Je vous parlais il y a quelques temps de mon épanouissement personnel, de comment je m’éclate dans notre librairie, de chouettes opportunités qui me sont proposées… Et bah aujourd’hui justement, j’ai envie de faire un petit retour sur cette nouvelle aventure folle qui a été de, cette année, donner cours à des futur·e·s libraires à l’IUT Infocom de Tourcoing.
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Qui?! Moi?! Pour de vrai?? |
Lors de la troisième année de leur BUT, les libraires en devenir ont beaucoup de cours de fonds, c’est à dire que des professionnel·les de la librairie se relaient pour leur présenter un rayon, ses spécificités, et dresser une bibliographie suffisante pour leur donner de bonnes bases pour leurs débuts en librairie. Iels sont tous·tes également en alternance lors de cette troisième année, alors iels ont tous·tes déjà une certaine connaissance du fonctionnement d’une librairie.
Et v’là-t’y pas qu’on me propose de donner le cours sur le roman ado… le roman junior? On va dire le roman jeunesse.*
*personne n’est jamais d’accord avec les étiquettes de ces rayons, qui changent sans cesse et qui englobe autant les petites séries divertissants comme Le journal d’un dégonflé et les traumatismes de Hunger Games. Donc : roman jeunesse. Voilà. Hop.
Quatre heures de cours, deux séances de deux heures, pour déverser mon savoir sur ce rayon de façon pédagogique, exhaustive et au moins pas trop plombante.
On me propose aussi de donner pour la première fois un cours sur le rayon jeunesse adapté et accessible! Un petit aperçu en deux heures, pour montrer un peu ce qui existe et que les étudiant·e·s puissent découvrir des adaptations qu’iels ne connaissent pas.
Je dis oui, banco, méga cool, trop contente.
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C’est parti mon kiki. |
Pas facile de savoir par quel bout prendre ce machin-là. Mon expérience de l’enseignement se résume à deux années comme assistante pédagogique dans des écoles primaires où je faisais plus de rangement et de photocopies qu’autre chose. Et puis, SIX HEURES de cours, ça se remplit : au début, j’ai l’impression que je ferai le tour en vingt minutes et qu’il sera difficile de meubler. Je prends un petit bout d’histoire du roman jeunesse, je saupoudre d’études faites par le CNL, je remue quelques heures avant d’ajouter un soupçon d’expérience terrain…
Et puis finalement, elles sont finies, mes belles présentations. Je leur donne un look de journal intime pour faire “prof sympa” et puis de toute façon on va principalement parler de romans destinés aux 9-14 ans, alors autant partir dans un petit délire carnet secret.
Je ne pensais pas que je serais aussi stressée la veille de donner mon premier cours. Je vérifie douze mois mes horaires, le trajet, le numéro de la salle… J’ai l’impression de faire ma rentrée, et la voix de ma mère résonne dans ma tête, “il te faut une tenue de rentrée”, je vais compenser le manque d’assurance avec une tenue pleine de couleurs comme je les aime. Ça marche un peu, je suis prête.
J’arrive en avance et je m’installe dans une salle où une partie des étudiant·e·s est déjà installée. Notre propre étudiant-alternant de notre librairie à nous (coucou Valentin) me dégaine les deux pouces pour m’encourager. On est en avril, la salle est un terrarium, j’ai déjà méga chaud, heureusement que j’ai prévu une bouteille d’eau, ok tout le monde est là, on inspire et fiouuuuuu c’est parti!
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Mon role model |
Ça passe super vite, bien sûr, j’ai des échanges passionnant avec les étudiant·e·s, je suis de plus en plus à l’aise au fur et à mesure que je parle, et c’est déjà fini. Je recommence deux semaines plus tard avec la seconde partie du cours sur le roman, où tout le monde participe à faire des bibliographies de maboule-dingos sur les différents genres présents dans ce rayon. Encore un mois plus tard, je viens avec deux sacs de livres empruntés à la librairie, pour montrer aux étudiant·e·s à quoi ressemblent des livres traduits en FALC, des livres adaptés aux personnes dyslexiques, des livres en braille, des livres sur les habiletés sociales…
Ensuite, vient un moment rigolo, celui de corriger les devoirs donnés aux futur·e·s libraires sur le roman jeunesse. Je leur avais demandé de préparer une sélection sur le thème de leur choix, en essayant de ne choisir que des titres de maisons d’édition différentes. Et il y a eu des idées sensationnelles, j’ai été admirative devant autant de créativité, ça m’a fait chaud au cœur!
Qu’est-ce que j’ai appris en donnant ces six heures de cours?
- Moi qui pensais passer inaperçue quand je dormais sur mon bras en cours à la fac : raté, ça se voit direct, lea prof ne peut pas le louper. Iel décide juste de n’en avoir rien à péter. (Et j’ai fait pareil.)
- Je n’ai aucun problème à parler pendant deux heures de littérature de jeunesse. Donnez-moi un auditoire et je fais un exposé sur ce que vous voulez. JE GÈRE. Alors ok j’avais bossé le sujet mais j’ai fait des digressions ou des précisions, de tête, dont je ne me savais pas capable. Je commence à vraiment bien m’y connaître, mine de rien. Et j’arrive même à faire des petites blagues pour que le-dit auditoire pense passer un bon moment.
- Un peu dans la même veine : je commence à avoir pas mal d’expérience en librairie (11 ans cet automne mine de rien!) et j’ai suffisamment de bouteille pour pouvoir donner des conseils de rangement, d’animation ou de théâtralisation sans aucun souci.
- Je sous-estimais le temps passé sur les corrections et le casse-tête des barèmes de notation. Big up à tou·te·s les enseignant·e·s qui passent un temps incalculable à travailler loin des regards pour corriger des piles de copies. C’est un travail titanesque.
Et puis surtout : j’ai adoré cette expérience. La littérature jeunesse, c’est une très grosse partie de ma vie, et de pouvoir compiler ce que j’ai appris et expérimenté dans mon travail m’a beaucoup plu. J’ai à la fois eu la sensation de faire un bilan de ce que je sais, et de partager ça avec des gens que ça intéresse (…ou qui étaient obligé·e·s de m’écouter. Meh. Ça me va aussi.)
Je rempile pour une nouvelle année en 2025-2026, j’ai pris des notes sur ce que je veux améliorer, et j’espère pouvoir transmettre une infime partie de mon attachement à la littérature jeunesse à une nouvelle vingtaine d’apprenti·e·s libraires.