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"Poot unk plonk?"

lundi 19 juin 2017

Allez zou on reprend les bonnes habitudes! Cela fait des mois que je voulais vous parler de ce merveilleux album : je profite d'un lundi de congé ensoleillé pour enfin essayer de lui rendre justice! Après le très bel album Chez nous dont je vous avais fait l'éloge en octobre dernier, je vous parle aujourd'hui de Koi ke bzzz? de Carson Ellis paru en France aux éditions Hélium.


Une petite pousse verte apparaît. Koi ke bzzz? se demandent deux demoiselles intriguées. La plante grandit encore, des petites bêtes se précipitent. La campagne bruit en langage insecte. Et si on construisait une cabane imprenable, tout en haut?

Koi ke bzzz? est un album où page après page nous retrouvons la même scène : une bûche, une bande d'ocre signifiant le sol, une petite pousse qui grandit au fil du récit. Mais le temps passe : la végétation sort de terre, les insectes sortent de leurs cachettes, la vie s’organise, une cabane se construit, un danger survient, et mille petits détails surprennent l’œil aguerri à chaque lecture.


Cet album d'une richesse inouïe explore donc d'abord plusieurs thématiques liées au temps qui passe: le cycle des saisons, la chaîne alimentaire, la patience, le jour et la nuit, les différentes vitesses auxquelles voyagent la coccinelle et la limace, la vie et la mort. Dans ce tableau permanent que nous proposent les doubles pages, on assiste à mille petites surprises : la sérénade mélancolique de la sauterelle, la naissance étrange du champignon, la petite maison nichée dans une bûche, l'éclosion d'un cocon.

Koi ke bzzz? est aussi un ouvrage sur l'entraide, la solidarité, le plaisir d'être ensemble et de se réjouir des belles choses en bonne compagnie. On a très envie de les rejoindre, toutes ces petites bêtes qui s'émerveillent de l'éclosion d'une fleur, comme présentées à un petit miracle! Le plaisir et le jeu sont au cœur de ce livre, dans une très jolie mise en scène d'un carpe diem entomologique : on nous rappelle que le temps passe et que la vie est courte, profitons-en pour construire des cabanes et jouer aux pirates!


Mais enfin, et surtout, Koi ke bzzz? est écrit entièrement en insectik, la langue des insectes! Les petits personnages de cet album s'expriment avec des mots tout en zzz et en tsss, faisant de la lecture à voix haute un véritable délice! Dans ce langage qui ressemble suffisamment au français pour être compris mais qui en est suffisamment éloigné pour déclencher des sourires, on nous plonge dans le quotidien d'un jardin bruissant de bourdonnements et zézaiements. La portée du texte devient universelle (même si les notes d'éditeur nous apprennent en fin d'ouvrage qu'il a fallu traduire l'insectik américain en insectik français - chapeau la traductrice!).

En résumé, cet album est un énorme coup de cœur, qui m'a encore surprise à la trentième lecture, celle que j'ai faite pour écrire cette chronique. Et je ne vous parle pas des illustrations de Carson Ellis, dans une palette délicieusement surannée où l'ocre et le vert dominent, avec de petits insectes délicieusement stylisés, un sens du détail terrible et de la poésie dans chaque brin d'herbe... Comment ça j'en fais trop?


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"Je blague, c'est ma fourche qu'a langué."

dimanche 28 février 2016

Quelle ne fut pas ma surprise - et mon indignation! - en découvrant que je ne vous avais encore jamais parlé de la superbe collection des Editions Sarbacane, nommée Pépix, qui comme son nom l'indique recèle de petites pépites qui piquent! Alors ni une, ni deux, on s'embarque dans une aventure mouvementée, drôle et intelligente avec La classe de mer de Monsieur Ganèche!

Lorsque Monsieur Ganèche se retrouve abandonné sur un îlot breton avec les six "cas sociaux" qui composent sa classe de mer, il s'attend au pire. Bêtises, disputes : ils ne lui épargnent rien. Mais lui, il sait qui ils sont vraiment ! Il explique aux "cancres" qu'ils possèdent tous un talent et peuvent réaliser des choses extraordinaires. C'est alors que l'îlot se révèle être le repaire de cruels trafiquants d'animaux...

On suit Monsieur Ganèche, instituteur franchement cool mais qui peu aussi être franchement effrayant, qui se demande ce qu'il va faire de sa bande d'énergumènes ramassés au hasard des groupes formés pour la classe de mer... Et quelle tribu! Zlatan, Lucas, Tho, Maïtiti, Fatima et Céline ont décidément tous de sacrés caractères: entre la pile électrique, l'hypersensible, le grand benêt et la nyctalope, il y a vraiment de quoi se faire des cheveux blancs!

Ils se retrouvent dans une aventure à laquelle ne manque pas grand chose pour qu'elle se transforme en histoire de pirates, et chacun finit par se révéler à la hauteur des obstacles qui se dressent un à un devant eux. Avec une plume drôle, acidulée et précise, Jérôme Bourgine donne à ses personnages et à son récit des accents terriblement efficaces de vraie vie, les rendant très attachants. A contre-courant des enfants trop parfaits parfois érigés en modèles, on a ici une galerie de bras cassés que la société a très vite étiquetés. Mais Monsieur Ganèche et son talent pour l'à-propos va réussir à transformer cette bande d'anomalies en véritables héros. Et en plus, on apprend plein de choses! Zoologie, navigation, survie, vocabulaire, mine de rien, le savoir, au lieu d'être une corvée, devient un jeu auxquels les "cancres" finissent par succomber avec délectation.

Le texte est admirablement bien servi par les illustrations effrontés, riantes et dynamiques de Maurèen Poignonec, qui non seulement sont nombreuses, mais regorgent également de petits détails qui rendent la lecture attrayante. Il y a même de petits poissons qui clapotent autour des numéros de page! 

Une belle aventure pleine d'humanité et d'humour qui plaira aux grands et aux moins grands, à coups sûr! Parole de Tricéphale!


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