Comment devenir libraire 1/2 : mon parcours

mercredi 25 juillet 2018

J'ai mis des années à trouver ma voie, comme beaucoup d'entre nous, mais si j'avais pu déceler les signes avants-coureurs, je me serais sans doute économisé du temps, des angoisses et des tracas...! Cela fait maintenant plus de quatre ans que je suis libraire et je commence non seulement à me sentir légitime, mais également à faire le tri entre mes préjugés sur le métier et la réalité du travail.

Je vous avais déjà fait un billet sur ma révélation pour le métier de libraire en 2014, après mes deux premiers mois de stage à la librairie la Mare aux Diables, à Dunkerque, aussi je ne reviendrai pas sur cette épiphanie bienheureuse qui a tant changé ma vie. Je voudrais ici présenter mon parcours pour ceux que ça intéresse, et dans une seconde partie, 5 conseils à suivre si l'on veut espérer devenir libraire!




Comment je suis devenue libraire

Je crois que je dois remonter un peu dans mon histoire pour qu'on se rende compte un peu de l'évidence qui était sous mon nez. J'ai toujours aimé les histoires, j'ai d'ailleurs appris à lire toute seule: c'est ma maîtresse de grande section qui s'en est rendue compte. On pense que j'ai appris en écoutant beaucoup de livres avec une cassette (mes parents m'en achetait plein d'une même collection, qui s'appelait Il était une fois et qu'on trouvait chez le marchand de journaux, et je les adorais, je les écoutais en boucle grâce à mon petit lecteur cassette pour enfants).

L'histoire qui m'a traumatisée! Merci Youtube!

J'étais une habituée des bibliothèques et CDI de mes établissements scolaires, je ne possédais pas énormément de livres à la maison à part les jolis recueils que j'avais à Noël, aussi j'ai oublié la plupart des titres que j'ai lus dans mon enfance. Je me rappelle avoir lu les Marcel Pagnol en primaire, jusque tard dans mon lit, je les chipais à mon père, ou je me revois encore dévorer de vieux bibliothèque rose chez ma grand-mère l'été. Je ne lisais pas spécialement de la littérature jeunesse, à part Harry Potter qui a eu un immense impact dans mon existence dès ma première lecture du premier tome à l'âge de huit ans, mais pour le reste je piochais dans la littérature adulte dont mes parents avaient des tas de rayonnages et des bouquins choisis au hasard à la bibliothèque. J'étais une enfant plutôt solitaire et la lecture n'a pas été pour moi qu'un passe-temps, mais une véritable compagne dans le chemin pour grandir.


J'ai passé mon CP et j'ai toujours été une bonne élève. J'ai su très tôt que je partirais en filière littéraire, et grâce à mon impatience d'attendre les tomes d'HP en français j'étais devenue très bonne en anglais. En terminale j'étais complètement paumée, je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie mais j'avais plus ou moins le sentiment de vouloir partir dans les langues. Heureusement, j'ai pu faire une prépa littéraire très familiale. C'était pour moi le compromis idéal, car je continuais toutes les matières de la terminale sans avoir à choisir une voie toute suite. Je ne bossais qu'en anglais et en français, et je me suis plus ou moins persuadée que je deviendrais traductrice. Je m'abreuvais de culture anglo-saxonne et mon but ultime était de vivre en Angleterre. Après...? Je n'en savais rien...

J'ai peut-être été influencée.
Un peu.
LAISSEZ-MOI TRANQUILLE!!
La prépa terminée, j'ai enchaîné sur une licence d'anglais (en littérature) que j'ai pu rejoindre en troisième année directement. Ma licence en poche, je décroche un poste d'assistante de français dans deux écoles primaires britanniques et je pars 8 mois travailler avec des enfants de 3 à 10 ans. Je réalise très vite que traductrice est un job contraignant qui ne me satisfait pas, et vu que je dessine un peu, j'envisage de faire de l'illustration. Cette année-là, je me plonge corps et âme dans mon association Obscurus Presse, un groupe éditorial amateur où l'on joue, avec des copines, à éditer des livres tels qu'ils pourraient être lus par des sorciers du monde d'HP. Cette association existe toujours, on a fêté nos dix ans !


A force d'illustrer et mettre en page de « faux » livres, je commence à caresser l'envie de devenir éditrice. Je rentre en France et bosse dans une école primaire en économisant pour espérer rejoindre un Master d'édition sur Paris. J'essaie péniblement d'avoir une maîtrise d'anglais en même temps, mais je dois m'y reprendre à deux fois car j'ai perdu tout intérêt pour l'étude académique. Je me perds, et sentant bien que l'illustration n'est qu'une idée de secours à laquelle je m'accroche faute de mieux,  que les masters parisiens ne sont pas abordables pour ma petite bourse, et je tombe par hasard sur un Master de Lettres Modernes spécialisé en littérature de jeunesse à Lille 3. Je m'épanouis terriblement, et j'envisage toujours de partir dans l'édition, jusqu'au moment de trouver un stage... N'ayant pas les moyens d'aller vivre sur Paris sans salaire je me rabats sur la librairie jeunesse de Dunkerque, ma ville natale, où j'allais faire la queue pour les sorties des Harry Potter.


C'est une révélation. J'adore le contact avec les clients, le rapport avec les représentants, ranger la librairie, découvrir les surprises dans les cartons... J'ai la chance d'enchaîner après le master directement sur un CDD dans un espace culturel Leclerc où je suis propulsée responsable du rayon jeunesse sans beaucoup d'expérience... ! J'abandonne mon Master alors qu'il ne me reste que mon mémoire à rédiger. J'y reste un an et je signe même un CDI, mais je dois quitter ce travail car mon amoureux est muté en Bretagne. Une fois arrivée à Rennes, je passe pas mal de temps au chômage, malgré des entretiens assez réguliers. Après deux ans et un contrat de renfort de fin d'année dans une librairie spécialisée en jeunesse, je trouve enfin un poste dans une autre grande surface culturelle. Je ne suis pas sur le rayon jeunesse mais je retrouve le rythme intense de ce genre de structure. Je travaille sur les rayons parascolaires, sciences humaines et épanouissement personnel. J'ai décidé quelques mois plus tôt de terminer mon Master de Littérature de Jeunesse, et je demande à mon chef de secteur, s'il serait possible de rester en stage (je dois en refaire un et recommencer mon mémoire pour valider mon diplôme). Il me reprend en librairie d'avril à fin septembre, car la libraire jeunesse part en congé maternité. C'est l'occasion idéale pour faire mes preuves au sein du magasin : je m'y épanouis beaucoup. J'apprends alors qu'un second magasin de la même enseigne va ouvrir à Rennes, je postule : on me prend.


Je suis désormais dans le nouveau magasin de Rennes, responsable des rayons jeunesse et parascolaire. Je m'occupe également de l'événementiel du magasin, j'organise les dédicaces. J'ai mis le temps, mais j'ai trouvé ma place. Comme vous avez pu le constater, ce sont beaucoup de hasards et de frustrations qui ont jalonné mon parcours. Il existe des tas de façons de devenir libraire, si bien sûr on sait déjà très tôt que c'est ce que l'on veut faire (cet article du CIDJ est très bien fichu pour les infos techniques!). J'ai voulu faire traductrice, illustratrice, éditrice... tant de métiers qui tournent autour du livre, alors qu'il m'a fallu tout ce temps pour réaliser que ce qui m'intéresse avec la littérature, c'est de la partager. Pas de la faire, de la mettre en forme ou de la traduire, mais bien uniquement d'y faire le tri pour mettre les bons livres dans les mains des bonnes personnes.


Mais libraire est un métier qui se fait rare et cher, et je vais essayer de vous donner quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté! Rendez-vous mercredi prochain (le 1er août) pour mes 5 conseils pour devenir libraire!

Et vous, avez-vous trouvé votre voie? Est-ce que ça a été facile? Dites-le moi dans les commentaires!

2 commentaires:

  1. Oh, je te remercie pour ce billet :) J'ai aimé découvrir ton parcours et un bout de ta vie...
    Si tu savais que tu aimes tant ton métier à l'époque, peut-être que cela t'aurait fait "économiser du temps" mais j'estime aussi que notre expérience nous permet de nous nourrir malgré les tracas. Qu'en penses-tu ?

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  2. Je suis assez d'accord avec toi, mais ne pas savoir où j'allais était, pour moi, une telle source d'angoisses...! Je crois que, même si je suis très fière de mon parcours et de ce qu'il m'a appris, j'aurais préféré trouver ma voie plus tôt pour m'épanouir plus vite. Mais j'imagine que c'était mon parcours initiatique à moi, vaincre tous ces obstacles et déjouer les fausses pistes pour enfin trouver ma place! :D

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