Manifeste pour la littérature jeunesse de demain

lundi 21 avril 2025

Cet article a été écrit pour le n°100 de Citrouille, la revue des librairies Sorcières (spécialisées en littérature jeunesse). On y fête bien sûr le numéro 100 du magazine, et j'ai voulu écrire un petit quelque chose pour imaginer la littérature jeunesse de demain!

Vous pouvez retrouver Citrouille en consultation gratuite sur le site Citrouille Hebdo, et feuilleter ce numéro en cliquant ici ou en le réclamant dans votre librairie sorcière préférée (il est gratuit!).

La littérature jeunesse a toujours été une éclaireuse. Elle est la marmite magique où bouillonnent les idées nouvelles, les utopies ensoleillées et les lendemains qui chantent.

Ces dernières décennies, on a vu déferler dans les rayons des livres un peu moins roses et bleus, blancs, neurotypiques, validistes. Quelle bouffée d’air frais! Enfin, les livres que nous mettions à disposition de la jeunesse représentaient un peu mieux la vraie vie, riche et pétillante. Ces tendances suivaient les mouvements sociaux : les soulèvements lors de #MeToo ou de #BlackLivesMatter, de meilleures compréhensions des troubles neuroatypiques, un climat propice à une plus grande expression des identités LGBTQIA+, une prise de conscience croissante de l’urgence climatique…

Mais il y a encore du chemin à faire, et à l’heure où les fascismes montent en puissance partout dans le monde et les discours de haine décomplexés pullulent dans la sphère publique, les auteur·ices, éditeur·ices et illustrateur·ices ont un rôle à jouer. Et les libraires, médiathécaires, professionel·les du livre et de l’enfance se doivent d’accompagner les efforts éditoriaux pour encourager la jeunesse à cultiver l’espoir, l’empathie et la joie d’être soi-même.

Alors profitons de ce centième numéro de Citrouille pour imaginer de nouvelles recettes. Coiffons nos chapeaux pointus et penchons-nous sur notre chaudron : essayons d’y mettre ensemble, professionnel·les du livre, lecteur·ices curieux·ses et rêveur·ses de demain, les ingrédients pour une littérature jeunesse plus savoureuse.

D’abord, laisser la parole aux personnes concernées. La plupart des récits ownvoice* que nous avons en littérature jeunesse en francophonie sont des traductions de l’anglais. L’édition française est encore frileuse à l’idée de publier des livres écrits par des auteur·ices minorisé·es, prétextant parfois que cela rendra le texte “communautaire” ou “trop niche” et qu’il n’aura pas de succès commercial. Les maisons d’édition préfèrent miser sur des succès qui ont fait leurs preuves en anglophonie pour diversifier leur catalogue plutôt que de défendre des textes francophones. Il y a donc très peu de textes qui représentent la spécificité francophone de certaines expériences minorisées. Par exemple, nous avons des dizaines de romans young adult, dans la veine de The Hate U Give d’Angie Thomas, qui dépeignent le racisme systémique américain : nous avons encore trop peu de récits qui mettent en scène ce que c’est d’être noir·e en France, pays qui a une histoire coloniale et un rapport à la race très différents des Etats-Unis.

*ownvoice : ”sa propre voix” en anglais : terme créé par Corinne Duyvis, il signifie que le livre, s’il parle d’une personne ou d’un groupe marginalisé, a été écrit par quelqu’un qui fait partie de ce même groupe marginalisé.

Attention, il n’est pas question d’interdire aux auteur·ices d’écrire sur des sujets qui ne les concernent pas directement! Tout le monde peut s’emparer de tous les sujets! Mais il serait peut-être judicieux de systématiser le recours à des spécialistes de la relecture sensible. La relecture sensible consiste à faire appel à un·e spécialiste du sujet dont il est question dans le livre, qui est généralement concerné·e par la question, pour qu’il ou elle apporte un éclairage sur le texte et indique les problématiques liées à certaines expressions ou façon d’écrire les personnages. Par exemple, il ou elle peut suggérer l’utilisation d’une autre expression à la place de celle employée initialement pour décrire le physique d’un personnage, en expliquant que le texte original est porteur de biais discriminants. Libre à l’auteur·ice de prendre ces suggestions en compte : le tout est de prévenir que “cette phrase tournée de cette façon peut faire du mal à quelqu’un” (Kanelle Valton, relectrice sensible). Cette pratique est systématique dans les pays anglo-saxons, et de plus en plus de spécialistes proposent leurs services en France.

On aimerait beaucoup que les personnes marginalisées puissent vivre des aventures entre les pages qui ne soient pas en rapport avec leur marginalisation. On veut plus de petites héroïnes grosses qui vivent autre chose qu’une histoire de régime, des petits héros malentendants qui explorent des mondes magiques, des adolescents neuroatypiques qui vivent une grande histoire d’amour, des jeunes gens non-blancs qui vivent autre chose que des violences policières! La réalité est bien plus inventive que la fiction, il faut s’en inspirer! Il pourrait être aussi intéressant de développer l’accessibilité à la lecture pour les publics empêchés : à l’heure où les diagnostics de troubles dyslexiques et de troubles de l’attention se multiplient, s’assurer que les catalogues soient les plus accessibles possibles permet à certains publics éloignés de la lecture de s’en emparer. On aimerait plus de livres dys, de livres en FALC*, de livres audios dès la sortie des titres, et pas des adaptations dix ans plus tard!

*FALC = Facile à Lire et à Comprendre. C'est une méthode qui a pour but de traduire un langage classique en langage compréhensible par tous. Le texte ainsi simplifié peut être compris par les personnes en situation de déficience intellectuelle, mais aussi par d’autres comme les personnes dyslexiques, malvoyantes, les personnes âgées, les personnes qui maîtrisent mal le français.

Enfin, il conviendrait peut-être que chaque maison d’édition questionne son catalogue, que chaque librairie interroge son assortiment, que chaque médiathèque étudie son fonds, afin de vérifier que toutes et tous peuvent se sentir visibles. L'invisibilisation est la grande ennemie de l'altruisme et de l'ouverture d'esprit, alors rendre visible est un acte politique et humaniste. Rendre visible, c'est valider le droit à toutes les expériences humaines d'exister et de prendre de la place. Il existe des tas de ressources pour diversifier sa bibliothèque, il faut s’en emparer.

Nous avons donc déjà à notre portée tous les ingrédients qu’il nous faut : à nous de trouver une recette épatante pour qu’au numéro deux cents de Citrouille, nous soyons fières du chemin parcouru!

Je suis curieuse de connaître votre avis sur ces questions! N'hésitez pas à me laisser des commentaires pour me dire ce que vous, vous espérez voir dans la littérature jeunesse de demain!

C'est le printemps! Sélection bibliographique pour la jeunesse : albums de 0 à 8 ans!

mardi 8 avril 2025

On y est, enfin! Après un hiver tout doux mais toujours trop long, voici le printemps, qui amène avec lui le soleil, la douceur, les abeilles et les fleurs. C’est le moment où, chaque année, à la librairie, je ressors les plus jolis livres pour faire fleurir vos bibliothèques, vos salles de classe et vos week-ends champêtres. Je vous ai fait ici une petite sélection non exhaustive de très chouettes livres cartonnés, albums, documentaires et livres musicaux! 

Il est bien sûr impossible de parler de tous les merveilleux livres qui existent. Je me suis concentrée sur l'aspect réveil de la nature et observation du jardin! Je ferai sans doute d'autres sélections plus centrées sur les oiseaux, le cycle de l'eau ou la forêt un peu plus tard... Oh, et si vous avez une référence adorée à ajouter, n’hésitez pas à la laisser dans les commentaires!

Disclaimer : Cet article a des liens affiliés avec le site leslibraires.fr. Cela signifie que si vous décidez d’acheter l’un de ces livres via le lien que j’ai mis sur chaque titre, non seulement vous soutiendrez une librairie indépendante, mais aussi mon petit travail de sélection! Pour rappel, les livres neufs sont au même prix partout en France, alors autant passer par une librairie près de chez vous!

 
Découvrir et nommer le printemps:

Petites histoires de printemps:


Je sème, j'arrose, je vois des choses qui poussent! :

Observer et comprendre le printemps:

Créer et bricoler au printemps:

Écouter le printemps:
Et voilà pour aujourd'hui! Ce fut super difficile de ne choisir "que" ces 24 titres-là. Si vous avez d'autres incontournables sur le sujet à partager, n'hésitez pas à les ajouter dans les commentaires, pour que vous puissiez vous aussi conseiller des bons titres et des bonnes idées!

Il y a plein d'autres thèmes que l'on pourrait aborder pour fêter le printemps: les oiseaux, les insectes, le cycle de l'eau, les fées, l'initiation à l'écologie... Si cette sélection vous a plu, n'hésitez pas à me dire si vous aimeriez que je vous en concocte d'autres, et à me donner les thèmes qui vous intéresseraient le plus!

Si vous cherchez plus d'idées, je vous encourage à découvrir cette vidéo sur ma chaîne Youtube:

Merci à toutes et tous d'être passés par ici, et à très vite pour une nouvelle sélection!



 
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