En fait, j'veux être libraire.

jeudi 9 janvier 2014

Les amis, j'ai un truc à vous raconter. Une expérience hors du commun, presque une révélation, une épiphanie! Je termine cette année ma seconde année de Master Métiers du Livre Jeunesse à l'université de Lille 3. J'avais déjà une maîtrise d'anglais - où j'avais travaillé sur Peter Pan, on ne se refait pas - et cette formation a été pour moi une chance, autant sur le plan professionnel que personnel. Je vous ferai une autre fois la longue liste des grandes qualités de ce Master, c'est promis, mais en attendant, il faut que je vous parle de mon stage.

Nous devons réaliser au moins quatre mois de stage dans une entreprise liée à la littérature de jeunesse, de préférence l'édition ou la librairie. Moi, les deux m'ont toujours intéressée, et j'ai déjà roulé ma bosse en édition amateur via des fanzines et des associations. Mais je n'avais pas les moyens de partir quatre mois à Paris, à Bruxelles ou à Londres pour travailler dans une maison d'édition, et peu de choix s'offraient à moi.

Je me suis alors tournée vers une librairie spécialisée dans la jeunesse, tout près de chez moi. J'aimais déjà beaucoup discuter avec la libraire, et nous papotions de plus en plus à chacune de mes visites depuis mon entrée dans ce Master (je lui demandais de me trouver des éditions improbables de Mary Poppins ou Percy Jackson, son courage dans ces quêtes difficiles m'a toujours impressionnée). En juin dernier je lui dis qu'il va falloir que je fasse un stage, et j'évoque l'idée de lui soumettre ma candidature. J'ai à peine formulé l'idée qu'elle me répond très vite "oui". Mon coeur danse la samba et je me débrouille pour faire ma convention de stage dans les plus brefs délais.

Le mardi quinze octobre 2013, je passe la porte de la librairie et pose mes affaires dans la réserve. Je serai à la librairie quinze heures par semaine pendant deux mois. Au début, je suis extrêmement intimidée, moi qui pourtant ne suis pas d'un naturel stressé, et je mets un peu de temps à prendre mes marques et des initiatives. Mais la libraire, passionnée, douce et patiente, prend le temps de me guider et de me dévoiler une à une les petites ficelles de son joli métier.

On pourrait croire que le métier de libraire est avant tout un métier de commerçant. C'est en partie vrai. La masse de travail liée à la gestion du stock, à la réception de commandes de collectivités, au suivi des factures ou aux comptes de caisse est immense. Mais c'est en fait et surtout un métier très humain. Beaucoup des gens qui passent la porte de la librairie le font de façon très occasionnelle, ou sont à la recherche de quelque chose de particulier. Ayant la chance d'avoir une formation à la fois théorique et professionnelle sur la littérature de jeunesse, j'ai adoré aller à la rencontre des publics qui côtoient la librairie. Dans ce petit (ahem) billet introductif, j'ai choisi de vous donner des exemples des choses qu'on m'a demandées pendant mes deux mois de stage.

Je travaillais donc dans une librairie jeunesse, qui a l'avantage de se situer sur le trajet du marché : les mercredis et samedis, il était fréquent qu'une jeune personne entre seule dans le magasin pour choisir un livre pendant que ses parents terminaient les courses du jour - et parfois, plus fréquemment qu'on ne le pense, une personne moins jeune aussi. Et on a des demandes de ce genre:

Là, c'est un moment jubilatoire pour le libraire. On peut partager avec un autre amateur de bonnes lectures les derniers coups de coeur, débattre autour d'un livre lu et spéculer sur la suite d'une série. C'est toujours un moment un peu magique quand on voit quelqu'un repartir avec un livre qu'on a adoré, qu'on a conseillé, et que la personne a pris sans se poser d'autres questions que celle de savoir si vous, vous aviez aimé. 

Je suis du genre à me battre contre les stéréotypes des libraires élitistes qui froncent le nez ou poussent un petit soupir méprisant quand un client ose leur demander s'ils ont le dernier Marc Lévy ou la premier tome de Twilight. Je pense avoir côtoyé suffisamment de librairies pour me rendre compte que ce cliché n'en est malheureusement pas toujours un, et entendre des futures collègues glousser quand un jeune garçon s'est trompé sur le nom de l'auteur d'Alice au Pays des Merveilles. Car évidemment, ce genre de choses arrivent:
En l’occurrence, c'est un prof de français d'un collège de la ville qui fait lire Alice à ses élèves. Dans une classe, tous les jeunes ne sont pas forcément des lecteurs chevronnés : beaucoup ne lisent que ce qu'on leur fait lire pour l'école. Un jeune homme de troisième entre dans une librairie - lieu qui lui est méconnu, voire inconfortable - vient vous voir - ce qui demande de mettre sa timidité dans sa poche - et vous demande si vous avez le livre dont il a besoin - il vous demande un renseignement : le libraire est à son service, et n'a pas à glousser ou à le corriger s'il se trompe sur le titre ou l'auteur. J'ai vu suffisamment de scènes de ce genre que j'en viens à être outrée. Une librairie est un lieu de partage, d'échanges et de transmission : il faut participer à briser cette tendance qui fait des librairies des sanctuaires du savoir qu'il faut être digne de pouvoir pénétrer. C'est absurde et ridicule. Et ça n'aide en aucun cas les libraires à donner l'envie de venir les voir, au lieu d'aller sur Amazon.

J'ai d'ailleurs observé la libraire aider quelqu'un qui lui avait demandé ceci:
C'est une situation délicate : il s'agit d'un adulte qui veut s'intéresser à un domaine qu'il ne connaît que mal. Cela demande du doigté, de la finesse et beaucoup de compréhension pour choisir un livre qui correspondra à la demande faite, surtout dans une librairie jeunesse où l'on ne veut, paradoxalement, en aucun cas infantiliser les clients. Pour la petite anecdote, la libraire lui a conseillé les premiers tomes de Hunger Games de Suzanne Collins et Uglies de Scott Westerfeld, pour leur écriture dynamique, le grand taux de suspense qui stimule la lecture et les thèmes sérieux et sombres qui y sont abordés.

A force de déambuler dans ma bulle universitaire et professionnelle de contacts, d'amis et de relations qui apprécient la littérature de jeunesse et ne se posent plus la question de sa légitimité, l'expérience en librairie m'a fait cependant prendre conscience que dans l'esprit général, la chose est loin d'être évidente. Jugez plutôt:



Qu'à l'université, les snobinards de Lettres Classiques pensent que nous passons notre temps à lire des albums du Père Castor parce qu'il y a des images, c'est un peu agaçant mais c'est de bonne guerre (on leur répond que plus personne ne parle latin et qu'il faut vivre au XXIème siècle, à ces petits gars! ^^). Mais que le grand public pense que les libraires spécialisés dans la jeunesse le sont par opportunisme (ça vend plutôt pas mal) ou par dépit (ils préfèreraient le rayon littérature contemporaine mais il n'y avait plus que ça), ça m'a beaucoup perturbée. J'ai parfois tenter de sortir la phrase magique, "Une bonne histoire est une bonne histoire pour tout le monde", mais j'ai récolté plus de sourires attendris ou de haussement de sourcils agacés que de curiosité et d'interrogations. Malgré les succès phénoménaux de grandes oeuvres de littérature de jeunesse, malgré le fait évident que ces livres sont lus parfois plus par des adultes que des enfants, malgré l'acceptation générale que cette littérature recèle tout un tas de trésors, le mépris de la littérature de jeunesse, ce "sous-genre", est toujours profondément ancré dans la tête des gens.

Et je pense que je vais faire de ce combat mon cheval de bataille pour les années qui viennent. J'ai la chance d'avoir une formation qui m'a ouvert les yeux sur l'omni-présence médiatique ou l'impact important de cette littérature dans notre société, et j'aimerais beaucoup réussir à convaincre quelques personnes de cette légitimité. Il y a encore beaucoup de boulot, mais j'ai plusieurs cordes à mon arc!

D'autant que la littérature de jeunesse a une place majeure dans l'éveil de la curiosité, l'accompagnement et le développement des enfants. Les livres permettent de faire comprendre ce qu'on a parfois du mal à dire. Des choses parfois difficiles. Je m'en suis surtout rendue compte quand on m'a demandé, à quelques jours d'intervalle:

Comment rester professionnelle et efficace dans ces cas-là? Le coup de pression est atroce, mais il faut rester détachée et farfouiller dans le magasin pour trouver quelque chose qui devrait correspondre. Nous avons toujours fini par trouver, mais c'est le genre de demandes qui vous restent en tête et qui vous travaillent pendant des jours.

Je peux par contre vous parler des demandes farfelues, qui font bien rire, qu'on a eues de certaines personnes, ce genre de gens qui sont à la recherche de quelque chose de très précis, et qui font le tour de toutes les boutiques pour pouvoir trouver:
Inutile de vous dire que j'ai eu beau feuilleter des tas d'albums de coloriage (pour la simplicité du trait), des livres d'art ou des abécédaires, la dame est repartie les mains vides, mais avec un sourire. On a passé un très bon moment à chercher, toutes les deux, quelque chose qui pourrait l'aider!

Je vais conclure pour ce billet-ci (qui commence à être très long). J'en ferai d'autres (d'autant que je retourne à la librairie en mars pour deux mois! J'ai hâte!). Je ne sais pas encore ce que ces billets diront. Mon but est surtout de vous montrer l'autre côté du comptoir et de vous faire part de mes réflexions sur le travail de libraire et sa place dans notre société (à ma toute petite échelle!). Avez-vous déjà connu de supers libraires qui vous ont, à un moment ou un autre, aidés? Ou au contraire, avez-vous assisté à des scènes de snobisme comme celles dont je vous parlais plus haut? N'hésitez pas à me faire part de votre expérience et de vos commentaires!

(Et bravo pour avoir tout lu jusqu'ici.)

"Things denied, things untold, things hidden and disguised."

dimanche 5 janvier 2014

Quand on a annoncé que J.K.Rowling allait publier un nouveau livre, j'ai un peu paniqué. Etant une immensément grande fan d'Harry Potter, j'avais, en gros, un peu peur de ce que j'allais découvrir en lisant Une place à prendre : allais-je découvrir qu'Harry Potter était un coup de chance et que le reste de l'oeuvre de Rowling allait être une belle bouse? La peur me taraudait. A Noël 2012, donc, évidemment, voilà ce qui s'est passé:


J'avais demandé au Père Noël de me l'offrir en anglais (so hipster), mais j'ai mis du temps à m'y mettre. J'avais beaucoup de livres à lire pour la fac, et puis ne nous voilons pas la face, je lisais n'importe quoi d'autre pour éviter de m'y mettre. J'attendais aussi que la vague médiatique autour du livre soit terminée pour pouvoir le lire tranquillement et oublier les quelques infos que j'avais entendues malgré moi. Et puis un soir, j'ai sauté le pas.




The Casual Vacancy (Une place à prendre)
J.K.Rowling, 2013
Lu chez Little, Brown.

Résumé trouvé sur Livraddict:
Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.
Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.

L'intrigue a pour point central un siège au conseil municipal, laissé vide par la mort prématuré de Barry Fairweather, qui œuvrait pour l'insertion des adolescents mal lotis du quartier "ZEP" du coin dans la société. Autour de ce siège gravitent plusieurs personnes aux motifs et aux buts très différents. Il y a des vieux, des jeunes, des gens carriéristes et des paumés. 

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est loin, l'époque des Wingardium Leviosa et des adolescents aux pouvoirs magiques aux prises avec une prophétie qui les dépasse. Nous sommes plongés au coeur d'une bourgade anglaise contemporaine avec tout ce qu'elle a d'hypocrite, de malsain et surtout, de réaliste. On retrouve des thèmes chers à Rowling qu'elle avait déjà traités dans Harry Potter : l'école comme lieu d'espoir et de rédemption (grâce à certains bons professeurs), l'injustice d'une société où les différences de classes sont toujours présentes, les préjugés qu'il faut combattre même s'ils sont ancrés profondément dans l'esprit collectif, la complexité des relations humaines et la menace de la mort qui peut arriver à tout moment et qui doit être une raison de faire de sa vie quelque chose de bien. Chaque personnage brossé par Rowling a une personnalité que l'on peut rapidement cerner - on retrouve, d'ailleurs, son talent pour décrire en quelques phrases des personnages ou des lieux parfois complexes. Le point de vue voyage d'un personnage à l'autre, jusqu'à ce que le lecteur ait fait le tour des points stratégiques de l'intrigue pour comprendre la complexité de la toile.

The Casual Vacancy est construit comme une série télévisée, par épisodes, les pièces du puzzle n'apparaissant qu'au fur et à mesure des événements pour ne commencer à former une image compréhensible qu'au bout d'un moment. Ça tombe bien, un projet d'adaptation pour la télévision est en marche pour la BBC. Je soupçonne cependant les éditeurs d'avoir été très souples avec Rowling sur l'épaisseur de son roman. Il aurait pu gagner à être un peu plus court et légèrement plus concis sur certains points de l'intrigue. Un peu comme si le nom de "Rowling" écrit blanc sur rouge sur la couverture allait suffire à susciter les achats compulsifs. Bingo pour eux : ce fut le cas. Je connais des cas aberrants de fans d'Harry Potter qui l'ont acheté sans avoir le projet de le lire, uniquement pour compléter leur collection. C'est le genre de débordements un peu bêtes que je regrette et auxquels je m'attendais: la popularité d'Harry Potter a fait de Rowling une auteure dont on va sans cesse mettre le talent en question, car sa fanbase est si grande, le pouvoir économique et médiatique de son nom est si important, qu'on sait que chacun de ses romans va être un immense succès de librairie sans savoir si le roman vaut oui ou non la peine d'être lu.

Pour The Casual Vacancy, ma réponse est oui. Certes, le début de la lecture est difficile : le style de Rowling a beau conserver sa clarté et son piquant, on met du temps à comprendre où elle veut en venir. Ce n'est qu'une fois avoir fait le tour de tout le monde (et donc être arrivés à la moitié de l'énorme pavé) qu'on peut commencer à s'intriguer et à vouloir connaître la suite des événements. L'univers, une critique de mœurs acerbe et sans concession, n'a quasiment rien à voir avec la fantasy urbaine d'Harry Potter : il ne faut s'attaquer à The Casual Vacancy que si l'on a aimé lire, par exemple, Zola ou Dickens. C'est mon cas, j'y ai pris du plaisir. Les 200 dernières pages, notamment, m'ont quasiment tenue en haleine, et la fin, inattendue et pourtant logique dans l'équilibre du roman, m'a faite cogiter pendant plusieurs jours. Il y a une véritable dénonciation de l'hypocrisie des bien-pensants et la critique amère d'une société qui parle d'égalité en laissant les plus mal barrés s'enfoncer dans des miasmes de dettes et d'horreurs. 

Je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre avis, en n'abordant la lecture de ce roman qu'à condition que ce genre de récits vous intéresse. Il s'agit pour moi d'un virage à 180° dans la carrière de Rowling, qui a voulu montrer, avec The Casual Vacancy, qu'elle avait un talent indéniable de conteuse, un style unique, et des convictions qui lui sont chères. On pardonnera la longueur du roman et surtout la lenteur de l'incipit : premier roman sensiblement adulte de l'auteur, il est pour moi un classic-to-be de la littérature contemporaine.

Nous avons appris cette année qu'un roman policier au succès respectable publié sous le nom de Robert Galbraith avait en réalité été l'oeuvre de Rowling qui s'essaie, dans The Cuckoo's Calling, au policier. L'avez-vous lu? Le conseillez-vous? Je ne suis qu'une piètre amatrice de romans policiers, mais connaissant le talent de Rowling pour les enquêtes, les mystères et les intrigues, je me tâte à le lire. J'aimerais beaucoup avoir vos avis sur Une place à prendre et L'appel du coucou et savoir si vous êtes d'accord avec moi pour dire que Rowling demeure une grande auteure et qu'elle n'a plus à prouver qu'elle a sa place dans le monde littéraire d'aujourd'hui.

Résultats du concours "Renaissance du blog"!

samedi 4 janvier 2014

Un petit billet rapide pour annoncer le résultat du tirage au sort du petit concours lancé le premier janvier! Vous avez été 7 à participer, merci à vous! Sans plus attendre, le tirage en photos!

Les petits bulletins plein de promesses sont mis au hasard dans le mini-coffre magique!

La main innocente secoue le mini-coffre! 
(Et pour info, oui, le poster derrière est super cool, je l'aime d'amour).

La main innocente s'approche et sélectionne les noms désignés par le destin...


Bravo aux sélectionnés! Aude, Sarah, Christophine, Camille et Nahe, vous recevrez chacun votre tour un mail avec une douzaine de livres au choix que je vous enverrai d'ici la fin du mois! Il y en a pour tous les goûts! ^^

Quant aux deux autres participants, Acr0 et Verototo...

...Je vous enverrai également une petite surprise pour vous remercier de votre participation! ^^

Merci à tous, et à très vite pour une nouvelle chronique (normalement demain! Et oui, ça cartonne!).

"Et aujourd'hui, c'est à mon tour de "regarder" quelqu'un..."

vendredi 3 janvier 2014

En été 2012, je suis partie deux semaines en tant qu'animatrice sur une colo dont le thème était la bande dessinée. Outre que ce fut sans doute la meilleure colo que j'ai faite de ma vie, j'y ai fait la connaissance d'un monsieur qui, à l'époque, était en plein bouclage d'une bande dessinée à paraître chez Soleil dans la collection Métamorphose. C'était Joris Chamblain, que j'ai croisé au Salon du Livre de Montreuil en décembre dernier. Le second tome des Carnets de Cerise est sorti à l'automne dernier. Cette bande dessinée est un véritable succès, tant critique que populaire. J'ai profité de le revoir pour m'offrir le premier tome et me le faire dédicacer ; ma copine Agatha m'a offert le second tome pour Noël, et tant mieux, parce que j'aurais eu du mal à attendre pour lire la suite des aventures de Cerise.

Les Carnets de Cerise
Tome 1 : Le zoo pétrifié
Aurélie Neyret & Joris Chamblain
2012, publié chez Soleil

Cerise est une petite fille qui a une passion pour les mystères du quotidien. Elle vit seule avec sa maman dans un petit village où tout le monde se connaît. Depuis sa rencontre avec la romancière Annabelle Desjardins, elle rêve de devenir romancière à son tour et remplit ses carnets de petits bouts de vie observés chez les autres. Ses deux amies, Line et Erica, subissent malgré elles les aventures de leur copine curieuse et l'aident à découvrir les secrets des gens. 

Le premier tome, Le zoo pétrifié, est un tome d'introduction à l'univers de Cerise. Les premières pages, présentées comme celles d'un carnet, sont écrites de sa main et décorées de photos, de dessins, de croquis, où Cerise nous présente les gens qu'elle aime, son quotidien, l'endroit où elle vit. Elle nous présente également le mystère qui l'occupe au moment où elle écrit : un vieil homme entre avec de gros pots de peinture dans le bois en bordure duquel ses copines et elles construisent une cabane, pour en ressortir des heures plus tard complètement bariolé. Ce monsieur l'intrigue, et ses activités forestières titillent sa curiosité. Elle décide donc de mener l'enquête.

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Le carnet fait ensuite place à de la bande dessinée plus classique où l'on entre dans l'enquête en elle-même. Nous suivons les péripéties de Cerise dans le village et ses alentours pour percer le secret du monsieur aux pots de peinture. Les pages de bd sont parfois entrecoupées d'extraits du carnet permettant de suivre les déductions de Cerise. 

Les Carnets de Cerise
Tome 2 : Le Livre d'Hector
2013, toujours chez Soleil, même auteurs!

Dans le second tome, Le livre d'Hector, c'est une vieille dame qui, cette fois-ci, attire l'attention de notre enquêtrice en herbe. Cette dame prend tous les mercredis le bus à la même heure, tenant le même objet serré contre elle, avec un visage empreint d'une profonde tristesse. C'est les vacances, Cerise est restée seule sans ses amies trop longtemps, et savoir ce que fait cette dame l'obsède. 

Dans les deux tomes sortis, l'intrigue se sert des enquêtes de Cerise uniquement comme un prétexte à l'exploration de sujets plus profonds. Cerise vit seule avec sa maman, et il est clair qu'il y a beaucoup de non-dits entre elles : elles ne se comprennent pas, ne se connaissent pas, et chacune de leur interaction se fait avec une tension évidente. Les amies de Cerise, si elles s'amusent parfois de sa passion pour les mystères, semblent plus supporter ses moments obsessionnels que les apprécier. Madame Desjardins, l'amie romancière de Cerise, joue souvent le rôle de guide et d'initiatrice pour remettre Cerise dans le droit chemin. Dans le second tome, le lecteur est même amené à voir Cerise comme une petite fille qui ne se rend pas compte qu'elle abandonne peu à peu ceux qu'elle aime pour se consacrer à son mystère, et l'on en vient à penser que si ses intentions sont louables, la façon qu'elle a de s'y prendre n'est pas très saine. Une fois les deux tomes terminés, le lecteur est même amené à se poser des questions sur Cerise et sur son passé : où est passé son papa? Pourquoi sa mère et elle ont-elles déménagé dans ce petit village? Quelle est cette tension qui règne entre elles?

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Et là, plot twist : les auteurs de la bande dessinée nous transforment nous aussi en enquêteurs du quotidien. Une fois Le livre d'Hector terminé, on n'a qu'une envie: percer le mystère Cerise. Et ça, c'est quand même fort.

Les enquêtes de Cerise n'ont rien à voir avec les séries morbides qui hantent notre écran de télévision depuis des années : pas question de parler de meurtres, de disparitions, de violences. Cerise est une petite Amélie Poulain doublée d'un nez à la Miss Marple, qui s'intéresse aux autres pour les aider à réparer leurs vies. Chaque tome se termine sur une note sucrée, douce et chaude qui fait sourire, avec un petit goût amer qu'on a du mal à saisir.

Ce ton doux-amer est admirablement servi, évidemment, par le talent d'Aurélie Neyret, qui donne vie à l'univers de Cerise avec clarté, dynamisme et talent. Clarté, car les planches sont très lumineuses, le travail sur la lumière est admirable (j'aime particulièrement l'ambiance de la chambre de Cerise au coucher du soleil), et les vignettes s'enchaînent avec une fluidité digne d'un excellent film. Dynamisme, car malgré les thèmes un peu "huis clos" abordés par l'intrigue (l'action se passe dans un village, on s'intéresse à de petits secrets du quotidien, il est beaucoup question de la relation entre Cerise et les autres), il y a beaucoup d'action dans le dessin : des courses-poursuite, du suspense, des surprises, des découvertes, tant pour le personnage que l'on suit que pour l'oeil, ce qui agrémente le côté Sherlock Holmes des enquêtes de Cerise. Talent, enfin, car Aurélie Neyret réussit en quelques traits de crayons à nous faire saisir, par exemple, toute la complexité d'une situation telle que celle d'une mère et d'une fille qui ne se parlent pas, plaçant le lecteur en position de spectateur omniscient, ayant une vue globale sur l'histoire de Cerise. 

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Est-ce que j'ai aimé Les Carnets de Cerise? La réponse est évidemment oui. J'ai aimé la complexité cachée de l'histoire, la douceur des thèmes abordés, le mélange graphique entre la bande dessinée et le carnet d'enquêtes... J'ai beaucoup aimé que malgré l'apparente simplicité de l'intrigue, l'oeuvre s'adresse au final autant aux enfants qu'aux adultes, trait que l'on retrouve dans la plupart des oeuvres édités dans la collection Métamorphose. Et enfin (cerise sur le gâteau ah ah ah), j'ai adoré le travail effectué sur l'objet-livre : Les Carnets de Cerise sont magnifiques : grands, épais, avec du vernis sélectif, des arabesques, du papier épais... Ils font partie de ces beaux livres que l'on veut posséder uniquement pour les tripoter.

J'ai fait un mini-fanart en plus, c'est dire si ça m'a plu!



Un tome 3 est en cours de réalisation, et un tome 4 en préparation... Vivement vivement! Et je croise les doigts pour que cette année, le second tome soit primé à Angoulême!



Vous avez jusqu'à ce soir, minuit pour participer à mon petit concours! Cliquez ici pour en savoir plus!

Nouvelle année, bonnes résolutions, bilan de Noël et concours!

mercredi 1 janvier 2014

C'est désormais officiel, Pilalire est de nouveau sur les rails, et cette fois-ci, je ne vous lâche plus! 2014 sera pour moi l'année des bonnes et nécessaires résolutions que je ne cesse de repousser depuis toujours. Je range ma vie mal organisée au placard et j'essaie de mettre de l'ordre dans tout ça, pour pouvoir enfin réussir à faire tout ce que j'aime! Je travaille depuis des semaines à une nouvelle organisation du blog, afin qu'il me plaise plus et que je puisse y poster (beaucoup) plus régulièrement. Mon silence de ces six derniers mois a été productif et m'a permis de prendre du recul, de chercher l'inspiration, de planifier tout ça. 

Cessez de hausser les sourcils de cet air si dubitatif. Je vous dis que c'est pour de bon!

On va d'ailleurs commencer par un gros bilan de la moisson de Noël, et le moins que je puisse dire, c'est que j'ai été gâtée. Je ne pensais pas récolter autant de livres, et j'ai de quoi faire pour l'année à venir!


La première à me gâter fut ma copine Elora qui m'envoya dans un petit paquet plein d'amour deux ouvrages que je zieutais depuis un bail: La vie des (très) bêtes de Marion Montaigne et La femme au miroir d'Eric-Emmanuel Schmitt. Elora et moi avons toute une histoire avec Marion Montaigne : c'est elle qui m'a fait découvrir son blog Tu mourras moins bête, et nous sommes même allées la voir au Furet du Nord de Lille pour faire dédicacer l'une de ses BD. Je la kiffe. Et puis La femme au miroir, ça m'intriguait. J'ai lu beaucoup de romans de Schmitt, que j'apprécie pas mal, j'ai hâte de voir ce que vaut celui-là.




Ensuite il y a eu cette psychopathe d'Agatha qui m'en a balancé 4. Pas moins. J'ai eu le bonheur de recevoir La voleuse de livres de Markuz Zusak (qui me faisait de l'oeil depuis des années), Beauty de Robin McKinley (une réécriture de La Belle et la Bête qui m'intrigue, j'aime bien lire les versions modernes des contes de fée!), La Princesse pas toute Belle, le Prince pas tout beau et le Vendeur de Beauté de Dominick et Stéphanie Leon, un petit album discret mais coloré que j'avais repéré il y a des lustres, et le second tome des Carnets de Cerise de Joris Chamblain et Aurélie Neyret, un véritable petit bijou de douceur et de poésie que j'ai déjà dévoré plusieurs fois. Agatha connaissant ma boulimie de lecture, elle ne m'aide pas du tout à faire descendre ma pilalire. Mais je la pardonne.

Mon amoureux aussi s'est occupé du nombre de pages que je devais rajouter à cette pile sans fin, en m'offrant deux livres de Stephen Fry, comédien anglais que j'affectionne beaucoup (mais si, vous l'avez certainement vu dans V pour Vendetta ou plus récemment dans la seconde partie de Bilbo le Hobbit!) : son autobiographie, The Fry Chronicles, et un roman, Making History
Hihi. Stephen vous dit coucou!
Je vais très vite plonger dedans, comptez sur moi! Il m'a aussi offert un ouvrage critique que je veux lire depuis des années mais que je n'ai jamais pu m'offrir, Harry Potter ou l'anti Peter Pan, d'Isabelle Cani. Quand vous connaissez mon amour pour la saga de Rowling (ici) et pour l'oeuvre de Barrie (ici ou ici), vous vous doutez bien que c'est exactement le genre de trucs qui me fait frétiller les neurones. 


Et enfin, comme je vous l'avais promis, un petit concours pour fêter la renaissance du blog! Il s'agit d'un tirage au sort où les heureux élus (au nombre de 5!) pourront choisir un livre parmi une liste d'une vingtaine de titres que je leur enverrai! Les premiers à être tirés au sort seront les premiers à choisir dans la liste, mais je vous rassure, il y en aura pour tous les goûts (jeunesse, V.O., sf, fantasy, contemporain, classique...)!

Pour participer, c'est très simple: il vous suffit de poster un commentaire à la suite de ce message, avant le 3 janvier à minuit, et de m'envoyer également un mail à pilalire@gmail.com indiquant votre adresse e-mail et votre adresse postale. 

Les résultats seront publiés le 4 janvier sur le blog. A vos claviers!

Pour finir, sachez que je suis très heureuse de revenir sur la blogosphère et que je compte bien m'y creuser un trou plus grand et plus confortable! Et j'espère que vous prendrez plaisir à venir jeter un oeil ici de temps en temps. A (très!) vite pour un prochain billet!
 
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