurler quand j'entends des trucs pareils... et la jeunesse reste de la littérature qui permet de faire comprendre des choses que c'est tout aussi utile, c'est une pédagogie, mais tous n'ont pas envie de le comprendre du coup en fonction de la personne en face on peut tenter une explication ou pas

      Supprimer
    3. Il ne faut pas oublier aussi que c'est une littérature tout court ;) Merci pour ton témoignage! C'est parfois difficile d'entamer le dialogue en librairie, le rapport commercial empêche une discussion sincère qui ne passe pas pour du rentre-dedans... Un jour j'y arriverai!

      Supprimer
    4. oui la jeunesse est un type de littérature mais souvent dénigrer, au même titre que les BD et mangas qui restent des livres (souvent j'entends que ce n'en est pas donc bon... de quoi enrager)

      parfois ça peut être difficile parce que oui, on est dans un commerce, le but étant de vendre mais bon, j'essaye d'être le plus sincère possible et d'expliquer quand je vois que la personne peut être réceptive, ce qui n'est pas toujours le cas (comme des gens qui demandent des conseils mais au final ne t'écoutent absolument pas...)

      voilà, c'est quelque chose qui s'acquiert avec le temps de pense, moi cela ne fait pas un an que je bosse en apprentissage en librairie du coup j'ai encore beaucoup à apprendre mais en tout cas, j'ai pu constater les mêmes choses que toi :)

      Supprimer
  9. Les mêmes anecdotes avec les séances de signature, ce serait possible ?
    Bien cordialement, Ned Leztneik

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Euuuh alors je ne sais pas si j'ai bien compris! ^^" Je ne signe rien du tout personnellement, et j'ai assisté à très peu de séances de dédicaces, alors j'ai un peu peur de ne pas pouvoir faire quelque chose d'aussi construit :) Mais merci quand même pour la suggestion!

      Supprimer
  10. Beauchamp Jocelyne10 mai 2015 à 23:40

    UN livre de poche offert à la petite Jeanne il y a 18 ans...et elle est devenue libraire. Fière est sa maman !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. <3 J'ai d'ailleurs besoin d'encore quelques livres, j'ai l'impression qu'il m'en manque!

      Supprimer
  11. Et ce n'est pas près de s'arrêter, tiens. Petite variante que j'aime bien et qui me fait régulièrement sortir de mes gonds : "Vous le faites à combien ?". Jack Lang t'em***de cordialement. Il faudrait une véritable campagne de pub nationale de la part du ministère de la culture pour que les gens soient un peu plus informés la dessus et cessent de fonctionner en "ne touche pas au livre, fiston, on ira l'acheter sur internet" - "Non, je sais ce que je dis, à la Fnac il coûte trois euros moins cher" - "mais votre carte de fidélité, elle ne rapporte quasiment rien !" etc, etc.
    Bon sang. Entre la charge de travail, les problèmes de santé, les horaires impossibles, et surtout Les Clients, les gens ne se rendent vraiment pas compte de ce que c'est d'être libraire pour sortir des absurdités pareilles comme tu les as décrites dans ton dernier paragraphe.
    Allez. Courage, va.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour cette solidarité face à l'adversité! C'est vrai qu'une campagne d'information ne serait pas du luxe, ça pourrait nous économiser quelques litres de salive et éviter des ulcères!
      Après je suis loin de me plaindre, j'adore mon métier et malgré tous les soucis que tu soulèves, je n'en changerai pour rien au monde! (On verra quand je ne pourrai plus me redresser entièrement, dans 20 ans, quand mon dos sera en miettes, hein, mais pour l'instant je kiffe). Et puis c'est triste, c'est cette poignée de gens qui te bousillent le moral alors que pour la majorité d'entre eux, les clients sont très chouettes!

      Supprimer
  12. J'ai les mêmes remarques et pire mes clients sont rarement sympas en plus! (Bon je chipote, si je reste dans mon rayon -jeunesse power- je suis plus tranquille les parents sont sympas).
    Je rajouterai la variante à ta phrase sur les bd/mangas etc. "Non mais il a 15 ans c'est bon il peut passer à de vrais livres maintenant" et " les jeunes ne lisent plus".
    Erreur véhiculée souvent par les professeurs de français et les parents qui pensent que lectures jeunesses = sous littérature. On peut avoir 15ans et aimer encore les univers que propose la littérature jeunesse (et même beaucoup plus que 15 ans!). Ne confondons pas non plus ado qui ne lisent pas et ado qui ne lisent par ce que les parents aimeraient qu'ils lisent. J'en plein d'ado capable de s' enfiler 3 livres de 500 pages en 1 semaine...si ce n'est pas de la lecture ça!
    Tu as dû aussi les entendre anyway!
    Gardons espoir!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Aaaah c'est très juste ce que tu dis! La distinction entre les jeunes qui ne lisent pas et ceux qui ne lisent pas ce que leurs parents voudraient qu'ils lisent!! C'est épuisant!
      "Il ne lit pas!"
      "Mais euh Monsieur vous venez de lui prendre le tome 74 de One Piece!!!"
      "Mais c'est pas de la lecture, y'a que des images!"
      Généralement quand je l'ose je leur ouvre un "Death Note" et ils remarquent qu'ils y a plus de texte que de dessins :D Parfois ça suffit.
      Je ne pense pas qu'il y aura un grand éveil collectif vis-à-vis des lectures dites jeunesse, mais je pense que si chacun d'entre nous, patiemment, petit à petit, arrive à faire comprendre quelques petites subtilités à quelques clients, ça sera déjà ça de pris! ^^
      Courage! :D

      Supprimer
  13. Rahhhhhhh le plan carrière ! C'est horrible ça !
    Quand j'étais gamin, mon père désespérait de voir les BD s'accumuler dans ma chambre. "T'as pas bientôt fini avec ces trucs ?". J'ai stoppé mes études d'expert-comptable et me voilà libraire spé manga avec un père plus fier qu'un paon de voir tout ce que fait son fiston dans sa librairie !
    Comment peut-on dire ça ?
    "La bd/le manga, ce n'est pas de la littérature, moi je ne lis que de vrais livres", j'ai eu une bibliothécaire qui m'a dit ça :
    - Dragon Ball adaptation "libre" des "Périgrinations vers l'ouest", "Vagabond", adaptation de "La pierre et le sabre", les auteurs des Gouttes de Dieu, décorés Chevaliers des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterand pour leur travail remarquable sur le vin, "Say hello to Blackjack" qui a fait démissionner un ministre japonais de la Santé pour avoir dénoncer toutes les malversations du système de la santé japonais ...
    Elle n'a pas trop su quoi me répondre, peut-être n'y avait-il rien à redire ? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Des amis de mes parents s'inquiétaient (et s'inquiètent toujours) quand ils voyaient le nombre de livres qui s'amoncelaient dans ma chambre, ils disaient que j'allais prendre goût aux mondes imaginaires, aux fuites du monde réel et que plus grande je sombrerai dans la drogue et l'alcool!!!
      Merci pour toutes les réf en manga, je connais mal et du coup j'ai envie de tout découvrir!! Merci :D

      Supprimer
  14. En tant que libraire, je suis d'accord avec toutes ces phrases, à l'exception d'une: En effet, il est possible pour environ 80% d'entre nous d'indiquer la librairie d'un confrère possédant le livre en stock. Si le client a un besoin urgent du livre qu'il demande, en utilisant un certain logiciel de gestion (celui qu'ne grande majorité des libraires utilise), on peut savoir si d'autres libraires ont l'ouvrage en question en stock..... Et si on n'a pas ce logiciel, il y a toujours Place des Libraires..... Pour ma part, je le fais sans problème, ça fait partie du service, du petit plus que nous, libraires, pouvons offrir à nos clients pour faire la différence avec les grosses machines.....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis d'accord avec toi, à la condition que tu ne travailles pas dans une grosse machine, ou qu'on ne te demande pas systématiquement si le livre se trouve dans l'autre grosse machine concurrente, ce qui est mon cas malheureusement :/ Quand on me demande s'ils ont le livre à la FNAC, j'ai une chance sur 2 d'être entendue par l'un de mes supérieurs et il est implicitement fortement déconseillé de pousser les clients à aller voir ailleurs!
      Par contre, lorsqu'il s'agit d'urgence (un livre pour l'école) ou de quelque chose de très spécifique (un livre en norvégien), je n'hésite pas à diriger les clients vers des librairies indépendantes et spécialisées.
      Je trouve tout de même cela déplacé de demander si le livre est en stock dans un autre magasin : il est plus élégant de demander "pensez-vous qu'il y ait un moyen de le trouver rapidement?" ou quelque chose de ce genre. Tout est dans la formulation!

      Supprimer
  15. Ah oui, en fait abîmer un livre, c'est juste embêtant pour le/la libraire, donc. (mmmmmh !) Héhé, je suis quand même plus diplomatique : quand je demande où trouver un livre, je signale où je l'ai déjà cherché et je m'intéresse aussi au choix de son rangement. Ceux qui sortent la réflexion sur le prix d'un livre ne lisent pas beaucoup (pour ne pas dire pas du tout) et n'en achètent pas non plus à autrui. Oh purée, je suis choquée quant à la réflexion sur le plan de carrière. Heureusement que tu aimes les livres, sinon tu aurais pu lui jeter un gros dictionnaire à la tête ;)
    Tes petites illustrations sont bien sympathiques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh il n'y a pas de souci à demander où trouver un livre, tout est dans la formulation: "j'ai la flemme de chercher, toi là, vas fouiner à ma place", c'est super désagréable! mais "Pardon, je cherche tel bouquin, j'ai cherché au rayon histoire mais je ne l'ai pas vu, l'avez-vous en stock?", pas de souci! ^^
      Merci pour les illustrations :') j'essaie d'en faire un petit peu plus, j'en faisais beaucoup à une époque et ça me manque! ^^

      Supprimer
  16. Il est super ton article, et pour la dernière phrase, je suis outrée ! Les gens qui pensent en ces termes sont justes trop deg de pas avoir fait un métier passion et se racrochent à leur fric pour se consoler ! Bouh ! Bon ok je tombe dans l'excès inverse mais cette phrase est d'une profonde tristesse. Bravo pour ton article Jeanne <3 Je te souhaite plein de bonheur et de lectures.
    Lucie du master de Lille

    RépondreSupprimer
  17. "Il ne lit que des mangas/BD/romans illustrés/documentaires, moi j'aimerais qu'il s'intéresse à de vrais livres.": J'en ai eu tellement des parents qui m'ont sorti ça.....Et j'essayais à peu près de leur expliquer ce que tu as écrit. Que, en fait, leur enfant, il lit! Ok, peut-être pas ce que, eux, ils veulent qu'ils lisent, mais ce que lui aime. Et que s'ils le forçaient à lire les livres que, eux, ils voulaient qu'il lise, il allait associer la lecture à une contrainte et non plus à un plaisir. Pour les rassurer, je leur disais que moi, adolescente, je ne lisais quasi exclusivement que des BDs et des mangas, et ça ne m'empêche pas aujourd'hui de lire moults romans, et aussi à peu près tout ce qui me tombe sous la main. On lit ce qu'on veut quand on veut. Et s'ils voulaient absolument que leur enfant découvre la "grande littérature", je leur disais qu'il pouvait très bien la lire en BD ou en mangas. Des tas de classiques ont été adapté. Peut-être un jour, il pourra les lire en roman...ou pas...Et qu'importe.

    RépondreSupprimer

 
FREE BLOGGER TEMPLATE BY DESIGNER BLOGS