"...aussi longtemps que les enfants seront joyeux, innocents et sans cœur."

dimanche 13 décembre 2015

Je sais, je sais. Je commence à doucement vous gonfler avec retours perpétuels vers Peter Pan (, ici, de ce côté ou encore là). Je sais. Mais là, il fallait que je vous parle. Parce qu'il y a un petit bijou qui vient de sortir chez Milan, et le travail sur cette adaptation est tellement remarquable que je ne pouvais pas ne pas vous en parler. Je vous le promets, ça vaut le coup. Jugez plutôt!

Peter Pan enlève Wendy et ses frères. Il les conduit au Pays Imaginaire où il règne en maître sur les enfants abandonnés. La lutte contre le Capitaine Crochet est sans merci. La jalousie de la fée Clochette est sans pitié pour Wendy... Et le dévouement de Wendy pour les enfants sans mère est sans limite.

Bon, on va commencer par parler de l'adaptation du texte, réalisée par Maxime Rovere qui a fait un excellent travail. Toutes les scènes clés du roman Peter & Wendy s'y trouvent, ponctuées par des phrases reprises quasiment telles quelles du texte original. C'est rafraîchissant et très agréable de voir que l'adaptation en album ne s'est pas faite au détriment de scènes importantes au récit comme c'est parfois le cas!

Mais la richesse de ce magnifique livre réside dans ses illustrations. Alexandra Huard a fait des merveilles. Les couleurs sont chaudes, vives et pleines, on sent le travail traditionnel de la peinture sur le papier. Ça foisonne de détails, c'est un véritable régal pour les yeux. 

Mais le talent d'Alexandra Huard ne s'arrête pas là, car elle s'est énormément documentée sur la genèse de Peter Pan et les différentes versions qu'il y eut pour réaliser ses illustrations. Elle a véritablement voulu faire apparaître les petits détails laissés de côté dans l'adaptation du texte pour que l'image complète le récit le plus fidèlement possible. En croisant le texte du roman et ceux, antérieurs, de la pièce de théâtre et de Peter Pan in Kensington Gardens, elle a pu rendre toute la complexité et la richesse d'un récit dont la profondeur est trop souvent méconnue. Ainsi, l'île du Jamais a des airs d'île des Caraïbes où les micro-climats se côtoient, l'auteur ayant lu des récits de navigateurs et les fictions de Stevenson. 


La boucle que forment les différentes communautés vivants sur l'île du Jamais, se chassant les uns les autres dans une espèce de ronde perpétuelle, est merveilleusement représentée sur cette double-page, où Alexandra Huard a voulu ajouter un détail qui n'apparaît pas dans le roman mais dans la pièce de théâtre : celui selon lequel les saisons occupent chacune une zone de l'île. Admirez plutôt.


Ou encore, l'album s'ouvre non pas sur une scène dans la nursery des enfants Darling comme il est très souvent le cas, mais sur une scène de jeux et de promenade dans Kensington Gardens, le parc où Barrie rencontra la famille Davies en promenant son énorme chien Portos, lieu où naquirent Peter, Crochet et tout l'univers de Peter Pan.


Ajoutons à tout cela que Peter ne sourit quasiment pas sur aucune des illustrations, le visage couvert de peintures de guerre lui conférant l'air féroce et malicieux qui lui sied à merveille, que Crochet a parfois les yeux rouges (et le crochet au bras droit, merci!), et il ne m'en fallait pas plus pour tomber amoureuse. 

Cet album merveilleux est l'outil idéal pour découvrir une version courte mais riche, fidèle au texte original, agrémentée d'illustrations soignées et, comme vous avez pu le constater, grouillant de clins d’œil et de détails. Un petit bijou à glisser sans aucun remords au pied du sapin.

Je vous invite expressément à découvrir les trois articles réalisés par Alexandra Huard sur son blog, ici, ici et , où elle raconte en détails l'origine de Peter Pan et le travail réalisé autour de l'illustration de cet album. C'est fascinant! Merci pour ce trésor!

"Chaque jour, mille idées fleurissent..."

mercredi 9 décembre 2015

Un nouveau petit album vient de sortir aux éditions Frimousse, et vu qu'il parle de différence, d'originalité et d'anticonformisme, j'ai trouvé que c'était le bon moment pour vous en parler! Aujourd'hui, je vous présente La lumière allumée de Richard Marnier et Aude Maurel.

"Dans mon quartier, 
chaque maison a une porte,
deux fenêtres et un toit rouge bien régulier.

Chaque porte a une poignée et une serrure bien huilée.
Chaque fenêtre est encadrée de deux volets gris bien épais.

Chaque soir, les volets sont convenablement fermés.
Et au petit matin, ils s'ouvrent tous en même temps, comme cela doit être fait.

Mais une nuit... quelqu'un a laissé la lumière allumée!"


Dans cet album, nous avons une vue complète d'une ville où l'absence de perspective et les formes simples des maisonnettes rappellent les dessins d'enfants (un carré pour la maison, un triangle pour le toit, l'indispensable cheminée et les fenêtres jumelles). La monotonie et la répétition des maisons toutes semblables a tout de la banlieue résidentielle, où les habitations toutes identiques sortent de terre comme des champignons.

Et puis un soir, c'est le scandale:  quelqu'un dans le voisinage a l'idée saugrenue de laisser la lumière allumée en pleine nuit et de fermer ses volets toute la journée! Les commérages vont bon train, l'intrus est poussé à partir et sa maison, abandonnée, finit par être détruite.

Lorsque l'intrus revient de ses voyage, il ne trouve plus qu'un emplacement vide là où était sa maison: alors il décide de s'en construire une, faite du bric et du brac qu'il a rapporté de ses voyages.

Petit à petit, les voisins, d'abord étonnés, vont commencer à donner de petites touches personnelles à leurs maisons. Des volets bleus, une véranda, des toilettes à ciel ouvert... Et puis chacun finit par vouloir la maison la plus personnelle possible.

L'album s'ouvre alors sur deux immenses doubles pages où l’œil ne peut se rassasier de toutes les couleurs, de toutes les formes et de toutes les maisons improbables qu'on y voit!

Album subtil et intelligent sur la richesse qui émerge de la différence, La Lumière allumée est un régal pour les yeux, où la monotonie finit par se transformer en enchantement. Pari réussi pour le superbe duo que forment Richard Manier et Aude Maurel! Un album qui pousse à l'inventivité sur fond d'altruisme et de tolérance. Bravo!

"Je perds tout, mes mots, mes clés, mon portefeuille, ma vie."

mardi 1 décembre 2015

J'avais adoré Les Petites Reines de Clémentine Beauvais, alors j'ai voulu découvrir un autre roman de la collection Exprim' de chez Sarbacane, Quelqu'un qu'on aime de Séverine Vidal, sorti quelques mois plus tard. 

Matt a un projet fou : refaire avec son grand-père Gary la tournée d’un crooner mythique des années 50, Pat Boone. Un road-trip pour rattraper au vol les souvenirs qui s’échappent…

Mais rien ne se passera comme prévu ! Peu avant le départ, Matt apprend qu’il est le père d’une petite Amber de 18 mois – et qu’il doit s’en occuper pour quelques semaines. À l’aéroport, une tornade s’annonce : les avions ne décollent plus. Matt, Gary et le bébé grimpent à bord d’un van de location… et, ultime surprise, deux personnes les rejoignent : Luke, ado en fugue, et Antonia, trentenaire prête à changer de vie.

Tous ensemble, ils font cap vers l’Ouest du pays. Arizona, Californie, Nevada, sur la piste du passé, des souvenirs et autres histoires bien vivantes. On les suit, d’étape en étape, tandis qu’ils commencent à former une tribu bancale, une petite famille folle et joyeuse, réunie autour de Gary.

J'embarquais avec plaisir en compagnie de cette tribu hétéroclite pour un road-trip loin des clichés, avec des heurs, des drames, des mauvaises surprises et de belles rencontres. On s'attache vite à chacun de ces personnages un peu brisés, un peu perdus, qui se retrouvent ensemble par hasard et qui finissent par former une vraie famille. C'est joli, c'est touchant, c'est tour à tour drôle et larmoyant.

Parce qu'entre un vieux atteint d'Alzheimer, un jeune à qui on a arraché sa vie, une trentenaire qui sort d'une relation violente, et une aventure qui ne se passe pas du tout comme prévu, Séverine Vidal nous fait voyager du rire aux larmes. Le cœur tressaute, on s'attend à ce que tout se passe comme sur des roulettes et on finit par se prendre de belles raclées...

Je regrette juste un peu le cadre de l'Amérique profonde qui, s'il permet aux personnages de revenir sur la mythique tournée de Pat Boone, n'est à mon sens pas suffisamment exploité. J'aurais aimé que le décor accompagne davantage l'histoire, mais après tout, ce sont les personnages la vraie force de ce roman. Cela se passerait en Europe qu'il n'en serait pas moins touchant.

Un très joli roman sur les surprises que nous réserve la vie, sur le pouvoir de l'optimisme et sur le bonheur qui naît du fait d'être ensemble. 
 
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